Publié le 20 Apr 2020 - 08:41
SOUPÇONS DE POLITISATION DE L’AIDE ALIMENTAIRE DE LA FORCE COVID-19

Vendredi de polémique à la mairie des Parcelles-Assainies 

 

Les accusations fusent sur la tête du maire Moussa Sy, dont l’objectivité dans la formation des comités de ciblage et le recensement des bénéficiaires est grandement remise en cause.

 

Les dissensions politiciennes commencent à s’immiscer dans la distribution des vivres alloués par l’Etat. A la mairie des Parcelles-Assainies, l’on accuse le maire de choisir ses partisans et de leur confier les postes clés du Comité communal de ciblage des ménages bénéficiaires de l’appui alimentaire accordé par le gouvernement du Sénégal pour aider à mieux faire face à la pandémie de Covid-19. Moussa Sy est aussi pointé du doigt, pour avoir enlevé de la tête des comités de quartier toute personne ne faisant pas partie de ses collaborateurs politiques.

Selon un délégué municipal, ces agissements ont été dénoncés jusqu’au bureau du sous-préfet de l’arrondissement des Parcelles-Assainies.

Dans une lettre adressée au maire de la commune des Parcelles-Assainies, datée au 16 avril 2020, et dont ‘’EnQuête’’ a obtenu une copie, le sous-préfet de l’arrondissement des Parcelles-Assainies, Babacar Ibra Mar, rappelle que ‘’le travail effectué par les sous-comités de ciblage, y compris leurs compositions, est contrôlé par le comité communal de ciblage avant une validation par le comité d’arrondissement présidé par le sous-préfet. Et que tout membre de droit qui n’aurait pas assisté au ciblage d’un sous-comité par exclusion engendrera de facto l’invalidation dudit ciblage’’. Ceci, après qu’il lui a été rapporté une ‘’tentative d’exclure des membres de droit, notamment les présidents des associations sportives et culturelles (ASC) Renaissance (Unité 15), Diant Bi (Unité 10) et le maintien d’une présidente dans un sous-comité, alors qu’elle a démissionné’’.   

Certains conseillers municipaux accusent aussi Moussa Sy de spéculer sur l’aide alimentaire, en proposant aux délégués de quartier de demander à toute personne venue s’inscrire pour bénéficier de l’aide alimentaire d’apporter une copie de sa carte nationale d’identité légalisée à la mairie. Ce qui a provoqué la présence d’une foule monstre dans les locaux de la municipalité, puisque la date limite des dépôts était fixée à ce vendredi 12 h. Alors que le coronavirus a déjà infecté plus de 15 personnes aux Parcelles-Assainies, quelques témoins ont assuré qu’à la vue de la foule, le maire, pris de peur de voir ce rassemblement en pleine pandémie, s’est ravisé, arguant que les délégués de quartier se sont trompés et que les copies de carte d’identité n’avaient pas besoin d’être légalisées.

Dans un vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, l’on voit même le sous-préfet préciser que la copie de la carte nationale d’identité n’a été demandée que pour permettre aux membre des sous-comités de quartier d’identifier la personne et de savoir si elle habite effectivement dans les lieux indiqués. Et qu’il n’y avait pas besoin de la légaliser.   

MOUSSA SY, MAIRE DES PARCELLES-ASSAINIES 

‘’Je ne choisis pas, ne désigne pas, ni ne distribue’’

Face aux accusations de toutes sortes, l’édile a apporté ses démentis et fournis ses explications. Entretien…

On vous accuse de politiser la distribution de l’aide alimentaire accordée par le gouvernement au niveau des Parcelles-Assainies, en choisissant vos proches pour occuper les postes clés. Comment réagissez-vous à ces propos ?

C’est faux ! Je n’ai aucun intérêt à choisir mes proches. Ces gens parlent pour parler. Ce sont de mauvais perdants. Je ne peux même pas choisir ceux qui composent le comité communal de ciblage. L’Etat a donné les termes de référence. C’est le gouverneur et le préfet de Dakar qui dirigent. On ne fait que transmettre des informations. Au niveau des quartiers, ce sont les imams, les ‘’badianou gokh’’, la présidente des femmes au Conseil consultatif, le Conseil communal de la jeunesse, etc., qui choisissent les bénéficiaires. Je ne peux élire aucune de ces personnes.

Mais c’est aussi à vous de valider les personnes choisies…

Non, je ne valide rien du tout. C’est le sous-préfet qui me donne les listes et moi je convoque les gens pour installer les sous-comités. D’ailleurs, ces derniers sont sur le terrain, depuis hier (vendredi, NDLR) en train de travailler. Tous les élus, maires, conseillers municipaux ne sont pas membres des comités de ciblage. Ils ne choisissent pas, ne désignent pas et ne distribuent pas. Maintenant, j’ai installé 20 comités aux Parcelles-Assainies, sur ordre du sous-préfet, avec des listes qu’il m’a transmises. Tout est transparent. Nous avons installé 250 personnes dans 20 quartiers.

Donc, je ne suis qu’une courroie de transmission. Je ne peux pas choisir une personne dans ces comités. Et comme je l’ai déjà dit, je souhaite que tout cela soit confié au commandement territorial, à la police et à la gendarmerie. Comme ça, les politiques seront à l’aise. Là, je travaille sur la prévention de la pandémie avec des stratégies qu’on m’a transmises et à développer avec la région médicale, dès lundi. Maintenant, quand le gouvernement terminera, la commune va compléter, dans le cadre de son budget, pour éviter les doubles emplois.

Mais pourquoi le sous-préfet vous a adressé une lettre pour rappeler les procédures ?

Quelqu’un a rapporté au sous-préfet qu’il a été changé. C’est le sous-préfet qui dirige. C’est normal que chaque personne faisant partie du dispositif aille le voir, si elle n’est pas satisfaite. Un membre d’une ASC a voulu accéder à la salle de réunion, sans pour autant respecter les mesures barrières. Il n’avait pas de masque et refusait d’en porter. Nous avons demandé à la sécurité de le sortir. Il est allé se plaindre. Le sous-préfet m’a envoyé un courrier et on s’est expliqué. Je n’ai aucun problème avec lui. Hier même, on a passé une bonne partie de la journée ensemble. Mais même si j’avais fauté, il a le droit me corriger.

Avec les légalisations constatées à la mairie des Parcelles-Assainies, vous êtes encore accusé de faire un petit commerce sur le dos des populations, en les faisant payer 300 F CFA.

Non, ce n’est pas vrai. Dans la lettre que nous avons reçue du sous-préfet, venant du ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, il est demandé aux sous-comités de quartier, en plus de la copie de carte nationale d’identité (CNI) de la personne ciblée, de dresser une liste comprenant les prénoms et nom, numéro CNI, adresse exacte et numéro de téléphone. Donc, c’est l’Etat qui a demandé ces informations pour pouvoir procéder à d’éventuels audits. Même si ce n’était pas cela, on peut se retrouver avec des noms fictifs. Et dans tout acte administratif, vous devez vous rendre à la mairie ou à la police pour légaliser votre copie de CNI.

Donc, comment expliquer ce qui s’est passé à la mairie, hier, pour que vous veniez demander à la foule venue légaliser ses CNI de rentrer chez elle ?

Nous sommes encore à l’étape des ciblages. Ce n’est qu’une fois retenues que les personnes pourront déposer des copies de carte nationale d’identité à la mairie pour transmission au sous-préfet. Lorsqu’on m’a informé qu’il y avait du monde dans la municipalité, j’ai appelé tous les délégués de quartier pour leur expliquer. Rien n’a été annulé sur la légalisation. On a juste demandé à l’officier d’état civil d’organiser les passages avec les sous-comités, en respectant les mesures barrières. Chaque personne qui veut faire une légalisation paiera 300 F CFA que l’on versera au Trésor, avec le timbre sur la photocopie.

Lamine Diouf

 

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