‘’Les peuples africains ont besoin de changement’’
Digne héritier de l’ex-président burkinabé, Thomas Sankara, Me Bénéwendé Sankara est de ces hommes politiques qui ont fait du socialisme plus qu’une doctrine, une religion. Présent à Dakar dans le cadre des assises de la gauche sénégalaise, il en a profité pour s’entretenir avec EnQuête sur la nécessité de recoller les différentes fractions de la gauche.
Vous venez d’assister aux assises de la gauche sénégalaise. En quoi l’unité de la gauche sénégalaise et africaine constitue-t-elle aujourd’hui une nécessité ?
Régler la question de l’unité, c’est régler la question de la conquête du pouvoir d’Etat par la gauche. Ce n’est pas une question simple, facile à régler. Elle est complexe. La preuve, c’est qu’il ne s’agit pas à proprement parler de l’unité de la gauche, il s’agit pour nuancer, d’une Confédération des forces de gauche. Je fais cette nuance pour dire qu’un groupe de partis politiques, de personnalités de gauche, ont estimé à la suite d’un forum social, de se retrouver, de se parler, d’échanger pour tirer les enseignements de la lutte menée par le peuple sénégalais, les peuples africains en général, dans la quête de plus de démocratie.
Pour le bien être de nos peuples et pour l’avènement d’un socialisme véritable. C’est une occasion de prendre conscience que l’émiettement et la division fragilisent la gauche. Aujourd’hui, cette confédération a été créée pour répondre justement à une préoccupation, à une aspiration qui est de converger, de mettre en ensemble toutes nos énergies de gauche afin de constituer une alternative crédible parce que les peuples africains ont besoin de changement. Mais cela ne veut pas dire un changement pour un changement. C’est un changement porteur d’espoir à l’exemple de ce que nous avons vu au Burkina Faso où nous avons chassé un dictateur qui était au pouvoir pendant 27 ans, qui organisait des élections qu’il gagnait tout le temps. Je pense que l’exemple que le Sénégal veut donner en réunissant toutes ses forces de gauche, c’est pour dire que désormais, il faut compter avec cette Confédération.
Qu’est-ce que l’unité de la gauche peut apporter au débat politique national, sous-régional et africain en général ?
D’abord l’émulation. Quand vous vous mettez ensemble, il est évident que vous constituez une force, un contrepoids et vous apportez quelque chose de positive au débat politique, au débat public et vous constituez une force de changement. Donc cette unité-là va certainement renforcer la démocratie au Sénégal. Elle va apporter un surplus au débat politique qui se mène aujourd’hui au Sénégal.
Quelle est la place qu’occupe la gauche dans votre pays ?
Vous savez bien que notre pays, le Burkina, vient de faire les 30 et 31 octobre 2014 une insurrection. Cette insurrection a été portée par les ‘’Sankaristes’’ qui restent toujours attachés à l’idéal et aux valeurs défendues par le président Thomas Sankara. C’est pour dire qu’au Burkina Faso, la gauche occupe la première place. Nous constituons des forces de progrès, nous constituons un peuple mature qui aujourd’hui, a besoin d’être organisé et a besoin d’une avant-garde.
Qu’est-ce qu’un pouvoir dirigé par la gauche peut apporter au peuple burkinabé ?
Le pouvoir de gauche porte un programme alternatif qui vise la réduction de la pauvreté, faire en sorte que l’Afrique puisse retrouver la plénitude de sa dignité, faire en sorte que nous ne soyons pas à chaque fois comptés parmi les pays les plus pauvres au monde, les pays où il y a la crise. Il faut faire en sorte que l’Afrique bouge, qu’elle soit une Afrique qui gagne. C’est cela le rêve des devanciers comme Kwamé Nkrumah, comme Thomas Sankara.
PAR ASSANE MBAYE