Publié le 14 Apr 2025 - 16:29
THIÈS - SERVICES FINANCIERS NUMÉRIQUES

L’OQSF alerte sur les risques d’arnaque

 

Fausses annonces en ligne, liens piégés, détournements de transferts... Les techniques utilisées par les arnaqueurs sont nombreuses sur les plateformes de services numériques. Après Ziguinchor et Saint-Louis, l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF) a poursuivi sa campagne de sensibilisation à Thiès, sur les risques liés aux services financiers numériques.

 

Une enquête menée par l’Observatoire de la qualité des services financiers a permis d’identifier les principaux risques auxquels sont exposés les usagers des services financiers numériques (SFN), notamment les manquements en matière de sécurité, de transparence et d’accessibilité. Les résultats ont également servi de base à l’élaboration de recommandations concrètes visant à renforcer la protection des consommateurs. Ainsi, Banda Diop, médiateur des banques et des systèmes financiers décentralisés, souligne l’importance de la prévention et de l’éducation financière. "L’enquête, dit-il, a révélé une expansion rapide des services financiers numériques, mais également de nombreuses insuffisances en matière de protection des usagers".

En effet, les chiffres sont sans appel. D’après Banda Diop, 90 % des usagers recourent aujourd’hui aux services financiers numériques et parmi eux, 38 % ont été exposés à des tentatives d’arnaque ou de fraude. Une situation préoccupante qui a poussé les autorités à réagir. "Ce sont ces risques croissants qui ont motivé la mise en place de cette campagne. Il s'agit d’éduquer, de prévenir et de créer une conscience collective autour des dangers numériques", explique M. Diop.

Conscient de l’ampleur du phénomène, le Premier ministre Ousmane Sonko a récemment instruit, en mars dernier, la création d’un comité national chargé de prendre en charge les risques liés aux fraudes et aux arnaques numériques. Ce comité s’attaquera, en priorité, aux pratiques illégales telles que les ventes frauduleuses en ligne, les faux transferts d’argent et l’usurpation d’identité.

Cette décision gouvernementale vient ainsi renforcer le dispositif mis en place par l’OQSF, en lui donnant une portée nationale et un appui institutionnel fort.

Selon M. Diop, plusieurs problèmes persistent, tels que les transferts défaillants, la couverture réseau insuffisante, le manque de réponse rapide des services clients ou encore le non-respect du parallélisme de communication entre prestataires et utilisateurs. "L’urgence, c’est aussi de mettre en place une association professionnelle des émetteurs de monnaies électroniques pour structurer le secteur", renseigne-t-il.

Les techniques les plus utilisées par les arnaqueurs

La campagne de Thiès a permis aux participants de partager leurs expériences, de découvrir les techniques les plus utilisées par les arnaqueurs (fausses annonces en ligne, liens piégés, détournements de transferts, usurpation de comptes) et d’engager un dialogue entre les usagers, les prestataires et les forces de défense et de sécurité.

"Nous avons besoin d’un accompagnement renforcé des forces de l’ordre pour pouvoir identifier les auteurs de ces actes et prendre des mesures idoines", a plaidé un représentant.

Présent à l’événement, Amadou Moustapha Gaye, coordonnateur de l’Association des consommateurs du Sénégal, a salué l’initiative de l’OQSF qu’il qualifie d’"exemplaire et nécessaire". Selon lui, il est crucial de mobiliser tous les acteurs pour que l’information atteigne le plus grand nombre. "Nous avons mobilisé de nombreux consommateurs ici à Thiès pour leur expliquer les risques des services financiers numériques. Les arnaques sont fréquentes sur les réseaux sociaux, par le biais des transferts d’argent et des fausses plateformes. Il est temps que les Sénégalais prennent conscience de ce nouveau fléau", a-t-il déclaré.

Les conclusions de l’étude menée en 2022 ont permis une analyse approfondie des risques et débouché sur la création d’outils d’aide à la décision. Ces outils visent à améliorer la gestion des risques par l’ensemble des acteurs concernés : prestataires, régulateurs et associations de consommateurs.

La campagne de Thiès s’inscrit ainsi dans une démarche globale de sensibilisation et de renforcement des capacités des usagers face à un secteur en pleine croissance, mais encore fragile. Une action qui traduit la volonté des autorités de bâtir un cadre plus sécurisé, équitable et inclusif pour tous les utilisateurs des services financiers numériques au Sénégal.

Ndeye Diallo (Thiès)

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