La mauvaise posture d'un golden boy
Luc Nicolaï est sans doute l'un des promoteurs les plus connus, les plus adulés et respectés. Cité dans une affaire de drogue, il est en garde-à-vue depuis le samedi. Retour sur le parcours d'un promoteur pas comme les autres
L'arrestation samedi à Kaolack de Luc Nicolaï sonne comme un coup de tonnerre dans le monde de la lutte avec frappe dont il est un des plus grands promoteurs. Mystérieux, port altier, charismatique, Luc Nicolaï s'est révélé aux Sénégalais il y a plus d'une décennie, en décrochant de grandes affiches de combat. Le Mbourois a à son actif le premier gala organisé au stade Léopold Sédar Senghor, engageant les grands ténors de l'époque comme Yékini, Khadim Ndiaye, Baboye, Bombardier, entre autres. Une entrée fracassante dans la lutte à coup de centaines de millions F Cfa qui a laissé interrogateurs des Sénégalais quant à l'origine des fortes sommes mises en jeu. D'aucuns accusent mezza voce ce métis, sérère côté maternel, de se servir de la lutte pour blanchir de l'argent provenant d'activités illicites, de trafic de drogue, par exemple. L'intéressé a toujours traité par dessus la jambe les accusations à peine voilées, rétorquant qu'il ne répondra jamais à ses détracteurs. Aujourd'hui, il est aux arrêts dans le cadre d'une sombre affaire de cocaïne retrouvée dans le bureau du président directeur général de l'hôtel Lamantin Beach de Saly, Bertrand Touly, actuellement incarcéré à Thiès.
Ce polygame et fervent disciple mouride après s'être converti à l'islam, est souvent entre deux avions et tient son business à Mbour. Luc Nicolaï serait notamment propriétaire de «L'Âne Qui Tousse», un complexe composé d'une auberge, d'un bar, d'un restaurant et d'une dibiterie. Il est dépeint par ses employés de l'enseigne Luc Nicolaï and Co. comme une personne simple, au commerce facile. «Nous avons appris son arrestation dans la presse comme tout le monde, au niveau de la brigade de gendarmerie de Thiès ; l'enquête se poursuit. Tout ce que je peux dire sur l'homme, c'est qu'il est loyal, juste, correct, généreux, poli et qu'il aime sa patrie. Il a toujours travaillé pour le développement économique et social du Sénégal», a lâché hier Pape Faye, son chargé de communication. Ému, il n'a pas pu terminer l'échange avec EnQuête au bout du fil.
Promoteur de lutte également, Gaston Mbengue, pourtant grand rival Luc Nicolaï, s'abstient d'enfoncer le clou dans cette affaire qui met en scène son premier rival dans l'arène, mais en même temps son partenaire dans le bras de fer avec les lutteurs visant à réduire les gros cachets (jusqu'à 150 millions pour un ténor) des grandes affiches. «Luc est un citoyen sénégalais et un jeune frère pour moi. C'est aussi un grand promoteur de lutte, dit Gaston. Ce qui lui arrive, je ne peux m'y avancer parce que je n'en connais ni les tenants ni les aboutissants. Sachez tout simplement que je ne le lui souhaite pas, et au niveau du collectif, nous le soutenons et prions pour lui.»
Dans un portrait fait par le magazine Week-end – dont la parution est suspendue – il est écrit que Luc Nicolaï a eu un passé tumultueux et sulfureux, notamment une histoire d'internement dans un hôpital psychiatrique de Bordeaux. Aujourd'hui dans une vraie mélasse, le promoteur de lutte a été couvé par Touly-père, qui l'a adopté. Il n'entretient pas les meilleures relations avec le fils, à la tête d'un énorme empire financier, assis sur le complexe hôtelier, Lamantin Beach.
L'ancien militaire connaîtra-t-il la même chute que celle de l'ancien promoteur de lutte naguère très en vue, Alioune Petit Mbaye tombé de très haut en 2007 pour une histoire d'abus de confiance, d'abord réfugié aux Etats-Unis, puis en exil en France actuellement ?
KHADY FAYE
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