Low-cost de référence

La filiale de Lufthansa, en plein essor depuis deux ans, a une excellente réputation.
«Une compagnie sérieuse et sûre.» Lorsque l’on interroge des pilotes sur la filiale low-cost de Lufthansa, premier groupe aérien européen, ce sont les deux adjectifs qui reviennent en boucle. «Elle a le même profil qu’un Easyjet ou que Transavia en France et elle est gérée à l’allemande, les méthodes de travail sont plus rigoureuses que les nôtres», témoigne un commandant de bord du groupe Air France-KLM. Jusqu’à ce jour, Germanwings - fondée en 1997 et passée à 100% sous le contrôle de Lufthansa en 2009 - n’avait connu «aucune perte totale d’avion», selon l’expression de son porte-parole.
Les circonstances du drame, inhabituelles, donnent lieu à de nombreuses spéculations. En décembre, un appareil Germanwings du type A320 avait évité un accident lors de l’atterrissage à l’aéroport Cologne-Bonn, à la suite d’émanations de vapeurs toxiques qui avaient obligé les pilotes - sur le point de perdre connaissance - à libérer les masques à oxygène. Des incidents similaires s’étaient déjà produits en 2008 et en 2010 à bord d’Airbus de la compagnie.
Plus grave, en décembre, un avion en provenance de Bilbao avait lui aussi échappé de peu à la catastrophe, piégé par son système informatique - l’A320 est équipé d’ordinateurs à même de juger si les décisions de pilotage de l’équipage sont justifiées ou non. «L’appareil n’avait échappé au pire que parce que le pilote a finalement débranché l’ordinateur - devenu fou - qui l’empêchait de piloter», rappelle l’expert aérien Andreas Spaeth.
Malgré ces incidents, Germanwings jouit d’une excellente réputation. Le site Airlineratings lui attribue la note maximale (7 sur 7) en matière de sécurité. Le site Securvol lui donne pour sa part un «B» sur une échelle de A à E, soit un «niveau correct», équivalent à celui d’Air France. En 2015, Germanwings était en lice dans la catégorie «meilleure compagnie low-cost» aux Air Transport News Awards, récompense décernée par le magazine spécialisé Air Transport News.
Troisième entreprise aérienne allemande derrière Lufthansa et Air Berlin, Germanwings a connu un fort développement depuis deux ans et la décision de sa maison mère d’opérer un virage low-cost afin de concurrencer sur leur terrain Easyjet et Ryanair. La compagnie a alors revu sa grille tarifaire et étoffé sa flotte en reprenant d’anciens avions de Lufthansa, dont cet A320 de 24 ans. L’objectif pour Lufthansa ? Transférer progressivement ses liaisons domestiques et européennes à Germanwings (à l’exception des hubs de Munich et Francfort acheminant ses passagers long-courriers) afin de se recentrer sur les vols longs distance et haut de gamme de plus en plus concurrencés par les compagnies du Golfe.
Une stratégie qui a largement inspiré Air France et son projet, abandonné lors de la grève des pilotes de septembre, de lancer un Transavia Europe. Au pays du compromis social, cette migration, qui doit se terminer au printemps et a déjà abouti au transfert de 115 liaisons de Lufthansa à Gremanwings, ne s’est pas faite sans heurts. A trois reprises, les pilotes de Germanwings se sont mis en grève en 2014 afin d’obtenir le maintien d’un financement avantageux en cas de départ en préretraite.
Germanwings a d’ailleurs une chance dans son malheur : son nom doit bientôt disparaître avec sa fusion, déjà programmée, avec Eurowings, l’autre filiale low-cost de Lufthansa dédiée aux long-courriers vers des destinations touristiques.
(Liberation.fr)