Washington et Paris lancent l'opération «Ramenez l'argent !»
Il y a une sorte de jurisprudence internationale en la matière. Feu Sani Abacha, l’ancien dictateur nigérian, a été le premier à en faire les frais. Au lieu de s’époumoner derrière des procédures judiciaires contre des «fuyards», d’influents responsables de l’Etat envisagent de plus en plus la solution du rapatriement des deniers publics détournés. Une procédure est en train d'être peaufinée dans ce sens que cela flanque la trouille à bien de gros calibres de l'ancien régime. D’importants pontes de la nouvelle administration sont en voie de prendre les airs pour entamer des tournées aux Usa et en France pour s’imprégner des réalités de ces nouvelles procédures. Mais déjà, il y a une bonne documentation toute prête, pour usage. Nos sources révèlent en effet que Washington et Paris ont fini de ficeler un bon dossier sur le circuit de l'argent mal acquis et que l'Etat du Sénégal sait aujourd'hui comment les fonds détournés ont été planqués à l'étranger. Et qui a joué quel rôle dans ce cadre. Mieux, grâce à cette nouvelle forme de coopération, le gouvernement du Sénégal sait tout de la fortune d'un Karim Wade, sur son réseau souterrain, ses placements, un peu partout dans le monde. Il faut dire que cela tombe certes mal pour les tenants de l'ancien régime, mais bien pour le successeur de Wade. C'est un secret de Polichinelle que les pays occidentaux, face à la crise mondiale galopante et à la pression de leurs opinions publiques, éprouvent toutes les peines du monde à jouer leur rôle classique en décaissant des milliards en profit des pays du sud. La conséquence, c'est que l'aide tarit de plus en plus, alors qu'il faut trouver des solutions alternatives pour éviter un effritement d'Etats fragiles comme le Sénégal ; qui ferait le lit d'Al Qaida et des narcotrafiquants. Le rapatriement des fonds détournés fait justement partie de cette nouvelle politique. C'est dire que les Wade sont très mal barrés.