''L’envoyé de Dieu'' perdu par ses bastonnades
Sory Bâ se fait passer pour un ‘''envoyé'' de Dieu dans son quartier à Diamagueune. Pour coups et blessures volontaires, il a été envoyé hier, en prison pour un mois. Ses trois disciples ont été relaxés.
Ouf ! Diront certainement les habitants de Diamagueune. Durant un mois, ils seront débarrassés de Sory Bâ qui se fait passer pour un ''envoyé de Dieu''. Fort de son titre de ''Cheikh'', Sory Bâ adulé et ragaillardi par ses fidèles, ne cessait de troubler la quiétude de ses voisins, en organisant de sempiternels ''dahiras'' (séances de chants religieux et de zikr nocturnes). ''Ces séances se déroulaient du jeudi au lundi, et des hauts-parleurs accrochés en haut d'un poteau ne cessaient de distiller des nuisances sonores'', a témoigné hier le chef de quartier.
Ainsi, ne pouvant plus supporter ce tapage nocturne, le nommé Aliou Kébé a invité Sory Bâ et ses talibés à diminuer le volume de leurs haut-parleurs. Une offense pour ''l’envoyé de Dieu'', d’autant qu'a-t-il fait remarquer, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, ''à la veille du ''dahira'', une dame a organisé une séance de tam-tam dans le quartier, sans que cela ne dérange personne''. Donc, le ton est rapidement monté entre le prévenu et Aliou Kébé. Et les talibés se sont mêlés à la dispute, selon le plaignant qui accuse Sory Bâ de l’avoir menacé de mort.
Mais, Sory Bâ a pris la défense de ses disciples que sont Mamadou Diallo, Mamadou Wade et Aliou Diouf. ''Lorsqu’ils ont voulu prendre ma défense, dira-t-il, je les ais dissuadés, en leur disant que c’est mon ''djihad''. Ainsi, Sory a nié avoir menacé la partie civile. Le prévenu a également réfuté avoir levé la main sur l'autre partie civile, son frère Aliou Bâ. Ce dernier accuse Sory Bâ de lui avoir fait passer un mauvais quart d’heure, avec la complicité de ses talibés. ''L’un de ses talibés a frappé ma fille. Lorsque je lui ai demandé la raison de ce comportement, Sory Bâ lui a intimer l'ordre de ne pas répondre. Je ai dit à mon frère qu’il était en train de servir un mauvais exemple à ses disciples.
Il s'est fâché et s’en est pris à moi'', a relaté le plaignant. Aliou Bâ a indiqué que son frangin et ses disciples l’ont corrigé, à deux reprises. ''Je ne peux pas dire lequel des talibés m'a frappé. En tout cas, lors de la seconde agression, après m’avoir bastonné, ils m’ont traîné hors de ma maison’’, a confié Aliou Bâ, en présentant un certificat médical attestant d’une incapacité temporaire de travail (ITT) de 17 jours, pour corroborer ses accusations. Le représentant du parquet a demandé l’application de la loi. À sa suite, la défense a sollicité la relaxe pour le délit de menace de mort. Concernant les coups et blessures volontaires, Me Aboubacry Barro a sollicité la clémence. Après délibéré, seul Sory Bâ écopé d'un mois d’emprisonnement ferme. Ses talibés, ont recouvré la liberté.
FATOU SY