La CEDEAO veut un lancement des campagnes avant la fin du mois de juin 2021
Réuni ce weekend pour un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’organisation sous-régionale, la conférence voudrait commander 240 millions de doses de vaccins.
Si les vaccins contre le coronavirus ne font pas l’unanimité au sein des populations de nombreux pays, le débat est ailleurs au niveau des instances de décision. On en est plutôt aux stratégies de vaccination à déployer. Réunis lors de la 58e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les présidents ouest-africains se sont donné une date limite de démarrage des campagnes de vaccination dans les pays de l’organisation. En effet, la conférence a instruit que ‘’les campagnes de vaccination commencent au plus tard à la fin du mois de juin 2021’’, a fait savoir le communiqué de compte-rendu de la rencontre tenue par vidéoconférence.
Sur ce calendrier, le Sénégal a pris de l’avance. Les autorités ont ciblé la fin du mois de mars pour le démarrage des premières vaccinations ciblant le personnel médical et les populations à risque. Le président de la République a déjà demandé au Samu national la mise en place d’une stratégie et l’armée sera impliquée pour son déploiement. Toutefois, le choix du vaccin reste sujet à beaucoup de préoccupations. Vaccin chinois ? Moderna ou encore Pfizer ? Les conditions de conservation risquent de réduire l’embarras.
Mais la CEDEAO a opté pour une approche d'achat groupé des vaccins anti-Covid. A cet effet, la conférence des chefs d’Etat a instruit la Commission de la CEDEAO à ‘’mettre en place un fonds renouvelable pour les vaccins, et lance un appel aux gouvernements nationaux, aux banques de développement, au secteur privé et aux partenaires à y contribuer. Ce fonds servira à garantir la disponibilité des vaccins anti-Covid dans la région, par un approvisionnement commun à court terme et une fabrication régionale à moyen et long terme’’.
La conférence a ainsi mis en place un groupe de travail sur la Covid-19, chargé d’entreprendre la campagne de collecte de fonds et de nommer d’éminents citoyens comme champions de l'investissement pour soutenir la campagne.
Un fonds pour un approvisionnement commun
En attendant de pouvoir fabriquer des vaccins au sein de la communauté, les chefs d’Etats ont instruit la Commission de la CEDEAO et l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS), en collaboration avec les États membres, de conduire le processus d'approvisionnement de 240 millions de doses de vaccins. La commission devra préférer des vaccins approuvés par l'OMS (Organisation mondiale de la santé). Mais aussi explorer toutes les possibilités d’acquisition ‘’à travers des démarches directes et collaboratives auprès des fabricants, des partenaires et des gouvernements étrangers amis qui pourraient être disposés à vendre des doses supplémentaires qu'ils auraient préalablement acquises’’.
La course au vaccin a fait que beaucoup de pays développés ont déjà passé des commandes de vaccins auprès des fabricants internationaux. Certains ont même entamé leurs campagnes de vaccination. Pour garantir un accès équitable aux vaccins, l’OMS a lancé l’initiative Covax, pour un achat groupé de vaccins. La conférence a demandé à la Commission de la CEDEAO et à l’OOAS de conduire ce processus d’approvisionnement des vaccins, en cohérence avec cette Initiative Covax et en tenant compte de celles des Etats membres au niveau continental et international.
La conférence présidée par Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président du Ghana, a salué le leadership de Muhammadu Buhari, décrété Champion de la lutte contre la Covid-19. Pour ses homologues, le président nigérian n’a ménagé aucun effort pour mobiliser la logistique et les moyens nécessaires pour accompagner la dimension régionale de la lutte contre la pandémie.
Les conséquences économiques de la crise sanitaire sont peut-être encore plus préoccupantes. En effet, l’évolution défavorable des activités économiques au sein de la CEDEAO en 2020, laisse prévoir une récession marquée par un recul de 1,7 % du PIB réel, après une croissance réelle de 3,9 % en 2019. Au regard de l’impact prévisible de la deuxième vague de la pandémie sur l’état de convergence macroéconomique en 2021, le sommet a décidé d’exempter les Etats membres du respect des critères de convergence macroéconomique au cours de l’année 2021.
Récession de 1,7 % du PIB réel
Le lancement de la monnaie unique Eco, déjà repoussé en septembre dernier, devrait se faire sous une nouvelle feuille de route pour le Programme de la monnaie unique de la CEDEAO. Les chefs d’Etat ont instruit la commission, en collaboration avec l’Agence monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Amao), l’Institut monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Imao), la Commission de l’UEMOA et les banques centrales de la communauté de lui soumettre, lors de sa prochaine session ordinaire, le projet du nouveau Pacte de convergence et de stabilité macroéconomique entre les Etats membres de la CEDEAO. Le 1er janvier 2022 a été convenu comme date de début de la phase de convergence.
Les tests exigés pour les déplacements entre Etats membres ont été évoqués au cours de la rencontre. Ceci, pour adopter le protocole harmonisé de la CEDEAO, relatif à la circulation transfrontalière des personnes et des biens pendant la pandémie. Ainsi, il fixe le coût du "test PCR Covid-19" pour les déplacements dans l’espace CEDEAO des ressortissants de la CEDEAO à un montant ne devant pas excéder l’équivalent de 50 dollars américain (27 000 F CFA). Une bonne nouvelle pour les voyageurs sénégalais désirant se déplacer dans la sous-région. Les tests effectués étaient facturés à 40 000 F CFA.
Lamine Diouf