Des défis majeurs à relever par les acteurs
Un atelier de trois jours s'est ouvert hier dans la capitale du Nord, pour partager et mieux faire comprendre aux participants les concepts des droits humains et du genre en rapport avec le VIH.
Au Sénégal, la question des droits humains et du genre est étroitement liée à la lutte contre le VIH. Les discriminations et les stigmatisations liées au VIH touchent plus particulièrement les personnes vulnérables.
Pour le responsable des programmes à l'Alliance nationale des communautés pour la santé (ANCS) Mame Mor Fall, la réponse à la question fait face à deux défis majeurs. "On s'est rendu compte qu'il y a une méconnaissance des droits humains par rapport à la promotion de l'accès des populations à des services de santé de qualité. C'est pourquoi nous avons convié différents acteurs des autres régions à Saint-Louis pour partager avec eux les concepts (droits humains et genre) méconnus, mais très importants pour nous. La connaissance des droits humains va améliorer les droits d'accès à la santé des populations que nous appelons ‘populations clés’. Ces dernières sont très vulnérables au VIH/sida", a déclaré Mame Mor Fall.
Les discriminations et les stigmatisations ont des conséquences dramatiques sur l'accès aux soins et au traitement pour les personnes vivant avec le VIH. Les personnes les plus vulnérables ont souvent des difficultés à accéder aux services de santé.
D'où la nécessité, pour les organisateurs, de partager avec les acteurs de la société civile la problématique des droits humains. "L'objectif de telles formations est d'amorcer des pistes d'action qui vont permettre de mieux comprendre les concepts et permettre également à ces groupes vulnérables de mieux appréhender les aspects liés aux droits humains. Une bonne maîtrise de ces concepts sera une arme pour mieux se défendre et comprendre l'accès aux droits à la santé. Je crois que c'est un défi majeur pour réduire la transmission du VIH", a poursuivi M. Fall.
Toutefois, il s’est désolé de la montée en puissance de la pandémie dans certains groupes des populations clés. "C'est regrettable de noter que l'épidémie est en train de grimper dans certains groupes assez rapidement, surtout chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes. Les pourcentages de transmission sont très élevés. Pour nous, c'est un enjeu de santé publique qu'il faut aborder pour freiner l'expansion du virus VIH/sida dans ces groupes vulnérables", a soutenu le chargé des programmes à l'ANCS.
Des pourcentages d'infection élevés
À en croire Mame Mor Fall, il y a aussi une mauvaise compréhension du concept genre dans le cadre de la réponse au VIH. Pour lui, en parlant de genre dans les droits humains, c'est pour distinguer les différentes catégories des populations clés qui sont hautement vulnérables au VIH.
"Si nous n'avons pas cette sensibilité dans le ciblage, nous risquons de passer à côté des cibles importantes dans le travail que nous faisons en compagnie de l'État du Sénégal. Pour le respect de l'engagement de l'État du Sénégal de mettre fin à l'épidémie en 2030, il ne faut pas louper des cibles. Sinon, la transmission va continuer et le VIH sera toujours là. C'est pourquoi la dimension genre est intégrée pour qu'aucune cible ne soit laissée en rade", a souligné M. Fall.
Pour la facilitatrice et juriste en droits humains, Diely Dia, les droits humains sont importants, surtout la prise en compte du genre pour l'accès au traitement et à la prévention.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS