La minorité chrétienne sous le choc après l'attaque contre une église
Des dizaines de personnes ont assisté lundi aux funérailles de l'un des deux Egyptiens coptes tués dans une attaque contre une église de l'est de la Libye, où la petite communauté chrétienne a dit craindre une montée de l'extrémisme sectaire dans ce pays.
Des inconnus ont attaqué samedi soir l'église copte St-Georges à Dafniya, dans la province de Misrata à 200 km à l'est de Tripoli, selon des médias libyen et égyptien. Les autorités locales ont ouvert une enquête pour déterminer l'origine exacte de l'explosion traitée comme un acte criminel.
"Nous étions en train de prier lorsque nous avons entendu l'explosion qui a frappé une pièce attenante à l'église", a déclaré lundi à l'AFP le père Markos Zaghloul Boulos, responsable depuis 2004 de cette église construite dans les années 1930.
"Je suis très attristé par cet acte lâche et criminel et par la mort de deux fidèles", a-t-il déclaré à l'AFP, en estimant que les chrétiens n'étaient que quelques milliers en Libye.
Moins de 3 % de chrétiens
Les deux victimes ont été enterrées dimanche et lundi: "Dimanche soir, nous avons prié pour l'âme de Wajdi Mlak Abd Hana et aujourd'hui nous l'avons fait pour le martyr Achraf Sami Adly", a déclaré le prêtre. Quelque 150 personnes étaient présentes aux funérailles lundi, selon un photographe de l'AFP.
Les chrétiens, toutes confessions confondues, représentaient moins de 3% des 6,3 millions d'habitants à grande majorité musulmans en Libye avant la révolution qui a provoqué la chute et la mort de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi en octobre 2011.
La plupart d'entre eux sont étrangers, dont une grande partie venus d'Egypte, où les Coptes sont la plus importante minorité religieuse. "C'est la première fois que nous sommes la cible d'une telle attaque. Les chrétiens n'avaient jamais eu de problèmes particuliers avant ou après la révolution", a déclaré le père Dominique Rezeau de l'église catholique Saint-François à Tripoli.
Restructuration
"Chacun doit être inquiet", a estimé le pasteur ghanéen Edward Blasu. "C'est un crime inhumain qui n'a rien à voir avec l'islam", a dit de son côté le colonel Hadi Chaklawou, chef local de la Sécurité nationale, en précisant qu'aucune arrestation n'avait été effectuée dans le cadre de l'enquête.
L'insécurité est une source d'inquiétude grandissante en Libye, où les nouvelles forces policières et militaires, en pleine restructuration, peinent à faire face aux milices fortement armées nées pendant le conflit de 2011. Le pays a en outre connu des attaques attribuées à des islamistes radicaux.
JeuneAfrique