Publié le 30 Oct 2014 - 19:21
ZAMBIE

Michael Sata, «le roi cobra», est mort

 

Le président zambien Michael Sata est décédé mardi soir à 77 ans à Londres, succombant à la maladie qui le tenait largement à l'écart de la scène publique et alimentait une féroce bataille de succession à la tête de ce pays grand producteur de cuivre.   

 

Après des mois de déni, de fausses alertes voire de répression contre quiconque osait évoquer la mauvaise santé du président, le secrétaire général du gouvernement Roland Msiska a annoncé la nouvelle à la radio mercredi.

«C'est le cœur lourd que je vous annonce le décès de notre bien-aimé président Michael Sata», a déclaré M. Msiska, tandis que tout le gouvernement entrait d'urgence en réunion avant une conférence de presse prévue dans la matinée.

Il a appelé ses compatriotes à rester calmes alors que le flou demeure sur la période de transition ouverte par le décès de M. Sata, après trois ans de présidence marquée par une dérive autoritaire, et des liens resserrés contre toute attente avec la Chine, qui a d'importants intérêts dans les mines de cuivre.

Selon la Constitution, c'est le vice-président Guy Scott qui doit assurer l'intérim en cas de décès, mais pendant les voyages du chef de l'État, ce rôle était dévolu au ministre de la Défense Edgar Lungu.

Le cuivre assure 70% des recettes d'exportation de ce pays d'Afrique australe (7e producteur mondial), abondamment doté en ressources naturelles, terres, forêts, eau, cuivre, cobalt et émeraudes notamment.

Le pays a connu un régime de parti unique sous son premier président Kenneth Kaunda - toujours vivant et âgé de 90 ans - du début des années 1970 jusqu'en 1990, mais a vécu depuis deux alternances pacifiques. 

La prochaine élection présidentielle n'était en principe pas prévue avant 2016 mais en cas de décès du président de nouvelles élections doivent être organisées sous 90 jours, soit d'ici fin janvier.

Une nouvelle Constitution, promise pendant sa campagne par M. Sata, a été rédigée, mais toujours pas promulguée.

Le «Roi Cobra» 

M. Lungu pourrait être le candidat du Front patriotique (PF), le parti arrivé au pouvoir avec M. Sata en septembre 2011, mais il n'est pas le seul sur les rangs.

Depuis des mois, les rivalités faisaient rage au sein du Front patriotique, tandis que l'opposition dénonçait un pays en «pilotage automatique» faute de voir M. Sata, autrefois grand amateur de bains de foule et excellent tribun. «Je suis très choqué par le décès de notre président (...) Nous sommes déjà passés par là dans le passé mais nous avons maintenu la paix et j'espère que nous resterons pacifiques», a commenté l'ex-président Rupiah Banda qui a dirigé la Zambie de 2008 à 2011. 

M. Banda fait partie des personnalités qui ont fait les frais ces trois dernières années de poursuites judiciaires pour corruption, déclenchées sous la présidence Sata.

Surnommé le «roi Cobra», M. Sata était avant sa maladie connu pour son punch et son franc-parler. Il n'avait plus été vu en public depuis son retour de l'Assemblée générale des Nations unies le mois dernier à New York, où il n'avait pas pu prononcer son discours. 

Le 19 septembre, il avait refait surface au parlement pour clamer: «Je ne suis pas mort».

À la chinoise

Longtemps champion des slogans anti-chinois lorsqu'il était dans l'opposition, M. Sata avait pris le temps en juin de longuement recevoir une imposante délégation chinoise emmenée par le vice-président Li Yuanchao, et de signer plusieurs accords. 

Pays classé parmi les économies néo-émergentes, à fort potentiel quoique encore risqué, la Zambie enregistre depuis dix ans une croissance supérieure à 6% et mène une politique d'industrialisation d'inspiration chinoise.

Cet essor et les profits tirés du cuivre n'ont cependant pas entraîné une réduction significative de la pauvreté et le chômage, ce que M. Sata dénonçait à chacune de ses campagnes, avant de décevoir ses propres amis politiques une fois au pouvoir.

«Le Sata pour lequel le peuple zambien a voté est mort il y a longtemps. Celui que nous avons au palais présidentiel est un autre Sata», avait dénoncé l'an dernier le père Frank Bwalya, ancien proche de M. Sata passé dans l'opposition. 

 

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