Des Lions en perpétuelle perte de vitesse
Lors du dernier classement Fifa, le Sénégal a reculé d'une place pour se retrouver au 19e rang mondial. En Afrique, les Lions talonnent toujours le Maroc. Même si ce recul paraît à priori moins flagrant, il est la traduction d'une équipe A qui ne cesse de perdre des couleurs depuis 2021, année du sacré continental. Des ténors vieillissants et des jeunes qui ont du mal à s'exprimer expliquent cette régression de la Tanière.
Sadio Mané à Liverpool, Kalidou Koulibaly à Naples et Édouard Mendy à Chelsea, le Sénégal avait au moins trois tops joueurs dans le gotha du football mondial. Mais ce moment paraît lointain. Les Lions, sous le coup de l'âge pour la plupart d’entre eux, n'ont plus assez de force pour faire prévaloir leur hégémonie en Afrique, d'abord. Ce trio enviable, il y a quatre à cinq ans, fait maintenant les beaux jours de la Saudi Pro League. À cela s'ajoutent des héritiers sans mordant, avec des épaules fragiles pour perpétuer le legs de la Tanière.
En effet, parmi les jeunes Lions, rares sont ceux qui ont les crocs assez solides, la prestance d'un chef charismatique pour mener à bien les parties de chasse. En défense, en dehors de Niakhaté parfois en proie aux blessures, c'est quasiment le néant. Mikayil Ngor Faye est encore un peu trop jeune pour être de ceux qui pourraient faire oublier KK. L'éclosion de nouveaux Koulibaly n'est pas forcément pour demain.
Toujours dans ce chantier défensif qui a pris un coup de vieux, le Sénégal n'a pas encore dégoté ce jeune gardien capable de contester l'hégémonie d'Édouard Mendy.
Sur les côtes, ayant pris sa retraite à l'âge de 31 ans, Youssouf Sabaly laisse derrière lui un couloir droit qui se souviendra longtemps de son occupant.
Une attaque mal-en-point
En attaque, le constat est qu’Ismaila Sarr, malgré les années, demeure toujours cet éternel espoir. L'ancien joueur de Watford notamment n'a jamais su s'imposer ni en club ni en équipe nationale. Ce manque de progression notoire a souvent conduit l'équipe sénégalaise à évoluer qu'avec un seul maître à jouer, Sadio Mané. Par exemple bien que le Sénégal ait atteint les huitièmes de finale de la dernière Coupe du Monde au Qatar, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'absence de l'ancien Red s'est ressentie durant tout le tournoi.
Derrière la génération dorée incarnée par le Nianthio, surtout en attaque, la relève escomptée tarde toujours à venir. Même si Ilimane Ndiaye semble être prédisposé à endosser cette responsabilité dans un avenir proche, cela peut être insuffisant. L'encadrement sénégalais doit aller vers des solutions de rechange afin d'éviter une Sadio Mané dépendance. Cependant, le premier chantier d'Aliou Cissé et de son staff, c'est de trouver cette formule qui permettrait de jouer sans SM10. Amara Diouf ? Hélas, nous ne sommes pas en Europe, plus précisément en Espagne.
Le milieu, l'arbre qui cache la forêt
Le seul semblant de satisfaction se trouve au milieu de terrain. Pape Matar Sarr du côté de Tottenham a su plus ou moins gagner sa place de titulaire. Avec les Spurs, 5e lors du dernier exercice en Premier League, il est l'un des rares Sénégalais évoluant encore au haut niveau. Toujours dans ce compartiment du jeu, son cadet Lamine Camara tient la baraque. Ce dernier sort d'une saison plus que correcte avec le FC Metz, même si la relégation messine en Ligue 2 va sans doute l'obliger à aller voir ailleurs. Et c’est là que le jeune Lion devra opérer le meilleur choix de carrière possible.
Si c'était à refaire, Moussa Wagué, n'aurait sans doute jamais signé au Barça en 2019. Cette erreur de casting a entraîné sa chute vertigineuse. Il évolue actuellement à Anórthosis Famagouste, en 1re division chypriote. Ilimane Ndiaye, même s'il a réussi à rectifier le tir assez rapidement, aurait pu entrer dans cette catégorie des joueurs qui se trompent de destination.
Donc, dans un premier temps, Camara doit éviter l'erreur de ses compatriotes. Toutefois, rester à Metz ne devrait pas être une option. Un club de Ligue 1 qui vise les places européennes (League Europa, Conférence League) pourrait l'accueillir, s'il ne change pas d'environnement en se rendant en Espagne ou en Angleterre.
Pour le bien de la Tanière, Lamine ne doit surtout pas se tromper, son choix doit être le plus judicieux possible.
Enfin, Gana Guèye, le seul leader de l'équipe qui semble encore sortir du lot vis-à-vis de ses “promotionnaires”, vient donner encore plus de crédit au milieu de terrain. L'ancien du Paris Saint-Germain a signé une magnifique fin de saison avec Everton, une performance qui lui a valu la prolongation d'une année de son contrat avec les Toffees.
MAMADOU DIOP