''On avait reçu 500 mille francs de prime de qualif à la Can 2000''
El Hadji, peut-on savoir comment s'est faite votre reconversion comme entraîneur de football ?
C'est pratiquement grâce à mon président Abdoulaye Touré (président de Yeggo, ndlr) que je me suis reconverti. J'ai arrêté ma carrière de footballeur à cause d'une rupture des ligaments croisés du genou. J'avais essayé de reprendre la compétition pendant deux ans avec mon club, le Raja de Casablanca (D1, Maroc). Puis, je suis rentré au bercail, à Yeggo, pour me relancer. J'ai joué une saison en 3e division sans pouvoir retrouver ma meilleure forme. C'est à ce moment que M. Touré m'a dit : ''Puisque tu ressens toujours des douleurs, je te suggère de te reconvertir en entraîneur, parce que tu en as les qualités.'' J'ai commencé à apprendre à ses côtés comme adjoint en 2006, puis j'ai commencé à prendre goût au métier. Ensuite, il m'a mis en rapport avec un autre collaborateur, Malick Diop, le fils de l'ancien international Yatma Diop, qui m'a beaucoup appris surtout sur le plan mental. Si je suis devenu entraîneur de Yeggo, c'est grâce à Malick Diop dont je fus l'adjoint de 2008 à 2010. Parce que c'est lui qui est allé voir mon président pour lui conseiller de me remettre l'équipe après son départ. C'est ainsi qu'on m'a confié l'équipe depuis la saison passée. J'ai commencé à passer les examens pour l'obtention du diplôme en 2008. J'ai fait la licence avec les Victor Diagne, Alé Maal. Je suis titulaire actuellement de la licence C.
Et dès votre première saison avec Yeggo, vous faites monter l'équipe en Ligue 1...
(Il coupe). C'est l'année où Malick Diop a dit au président que je pouvais tenir l'équipe. Et Dieu a fait que son rêve de me voir amener le club dans l'élite soit exaucé. Donc 13 ans après la descente, Dieu a fait que le retour de Yeggo en Ligue 1 passe par moi.
Et comment avez-vous vécu ce moment ?
Quand on réussit dans un domaine, on ne peut être qu'heureux. Le jour de la montée est la plus grande réussite de ma carrière sportive. J’avais fait monter Yeggo en première division puis l'y avais maintenu en tant que joueur avant d'aller au Maroc.
Yeggo n'a gagné aucun match depuis le début de la saison. Quel est le problème ?
Être promu, c'est difficile, en plus d'avoir une équipe jeune et sans expérience. On a aussi eu des départs en début de saison, et on n'a pas recruté pour combler, sans compter les blessés, qui se trouvent être les cadres de l'équipe. C'est pratiquement ce qui explique nos difficultés à gagner un match durant la phase aller. Mais on commence à récupérer nos blessés et à la phase retour, Yeggo va montrer un autre visage. Notre objectif, c'est le maintien.
‘’ On a tendance à oublier la génération 1999’’
Revenons maintenant à votre carrière arrêtée à cause d'une rupture des ligaments croisés du genou. Comment l'aviez-vous contractée ?
J'ai contracté ma blessure en sélection en 2001, lors des éliminatoires de la Can (Coupe d'Afrique des Nations) 2002 au Togo. C'est en début de seconde période de ce match, qu'on a d'ailleurs perdu (1-0), que j'ai eu cette rupture des ligaments croisés du genou. Après, je suis rentré au Raja où je suis resté six mois sans jouer, six mois en rééducation, puis j'ai repris la compétition pendant presque deux autres années. C'est là que j'ai commencé à ressentir des douleurs encore. J'ai dû raccrocher pendant trois mois, je suis revenu au Sénégal avant de repartir vers l'Arabie Saoudite, à Al Wahda de La Mecque. Après une saison dans ce club, je suis revenu encore au Sénégal avant de rejoindre Sakarya Sport en D1 turque où j'ai retrouvé Oumar Diallo (ancien portier des Lions). Je n'y ai passé que sept mois parce que les douleurs ont refait surface avec l'hiver. Et c'est là que j'ai définitivement raccroché les crampons en 2005.
On dit que la génération 2002 est le prolongement de celle de 1999...
C'est vrai (catégorique). En 1999, chaque joueur convoqué venait pour son amour au maillot national. Il n'y avait pas de moyen, pas de sponsor, les regroupements étaient au centre d'accueil du stade Léopold Sédar Senghor. C'est seulement à l'avant-veille qu'on rejoignait l'hôtel. Que ce soit les pros ou les joueurs locaux, ils étaient tous de vrais Diambars. Ils méritaient vraiment le maillot national. Parce qu'on faisait beaucoup de sacrifices pour rejoindre la sélection. Mais quand il s'agit de rappeler l'histoire de l'équipe nationale, on a tendance à oublier cette génération 1999. On ne cite que celle de 2002, alors que c'est nous qui avions vraiment amorcé la reconstruction. Si, aujourd'hui, des expatriés osent venir en sélection, c'est aussi grâce à la génération 1999.
Et les problèmes de primes ?
Ce n'était pas un problème pour nous. Car nous, les pros, on donnait nos primes aux locaux. Après notre qualification pour la Can 2000, on n'a reçu que 500 mille francs Cfa de prime. On les a reversés aux locaux pour qu'ils aient au moins 1 million. Aujourd'hui, ce sont des millions parce qu'il y a assez de moyens. Ils sont plus chanceux que nous. Ceux de 2002 ont plus de talent que nous. Mais notre force réside dans l'homogénéité du groupe. Il y avait une bonne symbiose entre professionnels et locaux. On se disait qu'il fallait mouiller le maillot pour permettre aux locaux d'avoir une bonne prime. On venait donc dans cet état d'esprit. On se disait que c'est nous qui avions le plus besoin de l'équipe nationale et non le contraire.
On vous a connu milieu de terrain ou arrière-droit. Quel était votre poste de prédilection ?
J'ai une fois eu un accrochage avec Peter Schnittger (ancien sélectionneur de Lions entre 1999-2000) à cause de mon poste. Il me faisait jouer comme arrière-droit. Alors un jour, je lui ai dit que j'étais meilleur au milieu. Dans tous les clubs où je suis passé, j'ai évolué à ce poste. Je lui ai dit que pour tous les matches où il me faisait jouer arrière-droit, je ne faisais que dépanner l'équipe. C'était contre le Nigeria à Dakar (1-1). Chacun était resté sur sa position, c'est finalement Oumar Diallo qui est venu me demander d'accepter le poste. Depuis ce jour, Peter m'a confiné sur le flanc.
Quel est le match qui vous a le plus marqué en équipe nationale ?
(Il coupe). C'est le match perdu (2-1) contre le Nigeria à Lagos en quart de finale de la Can 2000. C'était un match qu'on pouvait gagner. Mais avec l'atmosphère chaude du stade ce jou-là et la tournure des événements, il y avait une certaine peur qui nous a fait perdre notre concentration. Je pense sincèrement qu'aucune autre équipe nationale de foot du Sénégal ne pourra réaliser le même match. Car aller à Lagos et tenir tête au Nigeria dans ces circonstances n'était pas facile. C'était dur sur tous les plans mais nous étions préparés à ce genre de matches. L'équipe avait la hargne, le caractère pour faire un bon résultat mais Dieu en avait décidé autrement.
Quel est votre pire souvenir en football ?
(Catégorique). Mon pire souvenir, c'est le jour où je me suis blessé au genou avec rupture du ligament. Cette blessure qui a gâché ma carrière. Elle m'a fait perdre un gros contrat parce qu'au lendemain de ce match, je devais aller faire la visite médicale à Wolfsburg en Allemagne avant de signer.