A L’Inter tire la tronche
Alors que son cousin rossonero a retrouvé des couleurs, l’Inter de son côté s’enfonce doucement dans la crise, et pas uniquement sportive. Avec un président endetté, les Nerazzurri doivent impérativement assurer le top 4 synonyme de Ligue des champions pour ne pas se retrouver dans un sacré bourbier.
« Nous devons faire mieux, moi le premier », lâchait samedi soir Simone Inzaghi après un nouveau revers à la maison face à la Fiorentina (0-1), le troisième consécutif en championnat et le quatrième sur les cinq dernières journées de Serie A. Cette dixième défaite en 29 matchs de championnat témoigne de la période difficile que traverse l’écurie lombarde. Outre le manque de réalisme (29,6% de frappes cadrées, pire pourcentage du top 6), c’est surtout l’abnégation qui est remise en cause par les tifosi : « Respectez notre maillot et notre histoire, ceux qui ne donnent pas tout ne donnent rien. Coupe d’Italie, Serie A et qualification en Ligue des champions en dernier recours.
Nous avons toujours soutenu l’équipe, même pendant les pires périodes. Mais cette patience a des limites si les résultats ne sont pas atteints », déclarait dans un communiqué la Curva Nord. Massimo Moratti a aussi souhaité en rajouter une couche au micro de Radio Anch’Io. L’ancien boss de la maison noir et bleu estime qu’« Inzaghi représente un problème » et milite pour le retour d’Antonio Conte : « L’Inter doit se qualifier pour la prochaine Ligue des champions. Antonio a prouvé qu’il savait gagner et qu’il était bon. Il serait le garant de la victoire, c’est certain. »
Mais ce manque de réussite et d’abnégation n’est pas le seul problème de cette Inter. Après l’ouverture du score florentine, la bande de Lukaku s’est retrouvée par la force des choses à devoir faire le jeu (62% de possession en seconde période), mais s’est montrée incapable de concrétiser (3 tirs cadrés). Avoir le cuir dans les pieds n’est pas une chose qu’affectionne cette formation milanaise qui se montre nettement plus dangereuse en transition rapide. Un défaut que ses adversaires ont très vite compris. Et forcément, Simone Inzaghi est remis en cause. Sans inspiration, le tacticien italien bénéficierait d’un sursis pour les trois prochains matchs : la Juve ce mardi en Coupe donc, la Salernitana en championnat et enfin le Benfica en Ligue des champions la semaine prochaine. Trois finales pour l’ancien de la Lazio, de plus en plus critiqué en Lombardie.
Le top 4 ou rien
Si le Scudetto glané lors de l’exercice 2020-2021 devait être le fer de lance du renouveau de l’Inter, il est finalement devenu un lointain souvenir. La direction milanaise n’est pas parvenue à bâtir sur ce succès avec un projet au ralenti : l’effectif est vieillissant (moyenne d’âge de 28,3 ans, de très loin la plus élevée du championnat), les recrues post-Scudetto ne sont pas convaincantes (Joaquin Correa recruté pour 24 millions d’euros n’a été titulaire qu’à neuf reprises cette saison, pour trois buts) et les plus-values sont relativement faibles (seules les ventes de Romelu Lukaku et d’Achraf Hakimi ont permis au club d’engranger un bénéfice de plus de 30 millions d’euros, tandis que Milan Škriniar quittera la maison gratuitement cet été).
Justement, la gestion du cas Škriniar revient souvent sur la table : comment un joueur de ce calibre peut-il quitter le club gratuitement ? « On ne peut pas prolonger un joueur contre sa volonté », se justifiait Beppe Marotta. Néanmoins, il est difficile pour cet administrateur délégué de bien travailler avec un supérieur de plus en plus velléitaire. Propriétaire du club depuis 2016, Steven Zhang a revu ses ambitions à la baisse en raison d’une dette contractée auprès de l’entreprise de gestion d’actifs Oaktree, qui s’élèverait à plus de 1,7 milliard d’euros. Endetté, le propriétaire chinois serait donc à la recherche de potentiels acheteurs pour 2024, échéance finale du remboursement de son emprunt.
Pour sauver les meubles, le businessman trentenaire compte bien sur les résultats sportifs d’Inzaghi & co. L’objectif est clair : finir dans le top 4 et se qualifier pour la prochaine Ligue des champions. Pour bien comprendre les enjeux, il suffit de jeter un œil aux potentiels revenus. Cette saison, avec cette qualification pour les quarts de finale de C1, l’Inter a perçu pas moins de 75 millions d’euros, dont un tiers de cette somme est obtenu simplement pour la participation à la compétition. S’ajoutent à cela les droits TV : une deuxième place rapporterait 26,6 millions d’euros, contre 12,5 millions d’euros pour une cinquième position non qualificative à la coupe aux grandes oreilles. En cas de contre-performance, la direction milanaise devra impérativement vendre ses meilleurs joueurs, dont Marcelo Brozović et Lautaro Martinez.
Qualifiée systématiquement pour la Ligue des champions depuis maintenant cinq ans, l’Inter n’a d’autres choix que d’assurer sa pérennité sportive et économique. Chaque centime compte pour le board lombard qui verrait donc d’un très bon œil un top 4, ainsi qu’un beau parcours en C1 et en Coupe. Simone Inzaghi doit impérativement remobiliser ses soldats pour ne pas vivre une fin de saison catastrophique. Et ça tombe bien, pour mener à bien cette mission, Beppe Marotta a décidé d’engager un psychologue pour l’équipe.
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