55 personnes verbalisées et chacune à payer 3 000 F CFA
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À Kolda, la police ne badine pas, pour faire respecter les mesures édictées par le gouvernement du Sénégal. Elle a verbalisé, ce jeudi 23 avril, lors d’une opération ‘’coup de poing’’, 55 personnes pour non-respect du port du masque.
Depuis le 19 avril dernier, le port du masque est rendu obligatoire, par un arrêté signé par le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, dans les services de l’Administration publique, du secteur privé, dans les lieux de commerce et les moyens de transport. Ceci pour venir à bout des cas communautaires.
Ainsi, pour faire respecter la mesure, la police a mobilisé ses hommes (6 éléments du commissariat central, 10 GMI et 17 ASP) qui ont effectué une descente inopinée dans certains lieux, notamment les marchés central, Mame Diarra et Sikilo, en plus de certains points stratégiques de la ville dont le pont Abdou Diallo, l’intersection de la mairie et l’intersection CNCAS.
Cette opération ‘’coup de poing’’, qui va se poursuivre le temps qu’il faut, a permis aux hommes du commissaire Diégane Sène, le patron du commissariat urbain de Kolda, d’interpeller 55 personnes qui ont été verbalisées. Selon l’article 8 du Code des contraventions qui punit la violation de l’arrêté ministériel, ces personnes interpellées ont payé des contraventions de 3 000 F CFA chacune.
‘’Nous avons adopté cette technique, en lieu et place des interpellations. Parce que si on déférait au parquet les personnes qui ne portent pas de masque, on risque de remettre entre les mains du procureur un nombre impressionnant de fautifs, surtout ceux qui sont dans les transports et le commerce’’, a expliqué une source policière.
Aussi, explique-t-elle, ‘’avec les risques de propagation du coronavirus, il serait très risqué de les entasser dans les grilles du commissariat ou dans la cave du tribunal. Donc, pour ne pas courir ce risque, les personnes qui ne portent pas leur masque vont payer 3 000 F CFA sur place’’.
L’Etat invité à distribuer des masques aux populations
Par ailleurs, certains Koldois soutiennent que ce n’est pas pour enfreindre la mesure qu’ils ne portaient pas de masque. Ils se couvrent le nez et la bouche avec un foulard parce que les masques coûtent cher et il est difficile d’en trouver. ‘’Dans les pharmacies, les masques ne sont pas toujours disponibles et un masque filtrant de type FFP2 peut coûter jusqu’à 2 500 F CFA. Dans les rues, on peut acheter un masque entre 200 et 500 F CFA, mais sans forcément avoir de garantie sur la provenance et l’hygiène. Parce qu’il y a ceux en tissu confectionnés par les tailleurs locaux’’, a expliqué un citoyen interrogé.
Beaucoup considèrent que l’Etat et les autorités locales doivent aider les populations. ‘’Chaque citoyen doit avoir à sa disposition un masque. Les autorités locales ou l’Etat doivent avoir des stocks de masques à distribuer aux citoyens. Cela permettra aux gens de respecter la mesure’’, ont expliqué certains Koldois interrogés. Conscients du danger qui les guette, ils prônent le port généralisé du masque et ne veulent entendre parler d’un confinement total. ‘’L’obligation du port du masque est une très bonne mesure qui permet aux populations de se protéger. C’est mieux que le confinement total qui sera très difficile pour nous autres qui gagnons notre pain au quotidien’’, a fait savoir un père de famille rencontré dans la rue.
La distanciation sociale souffre d’application
Outre le port du masque, la distanciation sociale n’est pas respectée dans les quartiers et les villages de la région de Kolda. Cela est très visible dans les lieux de commerce, surtout dans les différents marchés de la ville. ‘’Faites un tour dans ces marchés, vous verrez comment les gens se bousculent et se frottent pour y entrer ou sortir. La plupart des vendeurs et des vendeuses portent des masques de protection. Mais, bizarrement, beaucoup l’enlèvent en s’adressant aux vendeurs, et vice-versa, pour peut-être mieux se faire entendre, vu le bruit’’, a soutenu Moussa Baldé, un boucher installé au marché central de Kolda.
EMMANUEL BOUBA YANGA