Soham El Wardini dénonce un crime contre notre ‘’patrimoine culturel’’
Le bâtiment principal du marché Sandaga, qui a été détruit récemment, est au cœur d’un litige opposant le maire de la ville, Soham El Wardini, et Alioune Ndoye, l’édile de la commune de Dakar-Plateau depuis 2020, date à laquelle les autorités préfectorales ont décidé d’en attribuer la propriété à la commune du Plateau. Une décision que conteste la mairie de Dakar qui précise que la gestion du patrimoine de la ville relève de ses compétences, conformément aux dispositions de l’Acte 3 de la décentralisation.
La bataille pour le ‘’contrôle’’ du bâtiment principal du marché Sandaga aura bien lieu. Hier, à la suite d’un conseil municipal extraordinaire, la maire de Dakar a reçu un mandat dudit conseil qui, à l’unanimité, a voté une motion lui accordant l’autorisation d’engager ‘’toutes les actions nécessaires en vue de préserver le patrimoine de la ville de Dakar abritant le bâtiment principal du marché Sandaga objet du titre foncier n°4804/DK’’.
Engagée dans un bras de fer pour la gestion du site avec le maire de la commune de Dakar-Plateau qui a procédé à la destruction de ce bâtiment jugé trop vétuste, à la suite de la publication d’un arrêté préfectoral du 7 juillet 2021, la première magistrate de la ville entend porter l’affaire devant la justice pour obtenir gain de cause. D’après l’élue locale, ce bâtiment érigé en 1935 a toujours fait partie du patrimoine culturel et historique des Dakarois.
Selon elle, toutes les dispositions relatives à la loi attribuaient ce bâtiment historique du marché Sandaga à la ville de Dakar. ‘’La loi 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code générale des collectivités territoriales responsabilise les villes dans la gestion et la sauvegarde du patrimoine historique classé du Sénégal. Il se trouve que le bâtiment principal du marché Sandaga fait partie des patrimoines historiques, à cause de son architecture arabo-soudanaise. Il a toujours été sous la responsabilité de la ville de Dakar. A ce titre de monuments historique sénégalais, nous avons décidé de le restaurer. En 2013, après l’incendie qui l’a ravagé, nous avons décidé de réhabiliter’’, affirme-t-elle d’entrée avant de déplorer l’attitude du maire de Dakar-Plateau, ainsi que le préfet de Dakar qui, dans une volonté de spolier la ville de son patrimoine, ont violé les lois et règlements relatifs à l’Acte 3 de la décentralisation.
‘’Le maire de la commune de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, a contesté les conclusions des travaux de la commission ad hoc qui a été érigée à la suite d’un arrêté 24 octobre 2014 pour fixer les conditions de la dévolution du patrimoine et du personnel de l'ancienne ville de Dakar. Pis, cette même commission n’avait pas cité le marché Sandaga parmi les équipements marchands devant être transférés à la commune de Dakar-Plateau. Ainsi, nous avons été surpris, quand cette même commission ad hoc a été convoquée, le 6 juillet 2020, sans concertation avec la mairie de Dakar, pour enfin statuer sur cette affaire. La structure présidée par le préfet a publié ‘’illégalement’’ un arrêté le 7 juillet 2020, pour parler d’omission et a finalement décidé d’attribuer le marché à la commune du Plateau. Nous allons demander à nos conseils de suivre ce dossier pour que la ville retrouve son bien’’, clame-t-elle avec force.
Poursuivant son propos, elle renseigne avoir saisi le Direction de la surveillance et du contrôle de l'occupation du sol (Dscos) pour freiner l’avancée du projet de démolition du bâtiment et a adressé une correspondance au président de la République pour lui rappeler les droits de la ville sur cet édifice historique. Et l’ex-premier adjointe à l’ancien maire Khalifa Sall de préciser que ce combat ne vise pas à engranger de nouvelles taxes pour la municipale dakaroise.
‘’De 2010 jusqu’à l’incendie de Sandaga, c’est la mairie du Plateau qui percevait les taxes du marché Sandaga. Nous avons même proposé de travailler de concert avec le maire de la commune du Plateau dans ce projet de réhabilitation du bâtiment principal de Sandaga. Je n’ai jamais été notifiée de l’arrêté concernant l’arrêté 89 du 7 juillet 2020 pris par le préfet pour donner Sandaga à la mairie de Dakar-Plateau.
Nous n’avons pas été consultés, ni informés durant toute cette procédure. Les décisions du ministère de l’Urbanisme et du préfet validant le projet de démolition du bâtiment est regrettable pour la sauvegarde de ce patrimoine. La publication de l’arrêté préfectoral du 30 juillet 2021, portant approbation de destruction d’un bâtiment nous a meurtris, car nous tenons à sauver cet héritage culturel’’, déclare-t-elle.
Les différents conseillers qui ont pris la parole ont aussi affiché leur détermination pour reprendre ce bien qui appartient à la mémoire des habitants de Dakar. ‘’Ce qui nous importe, c’est de sauver notre héritage commun. Personne ne nous arrachera cet édifice qui nous est cher. Nous comptons appuyer la maire dans son combat pour préserver ce legs, car Sandaga est un patrimoine et il représente les mains et les yeux de la ville de Dakar’’, s’exclame Cheikh Guèye, Maire de Dieuppeul-Derklé.
Mahfouz NGOM