Publié le 27 Mar 2020 - 21:10
SERIGNE MAME MBAYE KOTE, AGENT DE SENSIBILISATION AU (CNTS)

‘’Nous faisons face à un sérieux manque de poches’’

 

A côté du coronavirus, il y a des malades qui ont besoin de sang pour s’en sortir. Et ce, sans compter les urgences. Dans cet entretien accordé à ‘’EnQuête’’, Serigne Mame Mbaye Koté, agent de sensibilisation au Centre national de transfusion sanguine (CNTS) alerte sur les risques d’une pénurie de sang et invite les Sénégalais à dépasser leurs craintes.

 

Le Sénégal, à ce jour, compte plus d’une centaine de cas positifs de Covid-19. Quel est l’impact de la pandémie sur le don de sang ?

Actuellement, la situation est assez compliquée. Les donneurs ne viennent plus, les organisateurs de don de sang aussi ont annulé toutes les collectes. Le nombre de poches collectées par jour est pratiquement le cinquième de ce qu’on reçoit habituellement. En temps normal, nous avons entre 50 et 60 poches de sang. Mais, aujourd’hui, le maximum atteint, c’est 20. Ce qui veut dire qu’il y a un manque qu’il urge de corriger. Sachez que la norme, c’est d’avoir 10 poches pour 1 000 habitants. Avant l’épidémie, on était à 6 poches pour 1 000 habitants ; mais actuellement, nous n’avons même pas 2 poches pour 1 000 habitants.

Est-ce pareil dans les régions ?

Non, dans les régions, nous n’avons pas observé de changements, parce que là-bas, il y a des donneurs qui sont réguliers. Tandis qu’ici, au Centre national de transfusion sanguine, les principaux donneurs sont les étudiants de l’université Cheikh Anta, des instituts environnants et de l’École nationale de police. On a toujours besoin de sang. Certes, la fermeture des universités ne joue pas en notre faveur, mais les étudiants qui sont rentrés peuvent faire ce don dans leurs localités respectives. Seulement, il faut que la durée de l’espacement entre deux dons soit respectée, c’est-à-dire trois mois pour les hommes et quatre mois pour les femmes.

À vous entendre, le risque de pénurie n’est pas très loin…

Effectivement. Le risque est très grand, actuellement. On manque de sang pour ceux qui doivent faire la dialyse, la chimiothérapie, également ceux qu’on doit opérer. Nous faisons face à un sérieux manque de poches. Pour l’instant, nous gérons les urgences, c’est-à-dire les opérations et les femmes en phase d’accouchement. Et même là encore, si quelqu’un a besoin de deux poches, il n’en aura qu’une. Or, une femme qui donne la vie a besoin de plus de deux poches de sang. Donc, on les stocke et on attend de voir s’il y a réellement un risque de perte de sang. Par contre, on ne peut pas transfuser moins de trois poches de sang à une femme qui est à 5 mg d’hémoglobine. C’est pareil si elle passe par une césarienne. Les patients qui doivent être opérés, également, courent un grand risque de perte de sang.

En somme, les poches sont stockées, principalement pour ces deux types d’urgence.

Est-ce que le centre a pris les dispositions nécessaires de prévention contre le virus ? Cela pourrait rassurer les donneurs…

En fait, les gens n’ont pas peur de venir au CNTS, ils ont peur de sortir. Cependant, il y a des donneurs qui sont malgré tout réguliers et qui connaissent leurs prochains rendez-vous et donc, par habitude, ils n’hésitent pas à venir donner de leur sang. On a pris toutes les dispositions nécessaires pour détecter un cas de Covid-19 et nous, personnel du centre, nous sommes suffisamment protégés pour recevoir les donneurs. À l’entrée, comme vous avez pu le constater, il y a l’eau et du savon. Chaque agent a une bouteille de gel hydro-alcoolique dans sa poche. Sur les tables de chaque bureau, il y en a une et sans prétention, je peux dire qu’on a un service de qualité. Ici, des agents préventionnistes ne font que de la sensibilisation sur la maladie et sur le don de sang. Il faut que les gens comprennent que le don n’a rien à voir avec le coronavirus ; il n’y a aucun risque. Au contraire, ils doivent le faire pour préparer les hôpitaux, parce qu’actuellement, il y a beaucoup de malades qui en ont besoin. La demande est trop forte par rapport à l’offre.

En dehors de vos locaux, avez-vous d’autres moyens de sensibilisation ?                             

Sincèrement, on a tout fait. Nous en parlons sur notre site, sur notre page Facebook, chaque membre du personnel poste des messages en statut sur WhatsApp. On a vraiment tout fait pour sensibiliser la population, mais il y a toujours cette peur de sortir. L’alerte est là, il faut vraiment que tout le monde vienne et on compte beaucoup sur vous les médias pour lancer un appel pour nous, parce qu’on en a vraiment besoin. Nous sommes disponibles de 9 h à 13 h.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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