Publié le 30 Apr 2020 - 03:52
SECTEUR DE LA LIVRAISON EN PERIODE DE CONFINEMENT

Une aubaine et des risques  

 

Les services de livraison à domicile sont très sollicités, en cette période de semi-confinement. Mais les risques de contamination et les contrôles de plus en plus rigoureux sur la circulation empêchent les jeunes livreurs de profiter pleinement de la situation.

 

Beaucoup de Sénégalais ont réduit leurs déplacements, en cette période de pandémie du coronavirus, afin de limiter la propagation de la maladie.  De nombreuses personnes travaillent aussi de chez elles, pour se protéger de la Covid-19. Il s’y ajoute les restrictions dans les transports qui compliquent davantage les déplacements. Tous ces facteurs profitent au secteur de la livraison à domicile.  

C’est le constat de ce jeune étudiant qui s’active dans la livraison de colis, à ses heures perdues. Selon Joseph Diassy, le secteur aide les jeunes à trouver une occupation et lutte contre le chômage, en ces moments marqués par le ralentissement de la plupart des activités économiques. ‘’En cette période de pandémie, la livraison marche bien, parce que les gens se confinent et ils font recours aux livreurs pour les courses. En plus, la fluidité de la circulation facilite nos déplacements. Je constate qu’il y a de plus en plus de livreurs et cela montre que ça marche bien’’, fait savoir Joseph.  

C’est aussi l’avis de Sidy Moctar Roundoph Diop, jeune musicien reconverti en livreur pour combler le manque à gagner dans son domaine actuellement au ralenti, à cause de la Covid-19.  Pour cet artiste qui joue de la guitare, le secteur de la livraison est une vraie aubaine pour les jeunes en manque d’activité. Il leur permet de joindre les deux bouts. ‘’J’ai commencé à m’activer dans les services de livraison depuis un mois.  Je veux sauvegarder ma réputation, parce que je veux être un grand artiste. C’est pourquoi je me bats pour donner le bon exemple. Les impacts de la Covid-19 ont ralenti toutes les activités, à l’exception   de ceux du secteur de la livraison qui est encore sollicité. C’est pourquoi je me suis lancé dans cette activité pour subvenir à mes besoins. Je me débrouille pour n’attendre rien de personne.  Pour l’instant, ça marche, mais comme je suis débutant, je n’ai pas encore un carnet d’adresses assez fourni pour m’en sortir bien mieux. Mais je sais qu’avec le temps, ça ira’’, s’enthousiasme-t-il.  

De forts risques de contamination

Cependant, si les choses vont un peu mieux qu’avant la pandémie, ceci n’est que relatif. Pour certains dont la livraison est le métier, les choses ne vont pas si bien que cela. Aussi, le secteur fait face à plusieurs défis dont l’insécurité et le risque de contamination. La plupart des livreurs interpellés disent craindre   pour leur santé, compte tenu de la nature de leur travail qui présente un fort risque de contamination.   

 Laye Faye, jeune livreur, a dû arrêter ses activités par peur d’attraper la maladie. En effet, de par son travail, Laye est en contact avec plusieurs clients tous les jours et touche à des produits qui ont déjà été manipulés par d'autres personnes. Ainsi, à la survenue des premiers cas de Covid-19 au Sénégal, il avait, dit-il, pris le maximum de précaution (gants, masque) pour se protéger. Mais depuis que la situation a commencé à empirer, avec la multiplication des cas issus de la transmission communautaire, il a été contraint par sa famille d’arrêter pour préserver sa santé.  Aussi, souligne-t-il, les clients se faisaient rares à cause de la fermeture des restaurants et des autres lieux de commerce. ‘’On s’en sortait pas mal avant la pandémie.

On pouvait gagner 12 à 15 000 F CFA après une journée de course. Mais maintenant, on peut rester toute la journée sans course ou bien avoir deux ou trois clients, à cause de la fermeture de certains lieux de commerce comme les restos.  En plus, le risque de choper le virus est très élevé, puisqu’on est toujours en contact avec les gens et le plus souvent avec des personnes inconnues. Personnellement, j’étais obligé d’arrêté, parce que ma maman craignait beaucoup pour ma santé. Elle veut que je reste à la maison. Elle n’est pas à Dakar, mais elle ne cessait de m’appeler au téléphone’’, fait-il savoir.   

Contrairement à Laye, Joseph Diassy, lui, continue d’exercer ce travail. Mais, par précaution pour sa santé, il a dû réduire ses déplacements, malgré les multiples sollicitations.  ‘’Il y a trop de risques, c’est pourquoi j’ai réduit mes déplacements. Je ne livre maintenant que pour les fidèles clients. Je décline tous les autres appels inconnus, car la livraison est un travail assez compliqué et difficile, surtout en cette période de pandémie. Les livreurs sont très exposés. On est souvent en contact avec des inconnus et c’est trop risqué.  C’est difficile’’, indique-t-il.

Des rackets qui s’intensifient

L’autre problème du secteur, c’est le contrôle et le racket des agents de sécurité devenus de plus en plus sévères. En effet, les forces de l’ordre sont plus rigoureuses, en cette période de pandémie, pour faire respecter les mesures prises pour freiner la propagation de la Covid-19. Les contrôles de la circulation sont ainsi plus stricts et aucune erreur n’est pardonnée. Cette rigueur n’arrange point les livreurs, surtout ceux exerçant dans l’informel.  

‘’On rencontre beaucoup de difficultés avec les forces de l’ordre. Elles nous demandent parfois des papiers qu’elles savent pertinemment qu’on n’a pas, juste pour nous soutirer de l’argent. Certains agents ne nous demandent même pas notre profession, mais de l’argent. Tout ce qu’on gagne, on le leur donne. Pis, ils traitent les motocyclistes comme des moins que rien. Ils nous arrêtent et nous arrachent nos clés de moto d’une telle manière qu’on dirait qu’ils ont en face d’eux des agresseurs.  C’est comme si les conducteurs de moto ne sont pas des êtres humains. En plus, ils peuvent arrêter des centaines de motos, mais c’est seulement 10 ou 5 qui vont aller dans les commissariats. Les autres donnent de l’argent et ils les laissent partir. C’est de la pure corruption’’, se désole Joseph Diassy.

Très remonté contre les agents de la circulation, M. Diassy interpelle l’Etat quant à l’urgence d’encadrer ce secteur pour permettre aux jeunes de s’y retrouver. Il lance, pour cela, un appel à l’Etat pour l’immatriculation de toutes les motos et la facilitation de l’obtention des papiers administratifs pour les deux roues. ‘’Si on régularise le secteur, les gens pourront s’en sortir facilement. La livraison est un travail noble qui demande du courage et de la rigueur. Pour faciliter le travail, il faut que l’Etat accompagne les jeunes’’, considère-t-il.

 ABBA BA

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