Les bonnes perspectives de l’économie en 2024
Le Rapport Économique et Financier (REF) qui accompagne le projet de Loi de Finances initiale (LFI) a dessiné les contours de l'économie sénégalaise pour l’année 2O24. Une année marquée par la mise en place du Plan d'Actions Prioritaires (PAP III) et le démarrage de l'exploitation des ressources énergétiques qui selon les prévisions devraient ouvrir de nouvelles perspectives économiques à notre pays.
Le Rapport Économique et Financier (REF) est un document annuel d’analyse macroéconomique qui accompagne le projet de Loi de Finances initiale (LFI) 2024. Celui de cette année possède une double lecture. Le texte fait d’abord le bilan macroéconomique 2023-2024 avec la mise en exergue de la phase II du PSE (PAP2A) et atteint comme point d’achèvement la fin 2023.
Du fait des chocs exogènes (guerre russo ukrainien et le contexte sécuritaire régional compliqué), le Produit intérieur Brut (PIB) a connu une légère baisse de 4,2% en 2022 contre 6,5% en 2021. Ce ralentissement, d’après les experts du ministère des Finances et du Budget, est lié à la décélération de la production dans le secteur secondaire (+1,1%) et une baisse dans le primaire (-1,4%). Malgré tout, le déficit semble se revolver avec une baisse à 4,9% du PIB en 2023 contre une estimation de 6,1% en 2022, en raison d’un recouvrement des recettes et une meilleure maîtrise des dépenses.
Durant cette même année 2023, le secteur primaire semble tirer son épingle du jeu avec une hausse prévue de 5,7% en 2023 contre un repli de 1,4% en 2022. Le sous-secteur agricole constitue l’élément central du secteur primaire marqué par des performances dans la production arachidière en hausse de 7,1%, ainsi que du dynamisme de la culture de coton en graine (+89,5%) et de niébé (+175,9%).
Le secteur de la pêche souvent décrite en crise avec la raréfaction des ressources va connaître, selon les prévisions, une reprise d’activité avec une hausse de 2,3% en 2023 contre un recul de 4,9% en 2022.
Industries extractives et télécommunications en recul
Selon le document, l’une des seules contre-performances est à noter dans l’industrie extractive, notamment dans la production d’or. Les activités extractives ont connu un repli de 9,0% en 2023 par rapport à l’année précédente, en raison de la baisse projetée de la production de l’or et de recul de la demande mondiale. Sur le premier semestre de l’année 2023, la production d’or a reculé de 15,6%, en phase avec les productions de sables minéralisés (zircon) et de phosphates.
Dans le sous-secteur de l’électricité et du gaz, la consolidation de la production de l’électricité s’élève à ,5%, grâce à la vigueur de la demande locale. Les exportations d’électricité ont fortement augmenté sur cette période, notamment vers la Gambie.
Dans le secteur tertiaire, on a analysé une baisse du secteur tertiaire de 3,8% en 2023 contre 6,5% en 2022. Par ailleurs, les mesures restrictives sur l’internet et le transport urbain et maritime ont affecté le commerce, les télécommunications et le transport sur le premier semestre de 2023, peut- on lire dans le texte.
Au total sur l’année, l’activité du secteur tertiaire va progresser de 3,8% en 2023 contre 6,5% en 2022.
Le coup de boost « énergétique » attendu pour 2024
D’après toujours le document, le démarrage effectif de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières ainsi que le démarrage du troisième Plan d’actions prioritaires (PAP III) du PSE devrait ouvrir de larges perspectives de croissance et de réduction du déficit budgétaire pour l’économie sénégalaise pour l’année 2024.
Selon les responsables du ministère des Finances, cette bonne conjoncture économique devrait assurer un fort rebond du PIB projeté à 9,2% en 2024 contre une prévision de 4,1% en 2023. Cette croissance devrait largement être tirée par le secondaire (+20,6%) et, dans une moindre mesure, par les secteurs primaire (+4,8%) et tertiaire (+6,0%). Cette décélération du secteur primaire va aboutir à une baisse de la croissance de 5,7% en 2023, à plus 4,8 % en 2024.
De son côté, les activités du secteur secondaire pourraient connaître une certaine embellie avec la reprise de la croissance projetée dans les sous-secteurs du raffinage et de la fabrication de matériaux de construction. Par ailleurs, l’Etat du Sénégal compte aussi sur la montée en puissance des Agropoles et Plateformes industrielles intégrées dans la zone économique spéciale de Diamniadio pour renforcer davantage la production industrielle et les emplois.
Lutte contre le déficit et le surendettement de l’économie sénégalaise
En effet, l’activité de raffinage profiterait de la baisse attendue des cours du baril de 6,2% en 2024, en sus du redimensionnement de la Société africaine de raffinage (SAR) pour le traitement du pétrole brut de Sangomar et de l’augmentation des capacités de production de la société pour mieux répondre à la demande de carburant. Le sous-secteur est projeté en hausse de 9,4% après une hausse de plus de 80,8% estimée en 2023. Sur ce, la demande intérieure devrait se consolider autour de 10,3% en 2024 contre 3,7% en 2023.
L’Etat entend réduire progressivement le déficit budgétaire qui doit se stabiliser à 3% dès 2025. Cette réduction du déficit budgétaire devrait être facilitée, en plus du démarrage de l’exploitation des ressources d’hydrocarbures.
Concernant la question de la dette, l’Etat du Sénégal s’est dit engagé à réduire les vulnérabilités de la dette publique et à renforcer son cadre de gestion pour l’année 2023. Le recours aux financements concessionnels et au financement en FCFA sur le marché régional seront privilégiés. S’agissant du service de la dette publique extérieure en 2022, il s’est établi respectivement à 24,7% des recettes budgétaires.
L’encours de la dette publique totale a été chiffré à 11 782,8 milliards de FCFA en 2022 contre 10297 milliards de FCFA un an auparavant, soit une progression de 14,4% par rapport à 2021. Il a représenté 68,2% du PIB en 2022, soit en dessous de la norme de 70% retenue dans le cadre du pacte de convergence de l’UEMOA.
MAMADOU MAKHFOUSE NGOM