Ce qui reste de l'Obamania de 2008...

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Il y a juste quatre ans, le monde entier (ou presque) espérait qu'une nouvelle page d'histoire des relations internationales était possible avec la victoire du président Barack Hussein Obama à l'élection présidentielle américaine. On rêvait alors de sortir durablement de huit ans de brutalité systématique de Républicains bellicistes et sectaires, donneurs de leçons et affairistes, pour qui le monde était ou blanc ou noir, et les Etats, des alliés ou des ennemis...
Malgré l'appel à la prudence d'observateurs avertis, l'Obamania ambiant s'est très vite imposé comme une réalité alors qu'il ne s'était exprimé que dans le discours, devenant un phénomène planétaire inarrêtable. Le monde entier en avait marre de cette coterie de va-t-en-guerre républicains scotchés au cœur des processus de décision politique, économique et militaire de la seule grande puissance planétaire. Partout, on tablait, secrètement ou bruyamment, sur un changement fondamental de la politique étrangère des Etats-Unis pour favoriser un monde plus sûr et convivial, moins guerrier et inclusif. En un mot, l'idée était de mettre fin à la stratégie de tension permanente consubstantielle à la volonté de domination intégrale des Etats-Unis d'Amérique sur tout et sur tous. Une ambition qui passait par le court-circuit des foyers d'incendie créés de toutes pièces par les Bush et dont l'épicentre fut le dossier scabreux des attentats du 11 septembre 2001. En Obama, on espérait que la finesse, la modération et l'intelligence stratégique dont il faisait montre dans le discours contribueraient à cette recherche d'une paix durable à laquelle la calamité des Bush s'était toujours opposée. On allait voir ce qu'on allait voir !
Désillusion
Mais quatre ans plus tard, la désillusion semble l'avoir emporté sur les espérances folles de 2008. Où l'on voit comment, dans la plus prestigieuse des démocraties dans le monde, un président très bien élu peut se retrouver politiquement incapable d'agir pour donner corps au programme pour lequel il a été choisi par les grands électeurs de son peuple ! Sans doute, Barack Obama a-t-il dû faire face à cet équilibre des pouvoirs qui, dans la vision des Pères fondateurs de la démocratie américaine, doit prémunir contre les dictatures rampantes. Résultat, il a été un président muselé, contraint de partager le pouvoir, de discuter chaque virgule de projet avec une composante républicaine revancharde.
C'est donc à l'extérieur que le président américain s'est davantage projeté pour limiter les dégâts d'une crise économique et financière contre laquelle il a fait ce qu'il a pu. Par réalisme et par nécessité, il a extirpé les armées américaines de l'enfer d'Afghanistan, mais il a donné au monde entier une double image : un dirigeant adepte des assassinats ciblés avec recours aux drones et Forces spéciales ultra-entraînées, un patriote soucieux de sauver son pays de l'impotence politique, de l'asphyxie économique et financière. Par devoir, Obama a supervisé la guerre des Nations-unies contre le régime de Mouammar Kadhafi, en la sous-traitant à l'OTAN à partir de mars 2011. Pour l'administration américaine, l'expédition militaire contre le régime du défunt guide libyen avait du sens : elle se voulait la composante terreur du discours politique et intellectuel de Barack Obama devant le Parlement ghanéen, à Accra, le 11 juillet 2009. Paradoxalement, trois semaines plus tôt, un speech d'une grande tonalité prononcé à l'Université du Caire à l'adresse du monde musulman, témoigna de ses limites fondamentales de pressions sur Israël, un Etat pas moins violent que cette pauvre Libye détruite par des bombardements ininterrompus de plusieurs semaines.
Romney, le pire
Il est vrai que la politique des Usa sous Obama est bien plus compliquée que cela. Mais l'Obamania planétaire né en 2008 a été jugé sur pièces : c'est une doctrine moyennement sectaire. Elle a jugé utile de casser l'ennemi libyen, mais elle a fait le choix de sauver la monarchie de Bahreïn tout aussi coupable de massacres sur les forces démocratiques qui voulaient rejoindre le Printemps arabe. Elle est en train de vouloir intervenir au Nord-Mali, mais en même temps, ses alliés d'Arabie Saoudite et du Qatar soutiennent en Syrie des mouvements présumés terroristes car issus des flancs d’Al-Qaïda. Ce qui reste de l'Obamania ? Une chose, et peut-être une seule : il est préférable à Bush hier, à Mitt Romney aujourd'hui. Va pour Obama ce 6 novembre...
MOMAR DIENG
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