Publié le 9 Feb 2014 - 21:34
NIGERIA, BURUNDI, BURKINA FASO

Sale temps pour partis au pouvoir

 

Partis au pouvoir en Afrique, faites vos jeux, rien ne va plus. Ainsi serait-on tenté de résumer la situation qui prévaut au sein de certaines majorités politiques sur le continent noir. Au Nigeria, au Burundi et au Burkina Faso, un vent de fronde souffle sur les partis présidentiels, compromettant au passage, sinon leur suprématie, du moins l’avenir politique de leurs champions. Signe qu’un temps est révolu ? Celui de la dévotion servile à «Son Excellence président-fondateur» ? Pas évident. Mais ce qui se passe dans ces trois pays est rare sous nos tropiques pour être souligné.

Au Nigeria. Depuis quelques mois, le Parti démocratique populaire (PDP), parti présidentiel, est en proie à une saignée de cadres.

En effet, le 29 janvier, 11 de ses  sénateurs ont quitté le navire pour rejoindre l’opposition, particulièrement le Congrès de tous les progressistes (APC). Bien avant ce départ, c’était 37 membres de la Chambre des représentants qui rendaient leur démission du PDP en décembre 2013. Sans compter qu’un mois auparavant, 5 gouverneurs prenaient leur distance avec le parti du président Goodluck Jonathan.

Au Burundi. Ici, la majorité présidentielle, CNDD-FDD Hutu, qui est en rupture de ban avec son principal allié au gouvernement, l’Union pour le progrès national (UPRONA), parti tutsi. Un désamour consommé le mercredi 5 février dernier avec la démission à l’exécutif de trois ministres de l’UPRONA de l’exécutif. Un coup dur pour le président burundais, Pierre Nkurunziza, puisqu’à la présidentielle de 2010, seule la formation tutsi avait accepté de participer au vote.

Au Burkina Faso. Au «Pays des hommes intègres», le nouvel an 2015 marque une nouvelle aube dans le paysage politique burkinabè. Comme on le sait, le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), est secoué par une crise sans précédent dans son histoire avec la démission de plusieurs de ses cadres et pas des moindres dont Roch Marc Christian Kaboré (qui fut tour à tour PM, président de l’Assemblée nationale et chef du parti), Salif Diallo (plusieurs fois ministre d’Etat et homme de confiance du chef de l’Etat) et Simon Compaoré (maire de la capitale pendant une quinzaine d’années).

Au Nigeria, au Burundi comme chez nous au Faso, les mêmes causes ont fini par produire les mêmes effets : du refus des chefs d’Etat de se conformer à la Loi (écrite ou tacite) sont partis ces mouvements internes de libération.

Chez le «Géant de l’Afrique», alors que la tradition au sein du PDP institue une candidature tournante entre musulman et chrétien à la présidentielle, Goodluck Jonathan, au pouvoir depuis 2010, est soupçonné de vouloir faire entorse à ce gentlemen’s agreement afin de briguer un autre mandat en 2015.

Dans l’ancienne colonie belge, la crise au sein du gouvernement de coalition tire, elle aussi, ses origines de la volonté du président actuel de demeurer au pouvoir au-delà des deux mandats que lui autorise la Constitution : élu en 2005 et réélu en 2010, Pierre Nkurunziza ne fait pas mystère de ses intentions de tripatouiller la loi fondamentale aux fins de postuler à un troisième quinquennat en 2015.

Idem au «Pays des hommes intègres», où le parti au pouvoir appelle à un déverrouillage de la loi fondamentale, qui permettrait au président Compaoré de briguer un cinquième mandat en 2015.

Or à vouloir régner sans partage, même dans son propre camp, on finit, tôt ou tard, par liguer contre soi des ambitions déçues. Et comme on le sait, les pires anticléricaux se recrutent parfois parmi les anciens séminaristes.

Le Nigérian Goodlock Jonathan, le Burundais Pierre Nkurunziza et le Burkinabé Blaise Compaoré sauront-ils voir à travers ces contestations internes un signe des temps au lieu d’y apercevoir «un non-événement» comme le serinent bien de flagorneurs ?

Lobservateur.bf

 

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