Publié le 18 Dec 2019 - 22:53
DIALOGUE POLITIQUE

Les termes de la discorde

 

Le dialogue s’enlise sur la question de l’élaboration des termes de référence et risque d’impacter sur l’organisation des élections locales avant juin 2020.

 

Quand il s’agit de discuter du fichier électoral, les énergies se cristallisent entre les acteurs au niveau de la Commission nationale en charge du dialogue politique. Voilà maintenant plusieurs séances que les acteurs ont du mal à s’entendre sur l’organe ayant en charge la définition des termes de référence (Tdr). Et sur la question, l’opposition semble être seule contre tous. En fait, ce pôle estime qu’il appartient à des experts d’élaborer les Tdr. Pendant ce temps, la majorité, les non-alignés, la société civile, tous, conviennent qu’il est bien possible de passer à leur élaboration par les acteurs du dialogue eux-mêmes.

Pour le moment, on semble loin d’entrevoir le bout du tunnel, chaque camp campant sur sa position. Le coordonnateur du Pôle des non-alignés regrette : ‘’Aujourd’hui, il y a urgence à régler ce problème, si on veut tenir les élections locales dans les délais fixés par la loi (28 novembre 2020). Si on n’adopte pas trop top les termes de référence, on risque d’être dans une situation difficile pour organiser les élections à cette date. Il urge donc de démarrer les opérations.’’ A en croire M. Faye, lors de leur dernière réunion tenue à la Cena, vendredi dernier, ils avaient tout le mal du monde pour s’entendre sur le mode opératoire. ‘’Nous allons nous revoir demain (aujourd’hui), pour tirer définitivement au clair cette question’’, indique le non-aligné.

Pourtant, la question semble si simple, aux yeux de certains acteurs. En effet, après s’être mis d’accord sur la nécessité de commettre des experts indépendants pour mener l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral, il s’agit juste de leur décliner les attentes de la classe politique, par rapport à ces objectifs. Déthié Faye peste : ‘’Il faut savoir ce que l’on veut. On ne peut pas vouloir l’audit et dire qu’on n’est pas en mesure de montrer ce que nous voulons par rapport à cet audit. Quels sont les dysfonctionnements ? Pourquoi nous n’avons pas confiance au fichier électoral… On ne peut pas dire à des tiers : venez diagnostiquer notre mal. Aussi, ce n’est quand même pas la première fois que nous commandons des audits.’’

Toutefois, de l’avis de Sagar Diouf, plénipotentiaire du pôle de l’opposition, les choses semblent bien plus complexes. ‘’Prenons, dit-elle, l’exemple de la biométrie qui doit être auditée. Je ne vois pas, parmi les membres de la commission, quelqu’un qualifié en la matière. Ce sont des sujets techniques de ce genre qui nous poussent à dire qu’il nous faut des experts. Ces derniers pourront formuler, de façon concrète, ce que nous attendons de cette évaluation. Nous sommes des acteurs politiques. En termes d’audit, en termes d’évaluation, il y a des personnes dédiées, des personnes qualifiées pour le faire. En tant que politiques, nous ne pouvons pas nous avancer sur certains détails’’.

Si on en croit la plénipotentiaire du pôle de l’opposition, il ne s’est pas agi, pour eux, de défendre des points de vue contraires. ‘’Nous défendons une position générée par des consensus actés au niveau et de la Commission politique et du Comité de suivi et de l’évaluation du processus électoral. Je suis persuadée que toutes les parties prenantes feront œuvre de dépassement. Notre conviction est qu’il n’y aura pas de divergence qui puisse persister indéfiniment’’.

Enlisement

Mais la réalité est que les débats sur cette question s’enlisent, depuis plusieurs semaines ; alors même que 2020 arrive à grands pas. Si l’impasse persiste, en effet, de sérieuses menaces pèsent sur la tenue des élections locales en juin 2020, comme l’a affirmé Déthié Faye. En effet, sur la route de ces Locales, les obstacles sont multiples. D’abord, la législation encore en vigueur prévoit que les différents candidats doivent déposer leurs listes, au plus tard à 80 jours de l’élection et au plus tôt à 85 jours. Autrement dit : dès le mois d’avril. Auparavant, il va falloir obligatoirement procéder à la révision exceptionnelle des listes électorales, comme c’est prévu par la loi 2017-12 du 18 janvier 2017 portant Code électoral.

Le dernier alinéa de l’article 39 dudit code dispose que : ‘’Avant chaque élection générale, une révision exceptionnelle est décidée par décret. Toutefois, elle peut être décidée dans la même forme, en cas d’élection anticipée ou de référendum.’’ Pour ce faire, il faudra créer les commissions administratives composées d’un président et d’un suppléant désignés par les préfets ou sous-préfets, du maire ou de son représentant, ainsi que des représentants de chaque parti politique. Par la suite, il va falloir procéder à l’enrôlement des électeurs, établir les listes, ouvrir une période contentieuse, avant de passer à l’étape de la consolidation des listes.

Que de péripéties qui risquent de bloquer le processus, si l’audit du fichier et l’évaluation du processus ne sont pas effectués le plus rapidement possible.

Mais pour Sagar Diouf, il ne faut surtout pas parler d’impasse, à l’heure actuelle. ‘’Il est possible, souligne-t-elle, de faire preuve d’esprit de dépassement. Nous avons été confrontés à des points aussi importants, sinon même plus. Et nous avons pu les résoudre. De concession à concession, nous arriverons certainement à nous entendre. C’est juste pour avoir enfin un processus transparent qui pourrait nous mener vers des élections transparentes’’.

Par ailleurs, il sera débattu, jeudi prochain, dans le cadre du dialogue, de questions comme la suppression de l’article 80 du Code pénal, le cumul des fonctions de chef de parti et de président de la République… Ces questions devaient être abordées, hier, mais ont été reportées du fait de l’envoi tardif des propositions de l’opposition y afférentes.

MOR AMAR

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