Les voyagistes privés respectent la décision et rassurent leurs clients
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La Covid-19 continue de chambouler le monde. L’Arabie saoudite a décidé de suspendre provisoirement le hajj, dans l’attente d’une évolution positive. L’État du Sénégal demande, en conséquence, aux voyagistes privés d’interrompre toutes les activités y relatives. Une décision approuvée par l’ensemble des acteurs engagés dans le pèlerinage.
‘’J’aimerais préciser de manière très claire que jusqu’à ce jour, l’Arabie saoudite n’a pas pris la mesure d’arrêter, d’interdire le pèlerinage de l’édition 2020’’, précise l’ambassadeur du royaume saoudien à Dakar, Abdullah Ahmad Al Abdan. Qui ajoute : ‘’L’Arabie saoudite a vu la nécessité de patienter et de s’abstenir de prendre de nouvelles obligations, à l’heure actuelle.’’
Mais, en l’état actuel des choses, peu importe la décision qui sera prise, les voyageurs privés du Sénégal n’ont pas l’intention de se formaliser. ‘’La santé est plus importante que tout ce qui peut se faire. Avant d’adorer Dieu et d’effectuer le pèlerinage à La Mecque, il faut être en bonne santé’’, a déclaré hier la chargée de la communication du Regroupement national des opérateurs privés du hajj et de la oumra, Hourèye Thiam, lors d’une rencontre convoquée par le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, destinée aux acteurs engagés dans les activités du hajj et de la oumra.
Une rencontre qui fait suite à la note verbale du 11 mars reçue par le ministre Amadou Ba de son homologue saoudien en charge du hajj et de la oumra. Dans ladite note, il est demandé, en substance, à l’Etat du Sénégal et à tous les gouvernements des pays musulmans de surseoir à tout engagement nouveau concernant l’organisation de l’édition 2020 du pèlerinage à La Mecque, jusqu’à ce que la trajectoire prise par la Covid-19 soit on ne peut plus claire.
En conséquence, hier, le ministre a demandé aux voyagistes privés sénégalais de stopper les opérations qui portent sur des engagements financiers tels que les locations des moyens de transport, les réservations d’hôtels et autres contrats avec les restaurateurs, par exemple. Mais également d’arrêter tout enrôlement de pèlerins, de ne prendre aucun paiement venant de ces derniers. En bref, d’éviter d’effectuer toute forme de dépense relative à l’édition 2020.
Cette invite a trouvé un écho favorable chez les voyagistes privés. La chargée de communication et non moins membre du comité de veille qui coordonne les activités des privés dans le pèlerinage à La Mecque a salué cette décision dure, certes, pour leurs activités, mais au demeurant jugée responsable. ‘’Une personne infectée qui fait le tawaf peut infecter facilement 100 000, 400 000 personnes qui vont, à leur tour, propager ce virus dans leurs pays’’ respectifs, dit-elle.
D’ailleurs, l’ambassadeur saoudien renseigne que cette mesure touche même ses compatriotes et les pays voisins proches. ‘’Même en Arabie saoudite, les personnes n’habitant pas La Mecque ou Médine n’y ont plus accès. Et ceux qui sont déjà partis effectuer la oumra n’y sont pas autorisés. De même que l’aviation civile des pays du Golfe, de l’Egypte de l’Ethiopie’’.
Les ressources déjà engagées par les voyagistes
Les voyagistes, par la voix de leur porte-parole, ont tenu un langage responsable, en prenant acte de la décision de l’Etat et en respectant la décision. Ils l’ont même félicité pour ses instructions à la Délégation générale au pèlerinage aux Lieux saints de l’islam. Celles-ci concernent les dispositions nécessaires à prendre pour que la réflexion se fasse, afin d’amoindrir les conséquences qui ne manqueront pas face à la situation actuelle. Sur les conséquences éventuelles, Hourèye Thiam a abordé la question de l’argent. ‘’Vous n’êtes pas sans savoir que les opérations avaient déjà démarré, pour la plupart des privés. Les gens avaient commencé à faire des paiements. Les privés aussi avaient commencé à faire des opérations concernant leur location, notamment pour l’hébergement, la location d’avions, etc. Donc, c’est des centaines de millions qui ont déjà été injectés dans cette opération du hajj’’.
Toutefois, elle a tenu à rassurer ceux dont les finances sont déjà injectées pour La Mecque. ‘’Il ne sert à rien de réclamer les montants qui ont été versés, parce qu’ils sont sécurisés. Et les gens sont assez responsables pour gérer la situation, le temps que les choses se remettent en place, sous la tutelle du gouvernement et du royaume d’Arabie saoudite’’.
Après avoir fait le résumé de la situation, elle a invité tous les Sénégalais à rester sereins. ‘’Ce qu’a dit l’ambassadeur est très clair. Ce n’est pas une interdiction totale du hajj. C’est une suspension, le temps d’y voir plus clair. Donc, nous mettons en stand-by toutes nos activités, le temps de voir ce qu’il est concrètement possible de faire, d’ici le ramadan’’.
MAMADOU DIALLO (STAGIAIRE)