Publié le 27 Jan 2012 - 16:13
POST-POINT

Grève politique et candidats lièvres

 

La coïncidence est trop forte pour être laissée aux seuls bons soins de l'imprévisible dieu hasard ! Le stratagème, trop suggestif pour ne pas donner des idées aux sceptiques éternels. Primo : la grève des transporteurs est-elle simplement un mouvement ordinaire, totalement déconnecté de cet imbroglio politique-juridique qui prend de l'épaisseur à l'approche de la publication de la liste des candidats au scrutin présidentiel du 26 février 2012 ?

 

Deuxio : la candidature annoncée de la styliste Diouma Dieng Diakhaté est-elle un autre hasard subitement mûri né au détour d'une rencontre avec des chômeurs et sans emplois, comme elle l'a déclaré à dakaractu.com ? Tertio : la mesure d'interdiction temporaire des manifestations publiques est-elle tolérable en cette période, électorale, où doit s'exprimer un magma de ressentis démocratiques accumulés autant contre que pour le pouvoir sortant ?

 

A y regarder de près, ce sont là trois ingrédients caractéristiques de la Méthode de gestion publique inventée par le pouvoir libéral : manipulation, diversion et autoritarisme. On peut avoir une grande sympathie pour la démarche revendicative légitime des transporteurs face à la politique de tarification absurde et corruptrice qui sévit dans le secteur de l’Énergie. On doit être dubitatif face à ce qui ressemble fort à une volonté déguisée de neutraliser, par des voies détournées, les manifestations publiques légitimes des forces démocratiques et citoyennes.

 

En sous-traitant partiellement, à partir du secteur des transports privés, le sabotage de cette revendication politique (et juridique) juste qu'est la non-candidature d'Abdoulaye Wade à un troisième mandat d'affilée, le pouvoir libéral prend le risque d'embraser le pays. Il est aisé de comprendre, en effet, que l'interdiction de manifester que s'arrogent le Palais et le ministère de l'Intérieur visent d'autres préoccupations que celles de préserver l'ordre public et la paix sociale. Dans le cas d'espèce, c'est simplement l'étouffement des aspirations populaires qui compte. Et Wade et ses hommes ne s'en privent pas.

 

Dans ce cadre, entrent les prétentions présidentielles de madame Diouma Dieng Diakhaté. Dans quel cirque sommes-nous allés nous fourrer pour que pareilles initiatives soient osées dans notre pays ? On peut n'avoir avoir aucune amertume contre cette styliste renommée, libre de s.

 

Mais politiquement, on a le droit de considérer que cette dame est le jouet d'un puzzle politicien dont l'objectif ne va plus loin que de détourner les votes espérés de personnes précarisées par les soubassements prédateurs de la ''politique économique'' du régime. La diversion à laquelle fait penser sa candidature subite et sortie de nulle part pour émietter les suffrages du peuple ne l'honore pas, en même temps qu'elle vient fortifier l'entreprise diabolique de destruction de la Politique dans notre pays que Me Wade favorise depuis douze ans, sans relâche.

 

Diouma Dieng Diakhaté n'est certainement pas l'avatar unique de cet avilissement de la démocratie par des procédés totalement mafieux, mais pour cette élection que tout le monde souhaite transparente et crédible en février, elle en est malheureusement l'emblème parfaite.

 

 

Pour tout dire, il est inconcevable que les forces démocratiques respectueuses des principes d'ordre public acceptables puissent se résigner à subir les dérapages légaux du pouvoir. Le temps électoral a des exigences et contraintes démocratiques qui disqualifient les mesures annoncées par le ministère de l'Intérieur.

 

 

Le mouvement du 23 juin devant l'Assemblée nationale a démontré que les manifestations politiques pacifiques et fermes ont encore leur place dans l'agenda des forces démocratiques et citoyennes.

 

Momar DIENG

 

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