Le blues des marchands ambulants
Le mois de ramadan vient à peine de commencer que ses conséquences se font déjà ressentir. Pour les marchands ambulants de Dakar, ces effets se résument à une baisse notoire des ventes.
Les marchands ambulants qui sillonnent les artères de la capitale font désormais partie du paysage. Munis de journaux, lunettes de soleils, cartes téléphoniques, cafés, biscuits ou autres marchandises ils sont présents à tous les coins de rues, du matin au soir. Mais avec ce mois béni, les ambulants connaissent une sévère baisse de régime, dans leurs activités commerciales.
En effet, la majorité des sénégalais, musulmans pratiquants, ne mangent ni ne boivent jusqu'au coucher du soleil. Alors pour les vendeurs de nourriture, c’est la saison creuse. ''Avant le mois de ramadan, le café se vendait très bien . Mais maintenant, les seules ventes que je fais, c'est après la rupture du jeûne'', se plaint un des vendeurs de café installé à côté du Stade Léopold Sédar Senghor.
''Les sénégalais sont subitement devenus plus pieux''
Toutefois, ne sont pas aucunement touchées les denrées alimentaires. Du côté des marchands de journaux, les ventes sont également moins importantes, en ce mois béni. ''Les sénégalais sont subitement devenus plus pieux'', déclare Abdoulaye Tall, rencontré en face de l'École Nationale de Développement Sanitaire et Sociale (ENDSS). ''Normalement à cette heure, la moitié de mon stock est déjà écoulé. Certains quotidiens sont même complètement finis, mais aujourd'hui il m'en reste plein'', laisse entendre le vendeur de journaux. En effet, ''au lieu de lire les journaux, ils préfèrent désormais lire le saint Coran ou écouter des émissions religieuses à la radio'', se plaint-il. Mais le marchand ambulant se veut optimiste quant à ce changement soudain d'habitudes, ''les clients reviendront après le ramadan''.
Même scénario à Petersen. D'habitude animé et pullulant de passagers, le marché Petersen tourne au ralenti, depuis quelques jours. Ramadan oblige. Les vendeurs sont couchés sur des nattes ou des morceaux de carton, à l'abri du chaud soleil. Certains font une somme. Et pour cause, les clients se font de plus en plus rare durant la journée. Assises au pied d'un arbre, Ndella Ndiaye et Adama ont l'air éreintés. Les deux jeunes filles n'ont plus beaucoup d'espoir de vendre leur sachets de lait, de jus en poudre ou de madeleines. ''On est là jusque 17 heures ou 19 heures, mais pendant le mois de ramadan on vend très peu. En plus c'est difficile de jeûner et de devoir travailler sous ce soleil''. Néanmoins, au sein même du marché, certains vendeurs sont moins touchés que les autres. C'est le cas de Tamsir Faye, marchand de chargeurs de téléphones et autres appareils électroniques de ce genre. ''Mes produits se vendent assez bien même malgré le ramadan'', dit-il.
L'aubaine des ''sukeru koor'''
Mais le ramadan n'a pas que des côtés négatifs. Pendant ce mois béni où il est conseillé de faire l'aumône, certains marchands ambulants peuvent compter sur les largesses de leurs clients. C'est le cas d'Astou Dione, vendeuse de fruits et d'arachides au Point E. Ces marchandises ne se vendent que très peu, mais ses fidèles clients lui font beaucoup de dons. ''On m'amène souvent du sukaru koor'' se ravit elle.
MAME DIARRA SENGHOR