Publié le 6 Oct 2021 - 22:29
RELATIONS TENDUES

Bamako porte la réplique à Macron

 

Rien ne va plus entre la France et le Mali. Attendus depuis quelques jours, la réaction du Mali, suite aux propos du Président français, Emmanuel Macron, est finalement tombée, hier.

 

On l’attendait depuis une semaine. Elle est finalement tombée hier. En réaction aux propos de Macron qualifiant de ‘honte’’ les déclarations du Premier ministre Malien, Bamako a convoqué l’ambassadeur de France dans le pays pour protester contre de telles affirmations qu’il juge inacceptables. ‘’Le Ministre des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France au Mali, suite aux propos inamicaux et désobligeants du président de la République française sur les institutions de la République du Mali’’, lit-on dans le communiqué du Gouvernement.

Selon le document, le Ministre a signifié au diplomate ‘’l’indignation et la désapprobation’’ du Gouvernement du Mali et élevé ‘’une vive protestation contre ces propos regrettables, qui sont de nature à nuire au développement de relations amicales entre nations’’. Dans la même veine, souligne le communiqué, ‘’le ministre des Affaires étrangères a invité les autorités françaises à la retenue, en évitant des jugements de valeurs et appelé à une approche constructive basée sur le respect mutuel’’.

Comme pour signifier à Paris qu’il ne se fera pas prier pour rester, le ministre Abdoulaye Diop a témoigné de la volonté de Bamako à ‘’bâtir avec les partenaires qui le souhaitent’’, des relations sincères et concertées, respectant le principe de non-ingérence, conformément aux aspirations légitimes du peuple malien.

La semaine dernière, Emmanuel Macron, sur les ondes de RFI, qualifiait de honteux les propos tenus par le Premier ministre malien Choguel Maiga, dénonçant un abandon en plein vol par la France, qui a décidé de réorganiser Barkhane. ‘’Je rappelle, affirmait le Président français, que le Premier ministre malien est l’enfant de deux coups d’État, si je puis dire. Puisqu’il y a eu un coup d’État en août 2020 et un coup d’État dans le coup d’État. Donc, la légitimité du gouvernement actuel est démocratiquement nulle’’. Le président macron ne s’en limitait pas. Il continué tout en colère. ‘’Alors qu’hier nous avons présidé à l’hommage national au sergent Blasco et qu’aujourd’hui il est enterré parmi les siens, ce qu’a dit le Premier ministre malien est inadmissible. C’est une honte. Et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement’’.

Macron et les présidents africains

Pendant, ce temps, le Mali continue de se rapprocher de Moscou, avec des commandes de matériels militaires russes et des négociations avancées avec des sociétés privées russes spécialisées dans le domaine de la sécurité. Cette situation plus ou moins délétère intervient dans un contexte où la France se prépare à recevoir des sociétés civiles africaines, les 8 et 9 Octobre à Montpellier. Une rencontre qui divise l’élite africaine, si l’on sait qu’elles sont nombreuses les sommités africaines à avoir appelé au boycott de ce sommet.

Ainsi, visiblement, le Président Macron montre sa grande difficulté à composer avec ses homologues africains. On se rappelle encore des propos très désobligeants tenus en 2017 à Ouagadougou contre le Président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, de même que sa convocation ferme à cinq chefs d’Etat du Sahel au sommet de Pau.

Dans le livre publié par Cora en marge du sommet Afrique-France de Montpellier, Boubacar Boris Diop invoquait d’ailleurs ce un ‘’manque de respect notoire’’ du Président français envers ses homologues. Ce qui justifierait, selon lui, sa décision unilatérale de les écarter du sommet qu’ils avaient l’habitude d’organiser ‘’ensemble’’ et de les remplacer unilatéralement par la société civile. ‘’Macron, décrypte l’écrivain, n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai pour ce qui est du manque de respect à l'égard des chefs d'États africains. Il faut revenir sur son comportement proprement abject, incompréhensible - même dans l'étrange grille de lecture de la Françafrique - vis-à-vis du président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré à l'Université de Ouagadougou en novembre 2017. Sans doute préférerions-nous tous oublier cette scène surréaliste d'un président étranger traitant à haute et intelligible voix son hôte de crétin et ce, devant une foule d'étudiants hilares’’.

Vexé et furieux, le président Kaboré avait immédiatement quitté les lieux... ‘’C'était un de ces moments où un petit rien jette à la figure de l'homme asservi toute la honte et toute la merde de sa condition. Ce n'est pas tout, car, on a eu droit, plus tard, de la part du même Macron, à un coup de sang public contre les présidents du G5-Sahel, engueulade menaçante suivie d'une convocation par voie de presse à Pau. Ordre de déférer auquel aucun d'entre eux n'a, bien entendu, osé désobéir...’’

Mais, concluait-il, si le Président français pouvait se permettre tout cela, c’est aussi parce que ‘’les chefs d'État du ‘’pré carré’’ revêtent’’ avec beaucoup de facilité ‘’le boubou de laquais de la France ou de pions qu'elle déplace quasi distraitement sur l'échiquier de sa politique étrangère’’.

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