Le Giaba veut faire des médias un puissant levier de la LBC/FT
Le Giaba est une institution de la CDEAO dont l’objectif est de lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Pour mieux réussir cette mission, l’institution compte s’appuyer sur les journalistes pour une meilleure transmission de l’information. Ainsi, des journalistes de plusieurs nationalités sont invités dans la capitale nigériane pour une formation de trois jours dans ce sens.
La lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) constitue l’un des défis les plus complexes auxquels sont confrontés les pays africains. Dans ce sens, la fluidité de l’information concernant ces délits est l’un des moyens de dissuasion les plus sûrs pour amener les délinquants économiques à revoir leur copie. C’est ce qui pousse les autorités à vouloir user du journalisme d’investigation pour y arriver. De ce fait, le Groupe Intergouvernemental d’action de lutte contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) organise un atelier régional de formation sur le journalisme d'investigation en lien avec les crimes économiques et financiers, du 2 au 4 août courant à Abuja, au Nigeria.
Selon le Directeur général de l’institution, « depuis sa naissance, le Giaba a entrepris des activités de formation et de sensibilisation pour les États membres (…), afin de favoriser leur compréhension de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Cela s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie d'intervention du Giaba visant à renforcer et élargir le champ d'action des parties prenantes aux entités non traditionnelles, pour assurer une approche holistique de la lutte contre les crimes économiques et financiers », renseigne Edwin W. Harris, JR.
Pour lui, les médias, en particulier les journalistes d'investigation, jouent un rôle crucial pour découvrir les allégations de corruption, promouvoir la bonne gouvernance, attirer l'attention soutenue des forces de l'ordre et du public sur la lutte contre les crimes financiers et économiques. En effet, pour s’adapter à son contexte et aux mutations en cours dans son domaine de souveraineté, le Giaba met en son cœur les cibles les plus pertinentes en vue de renforcer l’appropriation des normes de LBC/FT. Au titre de ces parties prenantes figurent les médias en général et les journalistes d’investigations, les agences chargées des enquêtes et poursuites pénales, ainsi que celles chargées de la réglementation/supervision, en particulier.
C’est dans cet élan qu’il note la nécessité d'une collaboration plus étroite et plus productive avec les médias, ils constituent l'une des principales sources d'information et de renseignement, tant pour les décideurs politiques que pour la communauté internationale de l'information, tant pour les décideurs que pour le grand public. ‘’En outre, les médias ont un rôle essentiel à jouer, tant dans le traitement d'informations générales et factuelles sur la criminalité que dans la diffusion de recherches et d'études sur la lutte contre la criminalité transnationale organisée’’, indique le DG.
Selon lui, au-delà de ces activités de sensibilisation et de formation des Médias sur la LBC/FT dans les États membres, les participants accompagnent le Giaba dans ses activités au profit des communautés et acteurs de la LBC/FT. Dès lors, précise un document remis aux participants, l’Atelier d’Abuja poursuit un certain nombre d’objectifs. En effet, « cette formation de trois jours sur le journalisme d'investigation lié aux crimes économiques et financiers vise à construire une alliance forte avec les médias de manière concertée pour une diffusion efficace des questions de LBC/FT ; informer les médias sur les initiatives régionales de LBC/FT, en particulier sur le mandat du Giaba ; permettre aux journalistes formés d'améliorer leurs techniques de recherche et d'investigation ; promouvoir, au sein des médias, la culture d'enquête sur les pratiques de BC/FT et améliorer le réseau parmi les journalistes de la région pour renforcer la promotion d'une bonne diffusion de l'information sur les régimes de LBC/FT », ajoute Edwin W. Jr.
Il estime que « le crime organisé ne connaît pas de frontières et toutes les Nations doivent coopérer pleinement pour y faire face. Le Giaba ne peut à lui seul résoudre ces problèmes. Quels que soient les efforts que nous déployons au niveau régional, ils auront peu d'impact sans des engagements et des institutions nationales solides. Nous avons besoin du soutien des différents acteurs de la LBC/FT, en particulier de vous, les médias, pour mener à bien nos activités afin d'empêcher les criminels de porter atteinte à la stabilité et à l'intégrité de nos systèmes financiers et de l'économie en général ».
Pour rappel, cette session de formation en présentiel, la 6ème édition, fait suite à celles organisées en août 2022 à Assinie en Côte d’Ivoire, Accra au Ghana en février 2022, à Monrovia au Libéria en 2019, en 2017 à Saly au Sénégal et en 2012 à Praia à Cabo Verde.
IDRISSA AMINATA NIANG (Envoyé Spécial à Abuja)