Cinq employés de Médecins sans frontières enlevés
Des hommes armés s’en sont pris à trois travailleurs humanitaires, une Franco-Ivoirienne, un Sénégalais et un Tchadien, ainsi qu’à deux gardes de sécurité camerounais.
Cinq employés tchadien, sénégalais, franco-ivoirien et camerounais de Médecins sans frontières (MSF) ont été enlevés par des hommes armés, jeudi 24 février, dans la région camerounaise de l’Extrême-Nord, où opèrent des groupes djihadistes. « Des hommes armés se sont introduits au domicile de MSF » et « cinq membres de notre équipe ont été emmenés » à Fotokol, à la frontière avec le Nigeria, où les groupes djihadistes Boko Haram et Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap, selon l’acronyme en anglais) attaquent régulièrement les civils et les militaires, a indiqué vendredi MSF dans un courriel à l’AFP, précisant que « ni l’identité ni les motifs des auteurs ne sont connus à ce jour ».
Trois travailleurs humanitaires, une Franco-Ivoirienne, un Sénégalais et un Tchadien, ainsi que deux gardes de sécurité camerounais ont été enlevés, a confirmé à l’AFP un responsable de l’administration locale qui a requis l’anonymat. « Rien ne permet de lier cet acte aux attaques de Boko Haram. Nous ne savons pas si c’est un simple vol qui a mal tourné. Un coffre-fort a été ouvert », a-t-il ajouté, précisant que l’armée est à leur recherche. Les autorités camerounaises appellent indistinctement « Boko Haram » le groupe du même nom, originaire du Nigeria, et sa branche dissidente de l’Iswap, qui a fait allégeance à l’Etat islamique (EI).
Fotokol, dans la région de l’Extrême-Nord, se trouve près du lac Tchad, vaste étendue d’eau et de marécages qui étend ses rives dans quatre pays : le Tchad, le Niger, le Cameroun et le Nigeria. Boko Haram et l’Iswap ont installé leurs repaires dans certains des innombrables îlots dont est parsemé le lac. Les djihadistes conduisent régulièrement des attaques contre les militaires et les civils dans les quatre pays de cette zone. Elles se sont multipliées ces derniers mois, les groupes armés profitant de leur connaissance de ce terrain marécageux.
L’Iswap consolide son emprise
L’insurrection de Boko Haram est apparue en 2009 au Nigeria, avant de se propager dans les pays voisins. Depuis, plus de 36 000 personnes (principalement au Nigeria) ont été tuées et 3 millions ont dû fuir leur domicile, selon l’ONU. L’Iswap, lui, est issu d’une scission de Boko Haram, en 2016, auquel il reproche notamment le meurtre de civils musulmans. Ces derniers mois, l’Iswap a consolidé son emprise sur les territoires du lac Tchad après la mort d’Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram, dans des combats entre les deux groupes rivaux.
En septembre 2019, six soldats camerounais avaient été tués près de Fotokol après l’attaque d’un poste militaire par Boko Haram. En août 2021, au moins 26 militaires tchadiens avaient été tués par des djihadistes dans la région du lac Tchad, près de la frontière avec le Cameroun. Les activités des deux groupes jihadistes ont conduit les pays de la zone à constituer une force militaire commune, la Force multinationale mixte (FMM), qui associe des soldats du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Niger. Six soldats de la FMM, quatre Nigérians et deux Nigériens, avaient péri en décembre 2021 dans le bassin du lac Tchad lors d’une opération de ratissage qui a également fait 22 morts du côté des djihadistes, selon les autorités.
Le Monde avec AFP