Le pouvoir ou le pouvoir !
Dans le bras de fer qui l'oppose à Idrissa Seck, le ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement ne semble pas hésiter à choisir son camp, celui du vrai pouvoir que détient Macky Sall.
Le ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement, Oumar Guèye, a fait ses premiers pas en politique chez les Jeunesses socialistes. Mais très vite, il se rend compte que la meilleure manière d'accéder aux responsabilités est de se construire une base politique et affective. C’est ainsi qu’il envisage de transformer Sangalkam en fief incontesté. Mais à cette époque, les années 90, les cadres de la 28e coordination du Parti socialiste réunissant les communautés rurales de Sangalkam et Yène, ainsi que la commune de Sébikhotane, avaient un gourou absolu, en l'occurrence Alassane Dialy Ndiaye, ancien ministre de la Pêche. Des cadres comme Oumar Guèye lui reprochaient d’exercer à leur encontre un pouvoir de musellement destiné à freiner leur ascension politique. A leurs yeux, cette situation était potentiellement porteuse de déboires pour le Parti socialiste, ce qu'ils voulaient corriger.
Fronde contre Alassane Dialy Ndiaye
Issus de différents coins de cette zone rurale du département de Rufisque, les cadres socialistes créent un mouvement frondeur, Atefa (And ak Tanor Falaat Abdou). Ses principaux animateurs sont alors Makhoudia Ndour, chef de file à Sébikhotane, Oumar Guèye de Sangalkam, Libasse Ndir de Dène, le Pr. Gorgui Ciss de Yène, pour ne citer que ceux-là. Ensemble, ils organisent le maillage de la zone, empêchant même Alassane Dialy Ndiaye d’organiser ses manifestations. Mais coup de tonnerre, Oumar Guèye retourne sa veste, à la grande surprise de ses compagnons, et se rapproche de «l'ennemi» Alassane Dialy Ndiaye. C’était à la veille de la campagne présidentielle de 2000. Les autres membres d’Atefa ne se remettront jamais de ce coup fourré inattendu du «camarade» de Sangalkam. Contre mauvaise fortune bon cœur, et peut-être par principe, ils mèneront la lutte jusqu’à la chute de leur parti, le Ps.
Comme si le pouvoir était un aimant auquel il ne résiste pas, Oumar Guèye se fait encore remarquer dans les premières années de l’alternance avec sa sortie spectaculaire du Parti socialiste pour atterrir au Parti démocratique sénégalais (PDS), devenu maître du pouvoir. Comme justification, il avance qu'il est de son devoir de rejoindre son ex-condisciple et ami de tous les temps, Idrissa Seck. Un argument considéré à l'époque comme une drôle d'excuse, surtout après qu'il a attendu une assez longue période après la défaite socialiste pour rallier le Directeur de cabinet du président Abdoulaye Wade. Une raison plus essentielle existe cependant, c'est grâce à Idrissa Seck que Oumar Guèye est devenu président de la communauté rurale de Sangalkam, et maître incontesté du jeu politique de la zone.
«Spécialiste du pouvoir local»
Présenté comme un homme de pouvoir, toujours prompt à sauter la barrière qui le sépare des lambris dorés, Oumar Guèye, 54 ans, ingénieur en Génie électrique, peu connu du grand public, est devenu par la force des événements un spécialiste du pouvoir...local. Sa mainmise sur Sangalkam est assez nette pour lui garantir du succès aux élections locales du 16 mars 2009. En dépit de tous les tripatouillages administratifs survenus dans cette partie du département de Rufisque, il a réussi à placer ses proches à la tête des Délégations spéciales. Celle de Sangalkam est dirigée par Oumar Guèye junior, Bambilor par Ndiagne Diop, Tivaouane Peulh-Niague par El Hadji Makhane Diop ; seule la délégation spéciale de Niacourap-Jaxaay-Parcelles assainies est aux mains de Marième Koné Kassé, de l'Alliance des forces de progrès (AFP), mais celle-ci est secondée par Mor Sarr Ba, un fidèle de...Oumar Guèye !
PAPE MOUSSA GUÈYE
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