Désaccords sur l'avenir du partenariat avec l'UE
Les pays membres du groupe Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) et l'Union européenne (UE) ont exposé leurs désaccords dès l'ouverture, jeudi à Malabo, du 7e sommet ACP consacré essentiellement à l'avenir du partenariat avec l'UE, a constaté un journaliste de l'AFP.
"L'une des pommes de discorde, ce sont les négociations des Accords de partenariats économiques (APE)", a déclaré dans son discours d'ouverture le secrétaire général du groupe ACP, le Ghanéen Mohamed Ibn Chambas, en présence d'une quinzaine de chefs d'Etat. "La Commission européenne a imposé la date butoir de janvier 2014 (prolongé à janvier 2016) pour la finalisation de ces négociations et va pénaliser les pays qui ne sont pas à même d'atteindre un accord sous ce délai", a déploré Mohamed Ibn Chambas.
La discorde porte notamment sur la décision du Parlement européen de réduire à partir de 2014 le nombre de pays bénéficiant du Système de préférence généralisé, qui propose des réductions de droits de douane ou un accès au marché communautaire en franchise de droits pour les exportations de 178 pays et territoires en développement. Le taux d'ouverture aux produits et services européens sera aussi au centre des pourparlers, l'UE demandant 80% alors que l'Afrique centrale n'est prête à en concéder que 71%. "Après une dizaine d'années de négociations (au sujet des APE), nous sommes loin de parvenir à un accord", a souligné pour sa part John Dramani Mahama, le président du Ghana qui avait accueilli le dernier sommet ACP en 2008.
M. Mahama a qualifié de "déplorables" les échéances fixées pour la fin des négociations. "A part quelques détails, notre offre de partenariat pour le commerce est claire", a réagi le commissaire européen chargé du Développement, Andris Piebalgs. "Le temps est venu pour les ACP de s'engager ou non dans ce partenariat et d'en recueillir les fruits ou non", a-t-il lancé dans son allocution. "Ne pas saisir cette opportunité serait regrettable", a ajouté le responsable européen, soulignant que "le partenariat UE-ACP a un rôle essentiel à jouer". De son côté, le président équato-guinéen Teodoro Obiang a proposé "la création d'une organisation de coopération économique Sud-Sud" dont Malabo serait "le berceau", ou de "renforcer le groupe des 77 afin de le réorienter vers des objectifs politiques, économiques et commerciaux pour les pays du Sud".
Le Groupe des 77 aux Nations unies est une coalition de pays en voie de développement conçue pour promouvoir les intérêts économiques de ses membres et augmenter leur capacité commune de négociation. Créée par 77 pays, il en compte actuellement 132. Grâce à ses pétro-dollars, la Guinée équatoriale est beaucoup plus présente sur la scène internationale ces dernières années, la coopération Sud-Sud étant l'un des chevaux de bataille de son président. Parmi les chefs d'Etat participant au sommet figurent l'Equato-guinéen Téodoro Obiang, le Gabonais Ali Bongo, le Tchadien Idriss Deby, le Camerounais Paul Biya ou encore le Béninois Thomas Yayi Boni. Le Groupe ACP a été institué par l'Accord de Georgetown en 1975 et compte 79 Etats membres dont 48 d'Afrique sub-saharienne, 16 des Caraïbes et 15 du Pacifique.
Jeuneafrique