Publié le 22 Apr 2020 - 23:36
RAPPORT ET CLASSEMENT MONDIAL DE RSF SUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

Le Sénégal 47e mondial et 7e africain

 

Le Sénégal continue de progresser positivement, au fil des années, dans le classement de Reporter sans frontières classant les pays en fonction de la liberté de la presse. Notre pays continue sa progression amorcée depuis 2015. De la 71e place à cette date, en passant par la 49e occupée en 2019, le Sénégal est aujourd’hui 47e, au regard des critères prévalant au jugement du réseau. Le rapport analyse également la situation de la presse aux niveaux national, continental et mondial.

 

Des atteintes contre les journalistes espacées dans leur fréquence ces dernières années, des sujets qui demeurent tabous dans les médias, des convocations et intimidations d’hommes des médias pour avoir rapporté des faits de corruption, des pressions subies par des radios qui donnent la parole à des critiques du régime, des cas rares de journalistes susceptibles d’être condamnés pour diffamation sont soulevés comme griefs à l’encontre du Sénégal dans le rapport 2020 de Reporter sans frontières (RSF). Le document ajoute les décrets d’application pas encore signés du Code de la presse adopté en 2017 ; ce qui laisse un goût amer aux professionnels du secteur.

En effet, ce code ne dépénalise pas les délits de presse et prévoit la saisie des supports de diffusion et la suspension ou la fermeture d’organe de presse, en cas d’atteinte à la sécurité de l’État.

Pour finir sur la situation du Sénégal rapportée par RSF, le basculement total vers la Télévision numérique terrestre (TNT) annoncé cette année, constitue également une préoccupation pour les acteurs de la presse. Le motif est que les charges liées au transport du signal et la redevance pourraient être des obstacles à la création d’une chaîne de télévision.

Malgré toutes ces récriminations, le classement mondial de la liberté de la presse, qui évalue tous les ans la situation du journalisme dans 180 pays et territoires, place le Sénégal au 47e rang mondial et au 7e rang africain.

Sur le palier à 5 niveaux classant les pays dans les tranches : situation bonne ; plutôt bonne, problématique ; difficile et enfin très grave, le Sénégal est classé dans le 2e étage des pays à situation bonne. Ce classement est déterminé grâce à l’accumulation de réponses d’experts, à un questionnaire proposé par l’organisation. Les thématiques sur lesquelles porte le questionnaire sont : le pluralisme, l’indépendance des médias, l’environnement et l’autocensure, le cadre légal, la transparence et la qualité des infrastructures soutenant la production de l’information. En plus d’un relevé quantitatif des violences commises contre les journalistes sur la période prise en compte.

La situation de l’Afrique de manière générale

Sur le continent, globalement, en 2020, 21 pays africains sur 48 sont logés dans les catégories ‘’situation difficile et très grave’’. Ce qui fait dire à RSF que la situation de celles et ceux qui tentent de produire des informations est difficile, voire critique. Néanmoins, dans l’analyse régionale, RSF se félicite d’une embellie notable sur le continent, à travers ‘’le desserrement dans l’étau sur les journalistes dans des pays’’ à la tête desquels trônaient dictateurs et régimes autoritaires, ces dernières années. Un constat attesté par leurs progressions positives au classement de pays : Angola (106e, +3), Éthiopie (99e, +11), Gambie (87e +5), République démocratique du Congo (150e, +4)…

Pour autant, les changements profonds, seuls à même de favoriser l’essor d’un journalisme de qualité, libre et indépendant, sont encore trop rares, s’empresse de préciser le rapport. Pire, affirme-t-on, certains pays comme la Tanzanie (124e, -6) ou le Bénin (113e, -17) connaissent des reculs très importants. En conséquence, l’analyse fait remarquer une recrudescence des arrestations et détentions arbitraires de longue durée. Il s’y ajoute des attaques, notamment en ligne.

Au tableau, également des plaintes de RSF à l’endroit de l’Afrique, l’adoption dans de nombreux pays de nouvelles lois répressives, qui n’ont comme fin que de restreindre abusivement de la liberté d’information, sous couvert d’une lutte contre la désinformation ou la cybercriminalité.

Les changements qui s’imposent

Reporters sans frontières appelle de ses vœux une décriminalisation du journalisme et une protection de ceux qui exercent la fonction de journaliste. Un enjeu fondamental pour l’ONG, face à ces données factuelles terribles : 102 journalistes tués ou assassinés sur le continent au cours des dix dernières années (notamment au Nigeria, au Ghana, cette année) ; 171 arrestations arbitraires de journalistes en Afrique subsaharienne dénombrées l’année écoulée. Des pratiques qui ont libre cours dans plus de la moitié des pays du continent. Alors même que, parfois, le droit local avait déjà consacré la décriminalisation des délits de presse, regrette RSF. D’où son plaidoyer pour la fin des peines privatives de liberté des journalistes pour des faits commis dans l’exercice de leur fonction.

Des parades et des expédients sont souvent utilisés pour faire condamner les journalistes. Des textes fourre-tout sont brandis, des accusations de terrorisme, d’espionnage, de fraude ou encore de cybercriminalité sont portées contre des confrères pour les réduire au silence (Cameroun, Bénin, Tchad) dénonce le document.

Dans les constats qu’on peut qualifier de divers, sont notés : 11 professionnels des médias incarcérés dont on est sans nouvelle depuis de longues années en Erythrée ; l’autocensure érigés en règle au Rwanda pour cause de répression contre les voix dissidentes. 

Cybercensure, la nouvelle arme anti-liberté de la presse

Loin d’être exhaustives, les atteintes à liberté de la presse ont pour autre nom : la cybercensure qui continue à gagner du terrain et constitue désormais une arme particulièrement létale pour le journalisme en Afrique. Par ailleurs, près de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne évalués par RSF y ont eu recours, depuis 2015, dont une dizaine pour la seule dernière année. Parmi ceux-ci la RDC, la Mauritanie (97e, -3), le Malawi (69e, -1) ou encore l’Éthiopie, le Tchad qui détient un triste record continental. Celui de la coupure des réseaux sociaux pendant 470 jours consécutifs, privant les journalistes et les citoyens d’un média devenu incontournable.

Dans le compte rendu complet de RSF, par contre, l’Europe reste le continent le plus favorable à la liberté de la presse, notamment les pays scandinaves. Suit, en deuxième position, la zone Amérique (Nord et Sud) qui voit ses poids lourds régionaux - États-Unis et Brésil - devenir de véritables anti-modèles. L’Afrique arrive au troisième rang. Les zones Asie-Pacifique, Europe de l’Est/Asie centrale et enfin Moyen-Orient et Afrique du Nord, où il est le plus dangereux pour les journalistes d’exercer leur profession, ferment la marche.

Le classement africain est dominé par la Namibie au 23e rang mondial. Le Cap-Vert (25e), le Ghana (30e), l’Afrique du Su

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