Le ministre Aly Ngouille Ndiaye s’impatiente
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La lutte contre le trafic de migrants demande beaucoup de moyens financiers, matériels et humains. Le Sénégal et l’Union européenne ont décidé, en 2017, de mutualiser leurs forces pour mettre fin à ce fléau. Mais les pirogues continuent de quitter les côtes sénégalaises. Le ministre de l’Intérieur veut plus d’efficacité.
‘’Il est insupportable qu’en 2020, de malheureux candidats à une vie qu’ils pensaient meilleure continuent à mourir en mer ou dans le désert, au cours d’une aventure périlleuse et hasardeuse à tout point de vue. Il est tout aussi inacceptable que des familles sénégalaises continuent à s’endetter, pendant des années, pour financer le départ d’un des leurs vers un horizon souvent funeste, un voyage parfois sans retour’’, fulmine le ministre de l’Intérieur. Qui a présidé, hier, la cérémonie de lancement du premier comité de pilotage du Partenariat opérationnel conjoint (POC) entre le Sénégal et l’UE.
Le ministre Aly Ngouille Ndiaye souhaite plus d’efficacité dans la lutte quotidienne contre ces trafiquants qui n’hésitent pas à mettre en danger la vie de centaines de jeunes, ‘’sans scrupule’’, avec la seule motivation du ‘’gain facile’’. Ainsi, il est important que la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et les pratiques assimilées (DNLT) et les autres structures puissent en être équipées au plus tôt en matériel spécifique, comme les radios, les moyens informatiques de haute technologie, les moyens de surveillance, dit le ministre de l’Intérieur. Et que les formations soient dispensées.
Le Partenariat opérationnel conjoint (POC), explique-t-il, est le fruit d’une demande sénégalaise faite à l’Union européenne par l’entremise de la France soutenue par l’Espagne, en décembre 2017 à Paris, pour répondre à une préoccupation commune au Sénégal et à l’Union européenne, qui est la lutte contre le trafic de migrants et ses conséquences néfastes, aussi bien pour les pays de départ que les pays de destination. C’est d’ailleurs dans l’optique d’une prise en charge globale, mais aussi spécifique de cette problématique de l’émigration clandestine et du trafic de migrants, qu’il faut situer la création, par arrêté du 18 janvier 2018, de la DNLT logée au sein de la Direction des polices de l’air et des frontières (DPAF).
Le ministre de l’Intérieur a aussi saisi l’occasion pour annoncer qu’à la suite de la réunion de décembre dernier, un groupe de travail a été créé pour la mise en place d’une plateforme de coopération et de coordination entre la Centif, la douane, la gendarmerie et la police. Aly Ngouille Ndiaye ajoute que des propositions ont déjà été faites. Il souhaite qu’elles puissent aboutir rapidement à un démarrage effectif de la plateforme, dans le cadre d’un mémorandum à signer entre le directeur général de la Police nationale, le haut-commandant de la Gendarmerie nationale, le directeur général des Douanes et la présidente de la Centif pour en fixer le cadre juridique.
Le ministre de l’Intérieur a aussi évoqué les statistiques de la DNLT en 2019. Elle a diligenté 64 enquêtes dont 23 pour usage de faux documents sur les documents de voyage ; 23 filières de trafiquants de migrants ont été démantelées. Ces enquêtes se sont traduites par l’interpellation de 220 personnes dont 71 ont été déférées devant la justice.
C’est dire, selon M. Ndiaye, que l’activité de cette jeune division est déjà intense et va s’amplifier, lorsque les antennes régionales seront créées.
CHEIKH THIAM