À la recherche du temps perdu
La prise en charge des urgences pose souvent problème, dans les structures sanitaires du pays. Une difficulté à laquelle celles de Saint-Louis n’échappent pas. Toutefois, à l’hôpital régional, depuis quelques années, les autorités ont fourni de gros efforts pour améliorer nettement les services des urgences et de la réanimation. Ils viennent de bénéficier d’équipements neufs de dernière génération.
L’hôpital de Saint-Louis reste une référence régionale, voire sous-régionale. Des malades venant des régions du Nord et des pays limitrophes y sont souvent évacués pour leur prise en charge. Une grande affluence qui a longtemps donné du fil à retordre aux responsables de l’établissement hospitalier, surtout au service des urgences. Pour faire face et assurer une prise en charge optimum des populations qui fréquentent la structure sanitaire, depuis quelles années, le service des urgences de l’hôpital régional a carrément changé de visage et de cadre. Pour le docteur Moustapha Diédhiou, Coordonnateur des urgences de l’hôpital régional de Saint-Louis, les nettes améliorations de prise en charge dans ces services ne sont pas le fruit du hasard.
Selon lui, tout est parti de l’état des lieux qui a été fait, en 2017-2018, et qui a permis d’étudier les déficits dans les services de la réanimation et des urgences. ‘’Nous avions retenu, à l’époque, que nos services souffraient de gaps en ressources humaines, en équipements fonctionnels, en infrastructures, parce que le bâtiment d’alors ne répondait pas aux normes d’accueil d’un service des urgences. Nous avions alors mené des enquêtes de satisfaction, pour avoir l’opinion des populations sur les services que nous fournissons. Des remarques que nous avions prises en considération et qui nous ont permis de nous améliorer et de corriger progressivement les gaps’’, renseigne le Dr Diédhiou.
C’est dans ce cadre, ajoute-t-il, qu’une zone de tri des patients a été créée, pour une meilleure organisation des urgences. ‘’Nous avons très souvent un afflux de patients au service des urgences. Raison pour laquelle nous avons créé des zones d’attentes de position assise ou couchée qui sont des particularités de la médecine des urgences, pour respecter les circuits courts pour les malades qui sont en détresse vitale et les hospitalisations de courte durée’’, explique le médecin-anesthésiste-réanimateur.
‘’Les évacuations vers Dakar ou autres régions se sont considérablement réduites’’
Pour l’enseignant-chercheur à l’UFR Santé, le service des urgences est très souvent, dans les hôpitaux, la porte d’entrée des malades, sauf peut-être pour ceux qui ont des rendez-vous avec leurs médecins. D’où la nécessité d’un triage ordonné, pour éviter de passer à côté d’une urgence vitale. ‘’A l’hôpital de Saint-Louis, nous avons réussi à avoir une garde médicalisée, c’est-à-dire que les gardes sont assurées par des médecins séniors qui sont assermentés. Les médecins et les infirmiers sont suffisamment formés pour faire le tri, pour mieux orienter le patient dans le circuit. Un travail qui est bénéfique pour le personnel soignant et pour les populations, puisqu’il permet de ne pas submerger inutilement les urgences, de ralentir le travail ou de passer à côté d’une urgence vitale. Ainsi, des efforts ont été faits à l’hôpital, par la mise en place d’un protocole de soins qui permet, aujourd’hui, au médecin de garde de se fier à ce dernier, pour une bonne prise en charge du patient’’, éclaire le Dr Diédhiou.
Pourtant, le gap en équipements avait posé un certain nombre de problèmes, à certains moments, parce que l’établissement était loin des normes pour les urgences. Mais des efforts importants ont été faits pour équiper les services des urgences et de la réanimation de l’hôpital régional, grâce au concours du ministère de la Santé, des partenaires au développement, dont la coopération luxembourgeoise. ‘’Dans les services de réanimation et des urgences, on a acquis des équipements de qualité et de dernière génération pour faciliter rapidement les prises en charge. Il y a des chariots, des moniteurs de surveillance, des appareils portables d’échographie et d’autres importants équipements. Les évacuations vers Dakar ou autres régions se sont considérablement réduites, parce que la prise en charge est bien assurée sur place. D’ailleurs, sur instruction du directeur de l’hôpital, il est prédisposé des médicaments d’urgence ; ce qui facilite énormément notre travail d’urgentistes. Un dispositif que nous saluons à sa juste valeur, vu son importance dans la prise en charge rapide des urgences’’, explique-t-il.
L’équation du remboursement des factures d’ordonnance
Toutefois, le chef du Service de réanimation et coordonnateur des urgences de l’hôpital régional de Saint-Louis rappelle que tout n’est pas rose dans le fonctionnement. ‘’Nous en voulons encore des équipements, vu la dimension de l’établissement et le nombre de spécialistes qui y exercent en partenariat avec l’UGB. Donc, d’autres équipements seront les bienvenus. Il faut encore des efforts pour la sécurité de tout le monde dans l’organisation et la gestion des médicaments d’urgence. Les urgences sont des services de grande consommation de médicaments et sont lourdes en charges financières pour un hôpital. A tel enseigne qu’il est difficile de gérer ces médicaments d’urgence vitale. C’est l’occasion de féliciter le directeur de l’hôpital qui a créé une commission dans ce sens, pour étudier et répertorier les médicaments d’urgence pour chaque service clé de l’hôpital, dont les services d’urgence, de la maternité, de la pédiatrie, du bloc opératoire. Dans ces services, il est impératif d’avoir ces produits H24. Malheureusement, le non-remboursement des factures d’ordonnance par certains patients porte un lourd préjudice pour le renouvellement de nos chariots de médicaments d’urgence’’, déplore le docteur Moustapha Diédhiou.
Néanmoins, il rassure les populations que l’hôpital à un plan blanc qui a été élaboré et validé par les autorités sanitaires. Ce qui leur permet de faire face à un afflux massif de blessés, en cas d’accident.
Toutefois, il y a des efforts à faire à ce niveau, surtout en ce qui concerne la formation supplémentaire du personnel, le renforcement du dispositif en médicaments d’urgence, pour faire face à d’éventuels afflux massifs.
IBRAHIMA BOCAR SÈNE (SAINT-LOUIS)