L’Etat interdit licenciement et chômage technique
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L’Etat du Sénégal vole aux secours des travailleurs du secteur privé, menacés de renvoi ou de chômage technique. Avec la Covid-19, des employeurs peinent à faire face à la masse salariale ou ont simplement mis la clé sous le paillasson. Mais, l’Etat les met en garde.
Les conséquences de la pandémie du coronavirus ne sont pas que sanitaires, elles sont également économiques. Certains secteurs commencent déjà à en ressentir les contrecoups. Comme annoncé dans l’édition d’’’EnQuête’’ du jeudi dernier, le pays est au bord de l’effondrement social. Ainsi, des secteurs comme le tourisme, le transport et l’hôtellerie sont déjà dans l’impasse. Au même moment, des employeurs prédisent des lendemains sombres, avec le chômage technique pour certains employés ou simplement le licenciement pour d’autres.
Une situation alarmante qui n’a pas tardé à faire réagir le gouvernement dans sa première ordonnance n°01/2020 relative à la loi d’habilitation. Ainsi, d’après le ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions, le président de la République a inscrit dans le Programme de résilience économique et social, un important volet relatif à la stabilité macro-économique et financière pour soutenir le secteur privé et maintenir les emplois.
Ainsi, il s’agira, d’après Samba Sy, d’aménager des mesures dérogatoires relatives au licenciement et au chômage technique durant la période de la pandémie Covid-19, et ce depuis le 14 mars 2020. La finalité est de préserver les emplois et l’activité économique. Dans cette première ordonnance du chef de l’Etat, il est interdit, durant la pandémie de la Covid-19, et dans les limites de temps de la loi d’habilitation, de tout licenciement autre que celui motivé par une faute lourde du travailleur.
En outre, Samba Sy précise que l’employeur a, dès lors, l’obligation d’éviter le chômage technique, en recherchant avec les délégués du personnel des solutions alternatives telles que ’’la réduction des heures de travail, le travail par roulement, l’anticipation des congés payés, le redéploiement des personnels, le travail à temps partiel’’. Le ministre du Travail renseigne également que les entreprises doivent garantir une rémunération pour les travailleurs en chômage technique qui ne saurait, d’après lui, être inférieure ni au Smic (salaire minimum de croissance) ni à 70 % du salaire moyen net des 3 derniers mois d’activité, en contrepartie des mesures d’accompagnement de l’Etat, au profit de l’employeur.
L’ordonnance n’adresse, cependant, pas uniquement des directives aux employeurs. Les travailleurs en chômage technique, également, doivent, d’après le ministre du Travail et du Dialogue social, rester à la disposition de l’employeur pour d’éventuels travaux ponctuels.
Il faut cependant rappeler que le chef de l’Etat s’est, dans son discours à la nation du 3 avril, engagé à sauvegarder la stabilité macroéconomique et financière pour soutenir le secteur privé et maintenir les emplois à travers un programme d’injection de liquidités assorti de mesures fiscales et douanières.
Ainsi, d’après le président de la République, 302 milliards de F CFA seront consacrés au paiement de la dette due aux fournisseurs de l’Etat. Il est, en outre, prévu une enveloppe de 100 milliards à l’appui direct des secteurs de l’économie les plus durement touchés par la crise, notamment les transports, l’hôtellerie, mais également l’agriculture et un mécanisme de financement à hauteur de 200 milliards accessible aux entreprises affectées, selon une procédure allégée. Des mesures non exhaustives pour permettre au secteur privé de supporter la masse salariale, en cette période de pandémie.
HABIBATOU TRAORE