Publié le 11 Dec 2012 - 10:25
MALI

Le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, forcé à démissionner par les militaires

 

Nommé le 17 avril, moins d’un mois après le putsch contre Amadou Toumani Touré, le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a été arrêté par des militaires, lundi 10 décembre au soir. Quelques heures plus tard, mardi matin, il présentait sa démission et celle de son gouvernement à la télévision nationale.

 

Le petit capitaine a encore frappé. Après avoir renversé l’ancien président Amadou Toumani Touré en mars, Amadou Haya Sanogo a fait arrêter, lundi 10 décembre vers 23 heures, à son domicile, le Premier ministre pourtant issu du putsch - il avait été nommé le 17 avril -, Cheick Modibo Diarra. Quelques heures après, celui-ci présentait sa démission lors d’une brève allocution télévisée, diffusée à partir de 4 heures du matin. Retour sur des événements qui fragilisent un peu plus la transition démocratique malienne.

 

Lundi soir, Cheick Modibo Diarra devait prendre l’avion pour Paris afin d'y passer un contrôle médical, selon un proche. Mais alors qu’il s'apprêtait à se rendre à l'aéroport, il a appris que ses bagages venaient d’être débarqués de l'avion. Il a donc attendu à son domicile des explications qui n’ont pas tardé à venir.

 

« Le Premier ministre a été arrêté par une vingtaine de militaires venus de Kati », la ville garnison proche de Bamako et base des ex-militaires putschistes, a déclaré un membre de l'entourage du Premier ministre. « Ils lui ont dit que c'est le capitaine Sanogo qui leur a demandé de l'arrêter », a-t-il ajouté. Avec leur délicatesse habituelle, les militaires « ont carrément défoncé la porte de la résidence du Premier ministre et l'ont emmené un peu brutalement », a ajouté le témoin de l'arrestation.

 

Sans explication

 

On ne reverra le Premier ministre que quelques heures plus tard, tôt mardi matin, quand il présentera sa démission sur les ondes de l'Office de radio-télévision du Mali (ORTM). « Moi Cheick Modibo Diarra, je démissionne avec mon gouvernement », a-t-il déclaré, l’air grave et les traits tendus, sans donner plus d’explication. Il a simplement remercié ses collaborateurs et souhaité que « la nouvelle équipe » qui lui succédera réussisse sa mission : reconquérir le Nord-Mali, actuellement occupé par des islamistes liés à Al Qaïda, et organiser une élection présidentielle démocratique.

 

L’enlisement de la perspective d’une intervention rapide d’une force africaine au Nord lui a peut-être coûté son poste. Les putschistes entendaient que Cheick Modibo Diarra usent des ses relations internationales pour accélérer la reconquête. Mais c’est finalement la prudence qui l’a emporté chez les partenaires du Mali. L'envoyé spécial de l'ONU au Sahel, Romano Prodi, estime ainsi qu’« une action militaire dans le nord du Mali ne sera possible qu'en septembre 2013 ».

 

Et le secrétaire général de l’organisation, Ban Ki-moon, a mis en garde dans un récent rapport contre un usage précipité de la force qui pourrait « ruiner toute chance d’une solution politique négociée à cette crise, qui reste le meilleur espoir d’assurer la stabilité à long terme au Mali ».

 

Revanche

 

Alors que les militaires qui trépignent d’impatience espéraient partir à la reconquête du Nord au début de 2013 – l’Union européenne déploie sa mission de formation militaire à partir de janvier – il faut désormais négocier sérieusement avec les rebelles touaregs et les islamistes. Un non-sens pour des militaires humiliés qui n’aspirent qu’à prendre leur revanche. De fait, Amadou Haya Sanogo aime à se comparer au général Charles de Gaulle entré en résistance contre l'occupant pendant la seconde guerre mondiale (1939-1945).

 

Sanogo a été nommé par le président malien par intérim, Dioncouda Traoré, à la tête d'une structure chargée de réformer l'armée malienne, sous-équipée et démoralisée. La démission forcée du Premier ministre survient après le report de « concertations nationales » convoquées par le gouvernement de transition qui devaient se tenir pendant trois jours à partir de mardi. La concertation avait pour but de tenter d'établir une « feuille de route » pour les mois à venir entre tous les acteurs - politiques, militaires, sociaux, organisations de la société civile - face à la crise sans précédent que traverse le pays.

 

Mais les partis politiques comme les associations citoyennes sont divisées sur la marche à tenir. Cheick Modibo Diarra paie aussi, sans doute, le fait qu’il n’a pas su créé de dynamique et de consensus autour de sa personne.

 

JeuneAfrique

 

 

Section: 
SOMMET DE LA CEDEAO ET DE L'AES : Entre retrait ‘’irréversible’’ et derniers efforts de médiation
NIGER - RÉCENTES ATTAQUES MEURTRIÈRES : Les faiblesses persistantes de l'armée face à une insécurité grandissante
Gouvernement Barnier
Aminata Touré : « Au Sénégal, la loi d’amnistie doit être abrogée » 
MALI-BURKINA : Assimi ferme une télé pour plaire à Traoré
PHÉNOMÈNE DE RETOUR AU POUVOIR D’ANCIENS DIRIGEANTS : Ces éternels ‘’phénix’’ à la reconquête du pouvoir  
Afrique du Sud : 4 500 mineurs illégaux coincés sous terre et assiégés par la police
Génocide des Tutsis : La justice administrative « incompétente » pour juger l’Etat français
Critiques au Mali
États-Unis : Les contours de la future politique étrangère de Donald Trump se dessinent
SOMMET ARABO-ISLAMIQUE DE RIYAD : Des actions concrètes contre l'agression israélienne  
ÉLECTION AMÉRICAINE - DONALD TRUMP ET L'AFRIQUE : Un ‘’Reset’’ face aux nouveaux défis géopolitiques
Ghana : Le Parlement suspendu pour une durée indéterminée à cause d'un différend juridique
Turquie  : L’attaque armée d’un bâtiment de l’industrie de la défense fait cinq morts et vingt-deux blessés près d’Ankara
Mali : Pas de liberté provisoire pour l'économiste Etienne Fakaba Sissoko
ELECTIONS AU TCHAD : Succès Masra hésite encore à participer aux élections législatives
DIPLOMATIE SENEGALAISE : Les errements de la tutelle
Cameroun : Face aux rumeurs, le gouvernement communique sur l'état de santé du président Paul Biya
EXIGENCE DE LA CARTE DE SÉCURITÉ SOCIALE : Le calvaire des Sénégalais vivant au Maroc
FRAPPES ISRAÉLIENNES À BÉZIERS : Des Libano-Sénégalais parmi les victimes