Le ministre Dame Diop défend le programme Xëyu ndaw ñi
Véritable problème social, source de nombreux fléaux, le manque d’emploi est criard au Sénégal. La situation est telle que beaucoup s’interrogent sur les effets du programme Xëyu ndaw ñi, lancé en 2021 et doté de 450 milliards sur trois ans. Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle a apporté des éclairages sur ce programme. ‘’Aujourd’hui, il faut reconnaître que c’est la première fois que l’Etat du Sénégal a un programme aussi important, exécuté, élaboré en moins d’un an et exécuté dans l’année’’, s’est-il félicité d’emblée, précisant que ces 450 milliards sont rajoutés à l’enveloppe initiale après que l’Etat a mis 1 000 milliards de FCFA dans le cadre du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19.
Ce programme d'urgence a plusieurs piliers. Le plus connu est le recrutement spécial de 65 mille jeunes. ‘’Les fonctionnaires, au Sénégal, c’est à peu près 160 mille, mais, c’est la première fois qu’on décide de faire un recrutement de 65 mille jeunes tenant en compte la territorialisation’’, dit-il. C’est l’innovation de ce programme. Le recrutement s'est fait au niveau des départements. Chaque département à un Pôle emploi et entreprenariat pour les femmes et les jeunes.
A date, sur les 65 mille emplois qui étaient prévus, il y a eu plus de 64 085 recrutements sur l’ensemble du territoire, selon Dame Diop. Ce programme avait aussi un pilier important de formation professionnelle. M. Diop informe qu’à l’heure actuelle, plus de 10 345 jeunes sont en train de faire une formation professionnelle que l’Etat prend entièrement en charge. De plus, 86 204 jeunes sont accompagnés par la Délégation générale à l'entreprenariat rapide des Femmes et des jeunes (DER/FJ) pour exécuter leur projet en entrepreneuriat. ‘’Sur un engagement de 412 348 emplois créés, 151 009 jeunes ont un contrat de travail ou un financement pour exécuter leur projet’’.
Le ministre donne l’exemple de Pikine. Il note qu’avant les 72 heures des pôles Emploi et Entreprenariat pour les femmes et les jeunes, dans ce département, 6 903 jeunes ont été accompagnés en termes de formation, de financement, et de contrat de travail. Et que pendant les 72 heures opération coup de poing, 2 524 jeunes ont été accompagnés. A Keur Massar, Dame Diop souligne que la même chose a été faite. ‘’Ce qui nous a permis d’avoir 9 424 jeunes qui bénéficient de ce programme’’, note-t-il. Spécifiquement à Médina Yora Foula, il y a 1 542 bénéficiaires. ‘’Ce programme est exécuté merveilleusement bien, parce que sur un objectif de 412 mille, - nous sommes à un an d’exécution-, il y a 151 009 emplois directs’’, se félicite-t-il.
‘’Je pense que ce programme d’urgence est inédit dans son montage, dans la rapidité de son exécution, mais dans l’interconnexion des différentes structures n’appartenant pas à un ministère’’, ajoute le ministre. Qui rassure que ce programme sera pérennisé. Dame Diop précise : ‘’Nous n’avons pas l’ambition donner un emploi à tous les jeunes, mais nous avons l’ambition de donner une formation professionnelle, un accompagnement non financier et un accompagnement financier pour permettre aux Sénégalais d’avoir les aptitudes et les capacités d’entrer dans le marché du travail soit par un emploi, soit par l’auto-emploi’’.
‘’2021 était le couronnement d’un processus qui a démarré depuis 2012’’
Le programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioprofessionnelle des jeunes Sénégalais communément, appelé Xëyu ndaw ñi, est né en avril 2021, suite à bon nombre de discussions au Conseil présidentiel. Macky Sall a eu à échanger avec les jeunes Sénégalais pendant dix tours d’horloge. Mais pour le ministre, ce n’était qu’une suite logique de la volonté du président de la République d’accompagner les jeunes. Avril 2021 marque le prolongement du processus qui avait été enclenché depuis 2012, selon Dame Diop.
D’ailleurs, en janvier 2021, Macky Sall, après avoir mis en place des dispositifs tels que le 3FPT et la DER, avait pris un décret pour lancer le Conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes. Son objectif est d’œuvrer, de permettre à tous les dispositifs mis en place de travailler en symbiose pour orienter les jeunes et les accompagner.
‘’Bien avant ce Conseil de mars-avril 2021, il y a eu beaucoup d’initiatives, de dispositifs qui ont été prises par le chef de l’Etat pour prendre en charge l’épineuse question de l’employabilité de jeunes. En 2012, date à laquelle le président Macky Sall a accédé à la magistrature suprême, toutes les statistiques avaient montré que la question de l’emploi des jeunes ne se pose pas en termes d’emploi mais en termes d’employabilité donc de formation professionnelle. Raison pour laquelle le président de la République a pris beaucoup d’initiatives allant dans le sens de renforcer la formation professionnelle qui est un préalable à l’employabilité et à l’emploi’’, soutient Dame Diop.
Les ressources alliées au sous-secteur de la formation professionnelle ont donc été un indicateur important. ‘’En 2012, pendant longtemps, le sous-secteur de la formation professionnelle a été le parent pauvre dans l’allocation des ressources pour grand secteur de l'Éducation'', dit-il, saluant une volonté politique. Car, le budget de la formation professionnelle a été multiplié au moins par trois. Il est passé de 27 milliards à 86 milliards FCFA. Concernant les centres de formation professionnelle, Dame Diop souligne que l’on est passé de 87 centres de formations professionnels en 2012 à 131 aujourd’hui, compte non tenu des 46 nouveaux centres de formation professionnelle qui vont bientôt démarrer sur l’ensemble des 46 départements du pays.
La diversification de l’offre de formation
La diversification de l’offre a été un point fondamental pour régler la question de l’employabilité des jeunes. Parce que, selon le ministre, sur 100 Sénégalais qui cherchent de l’emploi, seuls six ont une qualification professionnelle. ‘’Ces centres ont connu une évolution dans la diversification des offres de formation. Ils ne sont pas comme nous l’avions connu pendant longtemps. Des centres classiques pour entrer dans des formations dites des métiers. L’évolution dans l’offre de formation a permis de donner une nouvelle impulsion qui, au-delà des métiers émergés, permet d’aller dans l’offre de formation sur l’industrie, sur les nouvelles technologies de l’information et dans le secteur de l’agriculture au sens large’’, se réjouit M. Diop.
‘’Le président de la République a mis en place beaucoup de dispositifs. Je vais en citer deux. Le premier c’est d’accéder à une veille requête du secteur privée des acteurs de l’éducation, de consacrer l’essentiel de la contribution forfaitaire à l’échelle des employeurs à la formation professionnelle’’, note-t-il.
Ces contributions forfaitaires à la charge des employeurs constituent 3% de la masse salariale des entreprises qui étaient prévus dans le budget de l’Etat. Il a fallu attendre 2015 pour que le président de la République accède à cette demande, consacrant l’essentiel de ces ressources à la formation professionnelle. Cette année, retracé dans le budget, il est prévu pour trente (30) milliards de F CFA. ‘’Ce qui nous a permis de multiplier le nombre de jeunes qui sont dans les structures de formation professionnelle. On en avait à peu près 37 mille qui étaient dans les structures de formation professionnelles et d’enseignement privé. Aujourd’hui, on est à plus de 138 mille jeunes qui sont dans les dispositifs de formation’’, explique Dame Diop.
Ainsi, c’est cette manne financière destinée à accompagner les jeunes au nom de l’équité territoriale et sociale qui a permis à des jeunes Sénégalais, quelle que soit la localité où ils se trouvent, de faire de la formation professionnelle pour laquelle l’Etat paye 90% du coût. ‘’Si nous avons pu faire ce bond qualitatif, c’est parce qu’il y a eu de nouveaux centres de formation dans les domaines nouveaux. Parce que notre économie à évoluer, il nous fallait donner un format à l’axe 2 du Plan Sénégal émergent, donner de la qualification aux jeunes pour en faire des ressources humaines de qualités’’, indique M. Diop.
Il se réjouit de l’inauguration, dans la région de Ziguinchor, d’un centre de formation professionnelle dédiée aux métiers de la foresterie, et de la création, à Saint-Louis, d’un centre de formation sur les métiers du pétrole et du gaz. Il y a aussi des centres de formation sur les métiers du tourisme à Ziguinchor, Saint-Louis et à Diamniadio, et un autre à Diamniadio sur les métiers de l’agriculture.
BABACAR SY SEYE