La fin d'un pacte
La prise d'otages d'In Amenas marque la fin du pacte de non-agression mutuelle entre l'Etat algérien et les groupes armés islamistes. Il prévalait depuis la mise en place d'une politique de concorde civile et d'aministie entre 1999 et 2004. Cette évolution a lieu dans un contexte d'immobilisme politique, dû aux incertitudes sur une éventuelle modification de la Constitution et un maintien au pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika.
Depuis une dizaine d'années, l'Algérie est parvenue à confiner les groupes islamistes dans le Sahara et en Kabylie. Un pacte tacite entre l'Etat et les groupes armés (obtenu grâce à la loi sur la concorde civile et aux amnisties) a permis d'obtenir un niveau de violences limité en intensité, mais aussi géographiquement. C'est ce pacte qui a volé en éclat avec l'intervention française et la décision de l'Algérie d'accepter le survol de son territoire. Mais Alger n'avait pas d'autre choix que de suivre Paris, dans la mesure où le régime n'avait pas été capable d'empêcher que le chaos s'installe au Mali, qu'il considère comme son arrière-cour.
L'Algérie court le risque d'être déstabilisée par la situation née de cette guerre. L'attaque d'un site gazier est un évènement majeur, qui laisse le pouvoir muet. Aucune déclaration des plus hautes autorités de l'Etat n'est venue ponctuer la situation. Qui tient le pouvoir en Algérie ? Qui prend les décisions, dans un contexte politique qui tourne entièrement autour de la question du maintien au pouvoir du président Bouteflika après la fin de son mandat en 2014 ?
Par son incapacité à assurer la sécurité d'un site stratégique, par son incapacité à avoir une politique régionale claire et efficace, l'Algérie a montré au monde ses faiblesses. Et ce partenaire sera certainement considéré d'un œil nouveau par la communauté internationale.
RFI