Les correspondants de Saint-Louis veulent de meilleures conditions de travail
A l'image de leurs confrères membres d’associations regroupées autour de la Coordination des associations de la presse (Cap), les journalistes et techniciens de Saint-Louis ont organisé, hier, un sit-in à la place Abdoulaye Wade, pour la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse. Une occasion qu'ont saisie ces derniers pour dénoncer les écarts, violations et agressions dont ils sont victimes au Sénégal.
Ce 3 mai était célébrée la Journée internationale de la liberté de la presse. A Saint-Louis, journalistes et techniciens ont tenu, à l’instar de leurs confrères, à célébrer de manière particulière cette journée. Ainsi, ils se sont tous retrouvés à la place Abdoulaye Wade, pour un sit-in. Occasion pour eux d'interpeller l'Etat du Sénégal et surtout les patrons de presse sur la situation précaire des correspondants régionaux qui continuent de travailler dans des conditions extrêmement difficiles.
"Ces derniers travaillent sans moyens et sans outils, et sont très mal payés. Cela les expose à la dépendance, à la corruption et à toutes sortes de déviances par rapport à l'obligation qui pèsent sur eux d'informer juste et vrai. Nous sollicitons des patrons de presse qu'ils se penchent au plus vite sur leurs situations, afin de leur proposer un traitement plus humain et conforme à la Convention collective", a déclaré leur porte-parole du jour.
Pour Cheikh Ndiongue, ce sit-in est une tribune pour dénoncer les atteintes et agressions subies par les professionnels des médias. "Ces derniers temps, la presse a été la cible d'attaques et de violentes agressions. Lors des manifestations du mois de mars dernier, des sociétés de presse, plus précisément des télévisions, ont été soit attaquées par des manifestants pour des raisons non encore élucidées, soit ont tout simplement fait l'objet d'intimidations de la part de l'organe de régulation de l'audiovisuel - le CNRA - qui a suspendu leur signal pendant des jours", a dénoncé Cheikh Ndiongue. Avant de rappeler que de telles tentatives d'intimidations et de musellement des médias ne sauraient prospérer au XXIe siècle. "C'est pourquoi les journalistes, reporters, techniciens et autres professionnels des médias de Saint-Louis, à l'image de leurs confrères du reste du pays, dénoncent avec la dernière énergie ces pratiques et exigent de la part de leurs auteurs plus de respect et de considération dans l'exercice de leurs fonctions", a-t-il ajouté.
Dans le mémorandum remis au préfet du département de Saint-Louis, les membres de la Cap/Saint-Louis exigent la création d'un organe de régulation plus indépendant , à la place du CNRA, l’adoption de la loi sur l’accès universel à l’information, l'application de la Convention collective des journalistes, le respect du droit d’informer et la fin des stages à durée indéterminée dans les rédactions, entre autres.
Le préfet, Modou Ndiaye, qui a reçu le document, a promis de le transmettre à qui de droit. Avant de magnifier le travail de la presse dans les politiques publiques de l'Etat dont la dernière en date est l'accompagnement et l'engagement dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19.
Toutefois, le chef de l'Exécutif départemental a invité les journalistes à plus de responsabilités.
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…Mbour au front
Le 3 mai est consacré à la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Partout dans le monde et sur le territoire national, les ‘’soldats’’ de l’information ont célébré cet événement par un sit-in devant les gouvernances respectives des régions. A Mbour, c’est une marche qui a été organisée, de la Bourse du travail à la préfecture, pour y déposer un mémorandum auprès du préfet Mor Talla Tine.
IDRISSA AMINATA NIANG
Les journalistes et les techniciens cadreurs de Mbour ont marché hier pour célébrer la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Rassemblés devant la Bourse du travail, les hommes et femmes de médias ont rallié ensemble la préfecture pour remettre au maitre des lieux leur mémorandum. L’occasion a été saisie par ces derniers pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Dans cette dynamique, le porte-parole du jour a décrit la situation peu reluisante dans laquelle vivent surtout les journalistes établis dans les régions. ‘’Les journalistes sont totalement oubliés par l’Etat et par leurs employeurs. Les correspondants de la presse écrite et des radios ne disposent même pas d’enregistreurs. Pour prendre les sons, ils sont obligés de le faire avec leurs téléphones. Disposer d’ordinateurs ou de connexion est un luxe pour eux’’, a dénoncé Thierno Daff. ‘’Les confrères de la télévision ne sont pas mieux lotis. Ces derniers n’ont ni caméra ni ordinateur. Ils sont obligés de se rabattre sur des cameramen privés qui ont acquis leur matériel à la sueur de leur front’’, indique-t-il.
Pourtant, a-t-il rappelé, ‘’le rôle de la presse est d’assurer un service public. Par conséquent, elle s’évertue à informer juste et vrai, au prix de mille sacrifices. Chaque jour que Dieu fait, nous sommes battus, violentés, agressés, insultés, menacés. Et aussi bizarre que cela puisse être, toutes ces violences sont commanditées par des maires ou de hautes autorités qui mettent à contribution des nervis à leur service’’.
Le préfet de Mbour, Mor Talla Tine, qui a reçu le mémorandum des journalistes et techniciens des médias de son département, s’est félicité de cette manifestation. ‘’La presse exécute une mission de service public, parce qu'elle permet à tout citoyen d'être informé sur ce qui se passe dans son pays, dans son terroir, mais également les médias lui permettent de trouver le support nécessaire pour participer à la construction de son pays. Nous saluons le travail extrêmement important que vous faites’’, a-t-il dit.
Il a tenu à rassurer ses hôtes du jour. ‘’En ce qui concerne l'administration du département de Mbour, la presse est considérée comme un partenaire. Et à chaque fois que nous organisons des activités qui vont dans le sens de la prise en charge des préoccupations des populations, la presse est associée’’.
Dès lors, assure-t-il, ‘’pour votre travail, on sait que vous rencontrez des difficultés, et l'État est conscient. Des efforts sont en train d'être faits. Je pense notamment aux subventions qui sont allouées chaque année aux professionnels des médias’’.
Par ailleurs, rappelle-t-il, ‘’le Code de la presse a été élaboré et adopté. Il reste les décrets d'application, et le gouvernement sera à vos côtés pour que vous puissiez exercer convenablement votre mission en toute sécurité et en toute sérénité’’.
Aussi, a-t-il ajouté : ‘’L'État, à travers la nouvelle Convention collective, cherche à faire assumer à ses employeurs toutes les obligations vis-à-vis de leur personnel.’’
… A Tamba, ils fustigent l’attitude du gouverneur
A l’instar de toutes les régions du Sénégal, Tambacounda célébrait, hier, la Journée internationale de la liberté de la presse. En lieu et place d’un sit-in interdit par l’autorité préfectorale pour des raisons ‘’douteuses’’, la Convention des jeunes reporters/Section Tamba-Kédougou a tenu un point de presse dans ce qui est aujourd’hui son ex-maison de la presse.
La presse locale de la région de Tambacounda faisait face… à la presse, hier. Elle a profité de cette occasion pour fustiger l’attitude du gouverneur Oumar Mamadou Baldé qui a, sans sommation, expulsé les journalistes de leur cyber. Ce local a été affecté aux femmes victimes de violences. Les journalistes, très remontés vis-à-vis de l’Exécutif régional, ont décidé de boycotter toutes les activités de l’administration pendant 72 heures.
Le coordonnateur régional de la Convention des jeunes reporters (CJR)/Section Tamba-Kédougou, Moussa Omar Guèye se dit très surpris par le comportement du gouverneur qui, dans un passé récent, avait salué et reconnu la mission hautement importante de cette presse locale qui a contribué à donner à la région un visage reluisant. ‘’Je peux dire, aujourd’hui, que si la région est ce qu’elle est, à part Dieu, c’est grâce à vous (presse locale)’’, disait-il.
Par rapport au travail abattu par la presse pendant la pandémie du coronavirus, dans la sensibilisation et la prévention, le gouverneur ajoutait : ‘’Je remercie la presse, je la respecte et je lui dis toute ma considération pour son professionnalisme.’’
Selon le président Moussa Omar Guèye, ce local affecté aux femmes victimes de violences et a une boutique de droit, est juste un prétexte pour capter les 80 millions destinés à celles-ci, si elles ont un bâtiment à leur actif. C’est la raison qui aurait poussé le gouverneur à retirer le local aux journalistes.
Pour l’adjoint au maire de Tambacounda, Bounama Kanté, cela ne saurait être une raison valable, car selon lui, il existe dans la ville beaucoup de bâtiments inoccupés.
C’est pourquoi les journalistes qui se sentent trahi ont manifesté leur colère envers le gouverneur Oumar Mamadou Baldé qui leur a retiré la bâtisse allouée à la presse, depuis l’avènement du président Wade. ‘’Nous prenons acte et prenons l’opinion à témoin que ce défi tout comme celui du préfet du département qui a refusé d’autoriser notre sit-in pour célébrer cette Journée mondiale de la liberté de presse, nous allons les relever dans les règles de l’art’’, a-t-il prévenu.
Ce point de presse, qui a enregistré une forte mobilisation des journalistes de la région, mais aussi de la société civile, des droits-de-l’hommiste et de quelques élus locaux, a été une occasion pour inviter l’Etat, les patrons de presse au respect de leurs engagements, afin de permettre aux reporters de mener à bien leur travail de terrain. Ils ont demandé un meilleur traitement des correspondants régionaux. Selon eux, la situation géographique du Sénégal-Oriental constitue d’énormes difficultés pour le reporter/journaliste.
En effet, étant la région la plus vaste, la couverture des différentes activités qui s’y tiennent est souvent très compliquée pour ces jeunes reporters qui ne bénéficient d’aucun accompagnement. C’est ainsi qu’ils exhortent les patrons de presse a un meilleur accompagnement de leurs agents sur le terrain.
‘’La Journée mondiale de la liberté de la presse est une journée de soutien aux médias qui sont des cibles pour la restriction ou l’abolition de la liberté de la presse. C’est aussi une journée de commémoration pour les journalistes qui ont perdu la vie dans la poursuite d’une histoire’’, souligne Moussa Omar Guèye.
Boubacar Agnan CAMARA (Tambacounda)
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Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)