Le Saes dénonce les conditions difficiles de vie des étudiants

Le spectacle des longues files indiennes d’étudiants, à l’heure du déjeuner, est insoutenable pour les enseignants membres du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) qui déplorent cet état de fait. Les syndicalistes ont aussi déversé leur colère sur leur ministre de tutelle.
Les étudiants qui ont cours, les après-midi, regagnent les amphithéâtres souvent avec quelques minutes de retard. Ce qui impacte négativement sur les enseignements-apprentissages. Pour le docteur Mouhamadou Ngom, Coordonnateur du Saes/Section université Alioune Diop de Bambey, qui faisait face à la presse à l’issue de l’Assemblée générale organisée hier dans l’enceinte de l’établissement, ‘’par rapport aux conditions sociales, la faible capacité d’accueil du restaurant occasionne toujours des files interminables et avec des dommages collatéraux comme le retard du démarrage des cours. A cela s’ajoute la promiscuité au niveau des logements d’étudiants qui est aggravée par la pénurie de logements dans la ville de Bambey’’.
Au-delà de ces constats, les conditions de travail des enseignants et des étudiants risquent de perturber l’année académique 2019-2020 qui accuse déjà un grand retard dans l’effectivité des enseignements. Par rapport au projet du ministre d’augmenter l’effectif des étudiants jusqu’à 15 000, la coordination met en garde. ‘’L’université de Bambey compte 7 à 8 mille étudiants, à l’heure où nous parlons, parce que nous étions à 4 900 avec une sortie de 100 étudiants, avec une orientation de 3 mille nouveaux bacheliers’’.
Avec ses camarades syndicalistes, Docteur Ngom propose que ‘’le décret d’application, suite à la loi cadre qui a été votée en 2015, soit pris en compte par le président de la République’’. ‘’Dans ce décret d’application, poursuit-il, nous devons avoir la gouvernance qui encadre le mode de fonctionnement des universités publiques du Sénégal’’.
Ces enseignants, qui envisagent, dans les prochains jours, d’aller en grève pour protester contre le non-paiement des missions effectuées dans le cadre de la recherche, ont tenu aussi à démentir le ministre Cheikh Oumar Anne qui déclarait, le 3 mars 2020, en marge de sa visite de travail à l’UADB, la réception d’amphithéâtres. ‘’Contrairement à la déclaration du ministre, aucun amphithéâtre n’est réceptionné à ce jour à l’UADB. Il s’agit plutôt de la réfection d’une salle de 100 places et de la salle de 174 places, communément appelée ‘petit amphi’. A la place des bureaux en construction rapide promis par le ministre, la coordination Saes constate, avec amertume, l’arrivée de 5 containers de marchandises de 40 pieds. Les infrastructures pédagogiques et sociales de l’université, de même que la ville, n’ont pas la capacité d’accueillir l’effectif actuel des étudiants’’, ajoute Dr Mouhamadou Ngom.
A l’université Alioune Diop de Bambey, le nouveau recteur est un cas d’école. Et pour cause, neuf mois après sa nomination, le professeur Mahy Diaw n’a pas jugé utile de rencontrer ses collègues enseignants et les autres travailleurs. Une situation que le Saes juge anormale. Docteur Mouhamadou Ngom : ‘’La mauvaise politique du ministre, sa communication maladroite ainsi que le silence complice et coupable d’un recteur stagiaire qui n’a toujours pas encore rencontré la communauté Per-Pats depuis sa nomination en juillet 2019, à l’image du ministre qui a fait un bref passage à l’UADB, dix mois après sa nomination. Ceci hypothèque dangereusement l’avenir de l’université Alioune Diop de Bambey’’.
Boucar Aliou Diallo