Un calme précaire règne après le nouveau cessez-le-feu
Le calme régnait toujours en Syrie, plus de cinq heures après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, jeudi 12 avril à 6 heures (5 heures à Paris). Un cessez-le-feu qui suit l'ultimatum fixé par le plan de l'émissaire de l'ONU, Kofi Annan, et qui vise à mettre fin aux violences qui ont fait plus de 10 000 morts dans le pays depuis l'éclatement de la révolte le 15 mars 2011.
Si quasiment aucune violation n'a été constatée, l'armée n'a toutefois pas retiré ses troupes et ses chars des villes selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des militants, comme elle aurait dû le faire depuis mardi en vertu du plan de paix. Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH, a par ailleurs relevé quelques explosions, brièvement entendues à Zabadani, dans la région de Damas, à l'aube. Le quotidien gouvernemental, Al-Watan, a justifié le maintien des forces armées dans ses colonnes jeudi : "Parler d'un retrait de l'armée des villes est une agression flagrante contre la souveraineté syrienne. L'armée est responsable de la protection des régions et permet d'affirmer le pouvoir de l'Etat et de préserver l'ordre public, face au complot extérieur et aux actes terroristes. (…) L'armée syrienne accomplit sa mission (...) et lorsqu'elle l'aura terminée, elle regagnera certainement les casernes", assure-t-il.
ATTENTE
Après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le chef du Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, a appelé les Syriens à manifesterjeudi, le plan de Kofi Annan "garantissant le droit à manifester pacifiquement" - "un point essentie l" selon Burhan Ghalioun. Ces manifestations, jusqu'ici systématiquement réprimées par la troupe, ont diminué en intensité. Mais le test sera vendredi, jour habituel des protestations populaires. "Le cessez-le-feu n'a aucune valeur s'il ne permet pas au peuple de manifester et le plan Annan n'a aucune valeur s'il ne permet pas la transition du pays vers un gouvernement démocratique pluraliste", a estimé Burhan Ghalioun. Qui a aussi exprimé son scepticisme quant aux intentions du régime de Bachar Al-Assad concernant le respect du cessez-le-feu. "La journée n'est pas terminée, nous ne faisons aucune confiance au régime, d'autant plus que les forces armées ne se sont pas encore retirées", a-t-il dit. "Il y a cessez-le-feu mais ils disent qu'ils sont prêts à tirer à tout moment... Que signifie cela ?"
Mercredi, à la veille de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, les opérations militaires ont tué vingt-cinq nouveaux civils, dont dix dans les bombardements de Rastane, ville de la province de Homs tenue par les rebelles depuis des mois, selon l'OSDH. Damas avait annoncé qu'il mettrait fin à ses opérations militaires jeudi matin, tout en prévenant que ses forces répondraient à toute attaque"terroriste", en référence aux rebelles qui s'étaient engagés eux aussi à respecter l'ultimatum si Damas faisait de même.
Le Monde