Publié le 26 Jul 2019 - 01:56
OUMAR EL FOUTYOU BA, CONSEILLER AU BUREAU ORGANISATION ET METHODE

‘’La grande innovation, c’est la création des unités de suivi’’

 

Conseiller en organisation au Bureau organisation et méthode, Oumar El Foutyou Ba revient sur les missions du secrétariat général new-look et l’impact de l’absence du Pm dans le fonctionnement des affaires présidentielles.

 

Après des semaines de mise en œuvre, peut-on dire que la suppression du poste de Premier ministre a produit les effets escomptés ?

A mon avis, c’est très tôt de juger de l’effet des mesures qui ont été prises dans le cadre de cette réforme. Ce qui est important, c’est que lorsque le chef de l’Etat donne le la, que l’on puisse imprimer l’action du gouvernement au même rythme. D’autant plus qu’on est dans un contexte où l’on parle de ‘’Fast-track’’. En supprimant le poste de Premier ministre, on a allégé les procédures. Et cette simplification des procédures a pour ambition de permettre à l’Administration d’aller plus vite pour atteindre les objectifs. L’autre aspect à retenir, c’est qu’en définitive, seule la satisfaction du citoyen doit être au cœur de l’action gouvernementale. C’est tout ça qu’il va falloir étudier à l’avenir, pour dire si la suppression a été bonne ou mauvaise. Mais il est très tôt pour en juger.

Pensez-vous que des mesures d’accompagnement nécessaires ont été mises en place pour réussir la transition ?

Oui, il y eut des mesures d’accompagnement. C’est le cas, par exemple, des unités de suivi créées pour accompagner le Secrétariat général du gouvernement. Ces unités peuvent produire des effets positifs pour une mise en œuvre efficace des politiques. Maintenant, il faut savoir que l’action de coordination n’est pas facile. Il faut des indicateurs de suivi, voir les écarts entre les orientations et les résultats obtenus. Et pour ce faire, le choix des hommes est très important. Il faut des hommes qui connaissent la planification, la coordination, donc le management ; des hommes qui connaissent ce qu’est le suivi.

D’ailleurs, la création de ces unités est l’une des grandes innovations, suite à la suppression du poste de Pm. Et elle doit permettre d’assurer réellement l’action gouvernementale, dans un cadre qui aide à mesurer les résultats, à voir quels sont les progrès qui ont été réalisés en fonction des prévisions.

Mais est-ce que cette mission de coordination qui incombe au secrétaire général du gouvernement ne risque pas de rencontrer des obstacles, du fait de l’absence d’un rapport hiérarchique avec les départements ministériels ?

Il n’y a aucun problème, dans la mesure où le secrétaire général est toujours dans son rôle antérieur qui consiste à assurer le travail technique de coordination. Ce qui est important, c’est plutôt que l’Administration puisse fonctionner à bon escient. Et il faut savoir que l’Administration fonctionne à partir de rapports, à partir d’éléments de fonctionnement, de systèmes qui permettent de remonter les données.

Il est donc important de mettre le focus non pas sur les hommes, mais sur les fonctions, la fonction suivi-évaluation surtout, pour assurer le développement. A ce niveau, les indicateurs de mesure de résultats sont indispensables. Ce qui nécessite un travail préalable à faire pour statuer sur les meilleurs indicateurs possibles. Car les indicateurs qui permettent le suivi au niveau stratégique ne sont pas les mêmes par rapport au suivi opérationnel. Il faut de bons indicateurs de pilotage. Mais ça ne doit pas être un problème au Sénégal, parce qu’on a une tradition d’avoir des éléments sur lesquels nous appuyer pour assurer cette fonction, avec notamment le ministère des Finances, le Bureau organisation et méthode.

Maintenant, il faut simplement de la rigueur. Malheureusement, c’est ce qui nous manque parfois. Et je pense que la mise en place de ces unités nous permettra d’aller dans ce sens.

Diriez-vous comme certains qu’en réalité, c’est le secrétariat général qui a pris la place de la primature ?

Je ne peux pas me prononcer sur cet aspect de façon tranchée. Dans l’Administration, ce qui est important, encore une fois, ce sont les missions et les fonctions. Et non pas les positions de façon générale. L’essentiel est que certaines fonctions soient exercées. D’où l’importance de mettre en place un système qui permette, non pas à des hommes d’émerger, mais plutôt des fonctionnaires rompus à la tâche, au service de l’équipe et de l’intérêt général. De sorte que, quand vous prenez l’Administration de façon classique, vous ne voyez pas une faillite collective, mais des faillites individuelles qui peuvent être noyées dans cet effort collectif.

Il est donc plus important de mettre en avant la mission. Quelle est la mission d’un Premier ministre, d’un secrétaire général du gouvernement… ? L’essentiel est donc de s’assurer que ces missions qui incombaient au Pm soient bien assurées en son absence. En l’état actuel des choses, on ne peut pas dire que la mission ne sera pas assumée.

Vous conviendrez donc qu’il existe une certaine ressemblance entre les missions du Sg et celles qui revenaient au Pm ?

Ce qu’il faut savoir, c’est que la fonction de coordination de l’action gouvernementale qu’incarnait le Premier ministre a toujours été assurée par le secrétariat général, articulé autour d’une équipe de fonctionnaires chevronnés. Le Pm jouait plus un rôle d’arbitrage et c’est ce rôle qui revient désormais au Sg. Mais, à l’exercice, on verra sur la base des résultats.

Quelle est la place du Sg de la présidence dans cette nouvelle architecture institutionnelle ?

C’est deux missions à part. Le Sg de la présidence, quelle que soit son rang, ministre d’Etat ou pas, est Sg au niveau de la présidence. Il est l’appui du chef de l’Etat dans la sphère présidentielle. Il n’y a donc aucun problème à ce niveau.

Vu l’importance du poste, est-ce que l’absence de son patron ne peut pas être préjudiciable au fonctionnement de l’institution ?

Comme je l’ai dit, le plus important, c’est l’équipe, ce sont les systèmes, dans la mesure où l’Administration ne connait pas l’individu. Elle fonctionne en prenant en compte les systèmes. Et dans ce système, il y a les adjoints : deux au moins. Quelquefois même trois. Donc, c’est comme si le Sg était là. Il ne peut pas y avoir de retard dans les dossiers. D’autant plus qu’avant même que le dossier n’arrive au Sg ou à son adjoint, il y a toute une soupape de sécurité qui permette de les épurer… L’absence n’est donc pas un écueil en soi. Celui qui assure l’intérim, Oumar Samba Ba, a une expérience très importante dans ce métier. Il a une grande expérience, a été formé à l’Ena du Sénégal et de la France. C’est un homme de l’art et il n’y a pas que lui.

En revanche, ce que l’on peut condamner, c’est que lorsque l’on va dans certains ministères, on en arrive à individualiser les dossiers. La bonne marche de l’Administration est référée à la présence d’une personne. Ce qui ne doit pas être le cas. La satisfaction du citoyen doit être notre seul objectif. Le tout dans la l’assujettissement à l’autorité politique. Ce qui n’enlève en rien à notre indépendance et notre autonomie de pensée.

PAR MOR AMAR

 

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