Haro sur la Sde
Rester trois mois sans eau et recevoir régulière des factures pouvant aller de 7 000 F Cfa à plus de 50 000 F Cfa, il y a de quoi se sentir floué. Les consommateurs accusent la Sde de vol et d’anarque.
Résidant à Pikine Tally Bou Bess, Soukeyna Mbaye n’arrive plus à trouver de l’eau, depuis presque un trimestre. Mais, en dehors de toutes les souffrances liées à l’absence du liquide précieux, ce qu’elle n’arrive pas à comprendre, ce sont les factures que lui présente la Sde, la société chargée de la fourniture de cette denrée. ‘’Nous n’avons pas d’eau, depuis des mois, et ce mois-ci, nous avons reçu une facture de 40 000 F Cfa. C’est vraiment inadmissible’’.
Dans cette famille, les factures se suivent et se ressemblent, malgré la ‘’sécheresse’’ imposée par la Sde. Selon Soukeyna, les factures tournent autour de 40 000 et 60 000 F Cfa. La jeune dame ne s’explique pas pourquoi elle doit payer aussi cher un service inexitant. A bout de nerfs, elle peste : ‘’Ce n’est pas normal ! C’est un manque de considération envers les populations. Nous n’avons pas consommé toutes ces factures qu’ils nous apportent. Pour moi, c’est du vol orchestré par la Sénégalaise des eaux (Sde) sur le dos des consommateurs.’’
Désemparée, Soukeyna souhaite l’intervention de l’Etat pour régler cette situation. Car, non seulement la facturation est ‘’exagérée’’, mais la corvée d’eau est très difficile. ‘’Tous les jours, nous puisons 40 bouteilles de 10 litres chez un parent, sans compter les seaux’’, se lamente-t-elle. En plus de cela, il y a la cherté du transport des charetiers. Ceux-ci demandent 1 000 F Cfa par voyage. De ce fait, elle paie chaque jour 2 000 F Cfa pour le transport de ses récipients, le matin et l’après-midi. La bonne dame, fatiguée par des charges intenables, en veut au chef de l’Etat qu’elle invite à tirer les conséquences de cet échec. ‘’Si Macky Sall ne peut pas gérer correctement notre pays, il n’a qu’à s’en aller. Leur fameux Plan Sénégal émergent qu’ils chantent tant ne nous a pas fait émerger. Les problèmes des Sénégalais se sont multipliés et nous sommes aujourd’hui en train de vivre des situations déplorables. Nous sommes fatigués et l’eau est vitale. Pour moi, les coupures d’eau sont encore plus graves que les coupures d’électricité, car tous nos besoins, nous les faisons avec ce liquide précieux’’, s’emporte-t-elle.
Venue d’Italie pour passer des vacances paisibles, elle regrette de ne pouvoir ‘’savourer’’ son temps de repos. Les épreuves auxquelles elle est soumise se révèlent même parfois dangereuses pour sa santé. ‘’L’autre jour, j’ai même eu une entorse en portant de l’eau‘’, se désole-t-elle.
Adama Ndiaye, domiciliée à Pikine Tally Bou Bess, éprouve les mêmes difficultés. Bien avant le ramadan, la jeune dame n’arrivait plus à avoir de l’eau. Depuis lors, elle s’approvisionne chez sa maman. Dans son appartement, elle n’assure plus les tâches ménagères. Malgré tout, elle continue de recevoir des factures d’eau de 7 000 F Cfa, voire plus. ‘’Je ne cuisine pratiquement pas chez moi ; le linge, n’en parlons pas. Tout cela, je le fais chez ma mère. Ça me parait bizarre et injuste que les agents de la Sde nous apportent des factures jusqu’à présent’’, lâche-t-elle avec amertume. Aujourd’hui, elle se sent impuissante et laissée à elle-même, car non seulement elle ne sait pas à quelle autorité se fier, mais elle ne dispose pas de voies et moyens pour réclamer ses droits.
Marche de protestation
En réponse à cette situation, la population a organisé, la semaine dernière, une marche à Pikine Rue 10. D’après Soukeyna Mbaye, cette initiative n’est que le début d’une réponse de la population consciente du danger qui guette. Ainsi, il est envisagé la constitution d’un collectif pour dénoncer ‘’les abus de la Sde’’.
AIDA DIENE