''J’ai fauté dans cette affaire et je le reconnais''
L’affaire a été mise en délibéré le 5 mars prochain. Hier encore, le journaliste Mamadou Ndiaye ''Doss'' a regagné sa cellule de Rebeuss, après une comparution difficilement vécue.
Ndiaye ''Doss'' n’a pas eu la mine des grands jours, hier au tribunal. Peut-être que ça ira mieux le 5 mars prochain, date du délibéré. Visiblement fatigué, l’homme a comparu à 12h 25 minutes devant un tribunal des flagrants délits plein à craquer. Tout le monde a voulu le voir, le monde de la presse en premier. Tous les regards se sont posés sur un homme atteint au plus profond de sa chair. ''Il a beaucoup pleuré depuis le début de cette affaire'', rapporte Mamadou Moustapha Dieng, l’un des avocats de la défense. Il ne saurait en être autrement, au vu des yeux du journaliste devenus tout rouges, tels ceux d’un étudiant sacrifiant des nuits entières à l’approche des examens.
Dans son caftan gris, l’homme baisse l’échine. Devant la barre, Ndiaye Doss est un autre homme, envahi qu’il est par une affaire qui l’étrangle jusque dans sa voix. Il a perdu de son éloquence et s’exprime dans un français chargé de désarroi. ''Parlez sereinement, monsieur Ndiaye'', lui lance le président de la séance. Il rappelle son passage à Walf et sa rencontre avec ce jeune ''admirateur'', il y a quelques années. Mouhamadou Khaly Bâ, ''ami et fan'', insiste le journaliste.
Prenant prétexte du salon international de l’agriculture qui se tient en France, Ndiaye Doss décide alors de faire voyager Khaly, en tant que cameraman du groupe Walfadjri. Très vite, il lui confectionne une carte de presse, lui trouve un bulletin de salaire, une réservation d’hôtel, le tout au nom du groupe Walfadjri. Parmi les délits d’association de malfaiteurs, tentative d’escroquerie sur les services, faux en écriture privée, usage de faux en écriture privée, le journaliste n’a reconnu que les deux derniers. A la question de savoir combien le jeune homme devait lui remettre en contrepartie, le journaliste a levé l’index, jurant ferme : ''Walaahi, j’ai juste voulu l’aider, je ne lui ai rien demandé en retour (…) J’ai fauté dans cette affaire et je le reconnais.''
Le parquet charge, face à une défense glamour
Dans cette affaire, le groupe Walfadjri s’est désisté, en retirant sa plainte. C’est pourquoi l’avocat du groupe, Me Ndéné Ndiaye, n’a pas réclamé de dommages et intérêts. Écartant le délit d’association de malfaiteurs dans cette affaire, le représentant du parquet a déclaré le journaliste coupable des autres délits et a demandé de le condamner à 2 ans de prison dont 3 mois ferme. ‘’Trop sévère’’, soutiennent les avocats de la défense qui ont, tour à tour, défendu leur client assis et jetant un regard furtif et vide.
D’abord Abdourahmane Sow dit Lénine, ensuite Me Moustapha Dieng. Dans un gestuel rigoureux, ce dernier a demandé la clémence du président. Dans cette affaire, dit-il, c’est la générosité du prévenu qui l’a perdu. A cet instant, Ndiaye Doss tient sa bouche dans la paume de sa main et semble reposer tout son espoir sur ce réquisitoire. Me Hamet Fall et Me Assane Dioma Ndiaye viendront renforcer les arguments de leurs collègues, avant de demander la clémence du tribunal. Le 5 mars prochain, jour de vérité.
Amadou NDIAYE