Publié le 26 Jun 2024 - 18:32
LUTTE CONTRE LA CHERTÉ DE LA VIE

Diomaye-Sonko, pain au plancher sur la demande sociale

 

Au cours des derniers jours, le gouvernement sénégalais a pris des mesures décisives pour réguler les prix des transports en commun et de la baguette de pain. Ces initiatives visent à protéger les citoyens contre les augmentations abusives de prix, surtout en période de forte demande. Les actions entreprises démontrent le rôle providentiel de l'État en tant qu'arbitre dans des situations économiques tendues.

 

Face à l'augmentation injustifiée des tarifs de transport à l'occasion de la Tabaski, le ministre des Transports terrestres, El Malick Ndiaye, a décidé d'agir de manière résolue. En affrétant des bus de la société publique de transport Dakar Dem Dikk, il a permis aux citoyens de voyager à des prix raisonnables, malgré les tentatives des transporteurs privés d'augmenter les tarifs.

Cette initiative a été largement saluée par la population, qui voyait pour la première fois un ministre prendre des mesures concrètes pour contrer les abus des transporteurs privés. Depuis des années, les syndicats de transporteurs avaient souvent réussi à imposer leurs conditions face à un État impuissant, notamment lors de la hausse des prix du carburant ou des périodes de forte demande.

Réactions et conséquences

Les réactions des transporteurs ne se sont pas fait attendre. Des figures emblématiques comme Gora Khouma ont dénoncé cette mesure, la qualifiant de populiste et prise sans concertation.

Cependant, cette initiative a été perçue positivement par les usagers, certains allant jusqu'à défier les chauffeurs en refusant de payer des tarifs supérieurs à ceux fixés.

El Malick Ndiaye a ainsi montré un engagement personnel fort, n'hésitant pas à se rendre à la gare routière des Baux maraîchers pour s'assurer de la mise en application de sa décision.

Cependant, cette mesure, bien qu'appréciée, demeure insuffisante, si elle n'est pas soutenue par des actions complémentaires pour les déplacements futurs.

Pour assurer une régulation durable des prix de transport, il est nécessaire d'envisager des solutions plus structurelles. Mobiliser les bus et les minibus des ministères, des sociétés publiques et parapubliques pourrait constituer une réserve stratégique en cas de nouvelles hausses de prix injustifiées, suggèrent certains observateurs.

Cependant, pour d’autres, cette option reste limitée par la disponibilité et la répartition géographique de ces véhicules, le Sénégal ne se limitant pas à Dakar. Dans cette dynamique, certains usagers sont plus exigeants et imposent une solution durable qui pourrait passer par une réglementation plus stricte et l'application de sanctions pour les transporteurs récalcitrants.

Le ministre devra recourir, si nécessaire, à la réquisition de véhicules de transport en commun, en cas de boycott ou de grève. Une collaboration renforcée avec les forces de l'ordre est également indispensable pour garantir le respect des tarifs fixés.

Fixation du prix de la baguette face à la résistance des meuniers

Dans un autre registre, le ministre du Commerce, Serigne Guèye Diop, a également pris une décision forte en imposant un prix fixe de 150 F CFA pour la baguette de pain. Cette mesure intervient après des négociations tendues avec les meuniers, qui avaient initialement résisté à cette régulation. Le prix de la baguette de pain est un enjeu crucial pour les ménages sénégalais et toute augmentation peut avoir un impact significatif sur le pouvoir d'achat. L'Association des meuniers et industriels du Sénégal (Amis) a finalement accepté la décision du gouvernement hier mardi 25 juin 2024, après une médiation menée par des personnalités influentes du secteur.

En effet, cette panoplie de décisions du gouvernement a été saluée par les citoyens, qui y voient une protection de leur pouvoir d'achat. Cependant, les meuniers ont exprimé des inquiétudes quant à la viabilité économique de cette mesure. Ils ont demandé au gouvernement de clarifier les mécanismes de subvention pour éviter de mettre en péril leurs activités.

Pour Amadou Ba, membre de Pastef et député à l’Assemblée nationale, l'analyse financière effectuée par le gouvernement a montré que la baisse du prix de la baguette était possible en réajustant les coûts des meuniers, notamment en modulant les subventions et en tenant compte des bénéfices réels des entreprises. Cette approche a permis de concilier les intérêts des consommateurs et des producteurs, tout en garantissant la stabilité des prix.

Perspectives de progrès

Pour garantir la pérennité de cette régulation, il est important de mettre en place des mécanismes de suivi et de contrôle rigoureux. "Le gouvernement doit continuer à surveiller les coûts de production des meuniers et ajuster les subventions en conséquence. Une collaboration étroite avec les associations de consommateurs et les représentants des meuniers est nécessaire pour éviter les tensions futures", recommande Pape Serigne Dia, un habitant de Keur Massar Sud.

Il poursuit que "le gouvernement doit également être prêt à intervenir en cas de hausse des prix des matières premières sur le marché international, en ajustant les subventions pour protéger les consommateurs".

Les actions récentes du gouvernement sénégalais montrent l'importance de l'intervention de l'État dans la régulation des prix en période de forte demande. En prenant des mesures décisives pour contrôler les prix des transports et de la baguette de pain, le gouvernement a démontré son engagement à protéger les citoyens contre les abus.

Cependant, ces mesures doivent être accompagnées de stratégies à long terme pour assurer leur efficacité et leur constance. Une collaboration renforcée avec les acteurs du secteur, une application stricte des régulations et une surveillance continue des prix et des coûts sont essentielles pour maintenir un équilibre entre les intérêts des consommateurs et des producteurs.

En poursuivant ces efforts, le gouvernement peut espérer instaurer une régulation juste et efficace des prix, garantissant ainsi la stabilité économique et le bien-être des citoyens sénégalais.

AMADOU CAMARA GUEYE

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