Le social dans le sang
Sociale, ouverte et brave, Awa Diack s’active, au quotidien, dans le social. Très connue au quartier Fass rue Douane à Kaolack, elle est très impliquée dans la vie de son quartier et est un soutien pour les familles vulnérables.
Teint noir, taille moyenne, Awa Diack est issue d’une famille modeste. Le social, elle l'a dans le sang. Son père, Papa Diack, imprimeur, lui a montré la voie. Habitante du quartier Fass rue Douane dans la commune de Kaolack, Awa Diack est "Badiènu Gox". Elle l’a été parce que toujours au chevet des familles démunies.
Mariée et mère de neuf bouts de bois de Dieu, cette dame ne se sent pas assez entourée. Elle accueille encore des enfants qu’elle adopte. Mariama, l’une d’elles, âgée de 2 ans, est la plus petite et la troisième fille adoptive accueillie par Awa Diack.
L’histoire de la petite Mariama a commencé en 2019. Sa maman a pris une grossesse en l’absence de son mari qui se trouve à l’étranger. Celle-ci a caché sa grossesse et a accouché dans une ville du Sénégal. Sa belle-mère, voulant préserver le mariage de son fils, a préféré amener l’enfant chez Awa pour qu’elle l’élève. Badiène Awa, comme elle est affectueusement appelée, a accepté, à la condition que la belle-mère assure le ravitaillement du bébé.
‘’Au début, la belle-mère m’avait proposé de me payer pour que je la garde. Mais je lui ai dit que cet argent pouvait servir à assurer l’alimentation du bébé. A chaque fois que je l’appelle pour lui dire que le lait est fini, elle achète tout. Jusqu’à présent, je ne connais pas sa maman. J’ai beaucoup d’affection pour la petite et si un jour, sa maman décide de la récupérer, je suis prête à la lui retourner, mais à condition qu’elle l’entretienne correctement’’, confie Awa.
La petite Mariama, c'est Badiène Awa qui l'a même baptisée. ‘’Cette histoire, les gens du quartier l’ignorent. Certains ont soutenu que c’est mon fils qui a eu un enfant hors mariage et que c’est son bébé. D’autres disent que c’est ma fille qui est à Toubacouta qui est la mère de l’enfant. Ça me fait rire, mais j’assume toutes ces accusations. Et la petite Mariama, je lui ai donné le nom de mon mari’’, dit-elle.
Très joyeuse, la petite Mariama court, saute et joue avec ses frères et sœurs adoptifs. Très à l’aise, elle considère Badiène Awa comme sa mère. Le rôle que joue Badiène Awa est apprécié des uns et autres. Des témoignages qui la réconfortent. ‘’Awa est une vraie ‘jambaar’, une femme brave. Nous-mêmes, nous devons lui rendre un hommage mérité. Elle œuvre dans le social tous les jours. Elle dépense son argent pour prendre en charge des cas‘’, rapporte l’infirmier-chef de poste de Fass rue Douane, Cheikh Ahmadou Bamba Ndao.
‘’Le statut des ‘Badiènu Gox’ doit être revalorisé‘’
Pour M. Ndao, Awa est ‘’extraordinaire’’. Elle est plus qu’une ‘Badiènu Gox’’, malgré ses maigres moyens. ‘’Elle est tout le temps au service de la population. J’ai eu la chance de travailler avec des ‘Badiènu Gox’ braves, mais Awa est exceptionnelle. Mention spéciale à elle’’, ajoute-t-il. Sa voisine Ami Kane l’estime beaucoup. Elle témoigne : ‘’Des fois, elle prend le risque de recevoir des enfants perdus, abandonnés, des déficients mentaux jusqu’à ce qu’ils retrouvent leurs familles. Elle fait le tour des maisons en quête d’argent afin d’apporter un soutien à des enfants nécessiteux.’’
Cependant, les frais d’hospitalisation et de traitement sont un casse-tête pour cette brave dame. ‘’Il arrive que je me fâche, car elle se démerde pour obtenir les frais médicaux pour certains cas. Parfois, si j’assiste à ces événements, je demande à la personne qui amène la victime de faire comme Awa, pour obtenir les frais’’, dit sa voisine Ami Kane qui ajoute : ‘’Awa est très gentille, elle règle presque tous les problèmes du quartier. Elle est généreuse et tolérante. Je suis agent à l’hôpital régional de Kaolack. Récemment, elle m’a appelée pour me demander des médicaments dont nous disposons chez nous, car les prix sont moins chers à l’hôpital.’’
D’après elle, Awa fait tout avec bonté. Elle demande à l’Etat du Sénégal d’apporter un soutien conséquent aux ‘’Badiènu Gox’’, les recenser et pourquoi pas revaloriser leur statut, car elles jouent un rôle considérable dans la société. Le chef de quartier, Mass Guèye, est de cet avis : ‘’Nous souhaitons que leurs actions soient connues de tous et que l’Etat les valorisent ; elles sont braves ces ‘Badiènu Gox’. Elles font un travail remarquable. Elles sont toujours dans le social.’’
Awa confie elle-même qu’elles n’ont aucun soutien venant de l’Etat, à part les remboursements de transport, lors des séminaires. Mais elle estime que ce qu’elle fait, c’est dans le bénévolat et ne regrette pas de s’y être lancée, car pour elle, c’est une mission noble.
AIDA DIENE