Une réalité constatée au Port autonome de Dakar

Le poisson se fait de plus en plus rare. Un tour au môle 10 du Port autonome de Dakar a permis de faire ce constat. C’était hier, à l’occasion de la visite de la ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, Fatou Diouf.
La ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires a effectué sa première visite au môle 10 du Port autonome de Dakar. Ce long périple a permis de constater d'impressionnantes installations au niveau des usines de pêche et de nombreux investissements. Cependant, cette visite a aussi révélé les difficultés rencontrées par les acteurs.
Selon ces derniers, le seul armement de pêche appartenant aux Sénégalais, sans recours à un prête-nom, comptait plus de 50 bateaux. Aujourd'hui, il n’en reste que 15, selon les témoignages.
Pis, il n’y a plus de poisson en abondance. Cela se fait sentir partout sur le port, même par les plus grands producteurs. Véronique Mendy, mareyeuse depuis 2020, soutient qu’elle ne parvient plus à obtenir du poisson, parce que les bateaux refusent de vendre à ceux qui n’ont pas de gros budgets. ‘’Aujourd'hui, tu apportes tes 100 000 F, tu ne peux pas acheter de poisson. Les bateaux vendent à ceux qui achètent beaucoup de caisses ou qui ont des connaissances’’, confie-t-elle à ‘’EnQuête’’, demandant également l'arrêt de certaines licences de pêche.
Scasa est une usine spécialisée dans la fabrication de thon, comptant 1 300 agents. À ses débuts, elle produisait entre 120 et 150 t par jour. Mais actuellement, elle ne produit que 90, voire 100 t par jour à cause de la rareté du poisson, apprend ‘’EnQuête’’.
De son côté, Condak a été mise en place en 1988 avant de démarrer la production en 1995. Cette entreprise s’est spécialisée dans la sardinelle. C'est elle qui fabrique les conserves de Pinton, mais également de la sardine à l'huile et de nombreux plats cuisinés. Elle est quasiment en exclusivité en Afrique de l'Ouest, en termes de transformation des crevettes fumées, de sardinelle fumée et d'autres variétés. Le problème d’approvisionnement est une réalité ici également. Par conséquent, la production de sardinelles est passée de 80 à 50 t.
‘’Pour la production, nous avons une capacité interne de 80 t de sardinelle. Actuellement, nous sommes légèrement en sous-capacité parce que nous n'arrivons pas à nous approvisionner correctement. Tous ces temps-ci, nous tournons autour de 50 t par jour’’, explique le directeur exécutif de production Hugues Mandef, qui souligne une capacité de 3 000 t de thon par an.
La ministre reconnait le déficit d’approvisionnement
‘’Je dois dire que j'ai vu que l'engagement est très important. Bien sûr, il ne manque pas de problèmes. On m’a posé un certain nombre de problèmes relatifs notamment au manque d’approvisionnement. Certaines usines fonctionnent bien, mais au ralenti, faute d’approvisionnement’’, a reconnu la ministre Fatou Diouf. Selon qui, la visite a été concluante.
Elle se dit satisfaite des réalisations, des chambres froides, des camions frigorifiques et des conteneurs. ‘’Nous avons vu les réalisations au niveau de Scasa, Capsen, FT2 et des Ets Baye Niass. Nous avons vu des chambres froides, des infrastructures à hauteur de plus de 40 millions de dollars (IB Fish). Des milliards sont injectés ici pour faire démarrer cette usine, créer de l’emploi et participer à l’essor de l’économie nationale’’, s’est réjouie Fatou Diouf.
‘’Nous avons vu, au niveau d'IB Fishing, une usine qui produit des tonnes de glace par jour. Elle peut alimenter tout le port, mais aussi au-delà du port’’, a-t-elle ajouté, soutenant qu’elle compte encourager ces usines et les aider à être productives. L’État, dit-elle, fera le nécessaire pour leur permettre de produire et d'employer des Sénégalais.
‘’Ce qui nous manque au Sénégal, surtout dans les périodes d’abondance, c’est la conservation. Ils le font pour eux-mêmes, mais aussi pour l’État. En période de pénurie, nous pouvons disposer de la ressource et la mettre à la disposition de la population, dans le cadre même de la politique de sécurité alimentaire et de souveraineté alimentaire engagée par le président de la République et promise par le Premier ministre’’, a indiqué la ministre.
Pour elle, ce qu’il faut faire aujourd'hui, c'est d’appuyer la pêche artisanale. Elle rassure qu’il existe un programme allant dans ce sens. Fatou Diouf note que, dans le secteur de la pêche, il y a beaucoup d’agents employés par le privé. Ainsi, elle souligne que le rôle de l’État est de faire en sorte qu'ils soient dans de bonnes conditions de travail.
BABACAR SY SEYE