Publié le 23 Sep 2024 - 11:21
TATOUAGES ET PIERCINGS

L’essor d’une tendance controversée

 

Aujourd’hui, les tatouages et les piercings sont en vogue au Sénégal, en particulier à Dakar et sa banlieue. Beaucoup de jeunes se font tatouer ou percer le corps. Si pour certains c’est juste pour suivre la mode, pour d’autres, c’est bien plus que cela. Reportage.

 

Le tatouage et le piercing sont pratiqués dans beaucoup de pays et à diverses époques. Au Sénégal, ces dernières années, le tatouage est devenu populaire. Les jeunes, hommes et femmes, se font tatouer pratiquement sur toutes les parties de leur corps. Certains se font tatouer le nom de leur partenaire, de leurs parents, là où d’autres choisissent de dessiner sur leur peau des animaux, des fleurs et autres. Il en est de même pour les piercings. Aujourd’hui, on voit au Sénégal des femmes qui portent des piercings sur la langue, sur le nombril, sur les lèvres, sur les sourcils, sur le nez, etc.

Anna Sylva, de tout blanc vêtu, une jeune femme de 29 ans rencontrée à Thiaroye-sur-Mer, s’est fait tatouer, il y a quatre ans. D’ailleurs, c’est le nom de son partenaire qu’elle a joliment inscrit sur sa peau. "C'est le nom de mon mari que je me suis fait tatouer sur le bras et sur la poitrine. Ce, dit-elle,  pour lui faire plaisir et lui montrer combien je l’aime", confie-t-elle.  Un amour pour la vie, se dit-on. Car garder le nom d’un homme avec qui on est séparé peut être gênant. Mais disons que seul le présent compte. 

Si les femmes choisissent de dessiner le nom de leur mari sur la peau, certains hommes aussi, sans hésitation, font de même. Laye Sylla, un jeune ambulant,  porte fièrement le prénom de sa conjointe et celui de sa mère. "C’est le prénom de ma mère que je me suis fait tatouer sur mon poignet droit et celui de ma femme sur mon avant-bras gauche. Je l’ai fait pour me souvenir d’elles à chaque instant de ma vie. Le fait de voir tout le temps leurs prénoms me motive, me donne du courage et me permet de me battre pour réussir et les rendre heureuses", raconte ce jeune homme de 31 ans vêtu d’un t-shirt noir, une casquette sur la tête et un sac à dos plein d'articles en bandoulière. On l’a rencontré au marché hebdomadaire de Boune, appelé "marché samedi". Embouchant la même trompette, Demba Diop, un jeune divorcé de 34 ans, a aussi beaucoup de tatouages sur son corps. Sur ses deux bras, ses deux avant-bras, sur le dos de sa main droite, sur ses épaules, on y remarque des écritures, des images d’oiseaux et de fleurs.

À l’en croire, toutes les images et écritures sur sa peau ont une signification particulière. "Cette date que vous voyez sur mon poignet représente le premier jour où j'ai rencontré ma petite amie qui est devenue par la suite ma femme". Montrant une autre date avec le sourire aux lèvres, il soutient que celle-ci représente le jour de son mariage avec son ex-épouse. Malgré l’amour qu’il vouait à cette jeune fille, jusqu’à se faire tatouer son prénom, ils ont fini par se séparer, après trois ans de mariage et une petite fille en commun. Malheureusement pour lui, il continue toujours de porter ce vieux souvenir, car n’ayant pas assez de moyens pour enlever le tatouage ou disons qu’il n’est pas encore prêt à le voir disparaître.

Quand on se fait tatouer juste pour la tendance

 En effet, si certains savent la raison et la signification des graphismes et écrits qu’ils se font tatouer sur leur corps, d’autres, généralement des suivistes, ignorent complètement la signification de leurs tatouages. Ils s’adonnent à ces pratiques parce c’est à la mode à Dakar. C’est le cas de Neyla Ba, une étudiante sénégalo-congolaise vivant à Dakar depuis 2019. Portant deux dessins de fleurs, l’une sur sa poitrine et l’autre sur son bras, elle raconte qu’elle s’est fait tatouer parce sa copine l’a fait et qu’elle voit aussi  d’autres filles le faire. "Je ne sais pas ce que ça signifie, c’est juste des fleurs. J’ai vu certaines filles de Dakar se faire tatouer et ma copine aussi. Je l’ai trouvé magnifique et je me suis fait tatouer", raconte-t-elle, avant de souligner qu’elle avait payé 15 000 F CFA pour chaque graphisme. Rencontrée à Liberté 6 Extension, Neyla dit s'être tatouée en 2022.

En outre, il faut également souligner qu’il y a des tatouages qui se font à base d’aiguilles et d’autres à l’aide d’une machine électrique. Mademoiselle Ba dit s’être fait tatouer avec des aiguilles, affirmant que c’était une épreuve douloureuse. Mais Neyla soutient qu’elle a pu supporter malgré la douleur, car c’est son choix et elle l’avait assumé. Expliquant le processus du tatouage à l’aide d’aiguilles, elle raconte que le tatoueur fait bouillir les aiguilles dans une marmite, environ quinze minutes avant de les utiliser. À l’en croire, c’est à peu près dix aiguilles qu’il va attacher à l’aide de fils et qu’il va par la suite appliquer sur la partie à tatouer en y ajoutant de l’encre et d’autres substances.

Certains sont attirés par l’aspect esthétique du tatouage. Aïcha Mbengue, une jeune femme vendeuse en cosmétique, portant  un jean déchiré au niveau des cuisses, s’est fait tatouer au niveau du cou, sur les cuisses et sur la poitrine. "Je me suis fait tatouer, parce que c’est en vogue, c’est beau et c’est sexy. Quand on met des habits sexys, les tatouages nous rendent davantage sublimes et attirantes.  Et moi, j’aime mettre des vêtements décolletés pour mettre certaines parties de mon corps en valeur", soutient-elle dans un fou rire.

Parmi les personnes tatouées rencontrées, certaines avouent que leurs parents n’ont pas apprécié au début, mais ont fini par se conformer à leur choix. C’est le cas d’Anna Sylva. D’après elle, lorsqu’elle s’est fait tatouer, elle est allée rendre visite à ses parents, mais, dit-elle, ils n’ont pas apprécié son acte. "Mes parents n’étaient pas contents de mon tatouage, car ils estiment que ce n’est pas décent et qu’une personne issue d’une famille respectable ne doit pas faire cela. Je les comprends, mais le coup est déjà passé",  sourit-elle. Demba Diop a eu plus de chance. "Mes parents n’ont pas ce problème. Ils n’ont rien dit sur mon tatouage", raconte-t-il.

Conscients des risques du tatouage, certains jeunes font fi des dangers. "Je suis bien conscient que le tatouage peut donner le cancer, mais quand on aime quelque chose on devient aveugle et sourd", explique Neyla Ba. Pour sa part, Demba Diop estime qu’avec ou sans le tatouage, si Dieu dit qu'une personne sera atteinte du cancer, elle le sera. Quel fatalisme !  "Il y a beaucoup de personnes qui n'ont jamais fait le tatouage, mais qui sont atteintes du cancer", justifie-t-il.

"95 % de mes clients sont des femmes"

Pratiquant le métier de tatoueur depuis plus de cinq ans, formé sur le tard, Jil Sanka explique comment il est devenu tatoueur et comment il le pratique. Après avoir fréquenté un de ses amis qui faisait ce métier, raconte-t-il, ce dernier l’a inspiré et il a aussi commencé à en faire, car, poursuit-il, il était artiste et savait à la base dessiner. À ses débuts, soutient-il, il a commencé avec une machine artisanale que son ami lui avait offerte. Mais aujourd’hui le trentenaire utilise la machine électrique. Trouvé devant sa place avec ses amis au marché Zinc de Pikine, il soutient que la majeure partie de ses clients sont des femmes. "Ce sont les femmes qui se font tatouer le plus chez moi. Parmi mes clients, je peux dire que 95 % sont des femmes. Pour la plupart, elles se font tatouer le nom de leur partenaire", dit-il, avant de révéler qu’elles se font tatouer sur toutes les parties de leur corps mêmes les plus intimes. De même, fait-il savoir, certains souhaitent se faire tatouer des choses qui les ont marqués tels que les dates de décès de personnes proches, le nom d'un être cher,  des dates de mariage ou de naissance de leur premier enfant.

Ses clients proposent généralement leur propre graphisme qu’ils souhaitent mettre sur leur corps. Les autres "ne savent même pas la signification de ce qu'ils souhaitent faire. Ils me demandent juste de leur faire de beaux tatouages", dit-il.

Si dans les quartiers résidentiels de Dakar, le tatouage se fait à des prix exorbitants, dans la banlieue, il n’y a pas de prix fixe.  "Ici, les gens aiment le tatouage, mais ne veulent pas dépenser beaucoup d'argent.   Au moment où à Dakar il faut décaisser une importante somme d’argent pour se faire tatouer, en banlieue, les clients nous proposent des prix misérables", se désole le tatoueur. D’ailleurs, fait-il savoir, certains quittent Dakar pour venir se faire tatouer dans la banlieue, car c’est moins cher. "Ici, on fait le grain de beauté à 2 000 F CFA, alors que si c'est ailleurs, ça peut coûter jusqu'à 7 000 F CFA, voire plus. Pour le tatouage des sourcils, je le fais à 15 000 F CFA, alors que si c’est à Dakar, ça peut coûter jusqu’à 30 000 F CFA. Pour les noms, ça dépend du nombre de lettres, du caractère et de la taille", explique-t-il.

Dans la même veine, Jil Sanka soutient qu’après le tatouage, il n’y a pas de suivi. À l’en croire, il donne juste des consignes sur comment soigner la plaie pour éviter les infections. "Pour l’entretien, je demande aux clients d’appliquer le beurre de karité ou de l'huile sur la plaie, lorsqu'ils vont prendre une douche, pour éviter que l’eau pénètre. Mais aussi pour éviter des infections", explique-t-il, avant de préciser qu’il n’a jamais reçu de retour négatif sur son travail.

Piercings dans des parties sensibles du corps

De la même manière que les tatouages, les piercings prennent aussi de l’ampleur au Sénégal.  Si les hommes ne percent que leurs oreilles, les femmes, quant à elles, se font percer les lèvres, la langue, le nombril et d’autres parties de leur corps. Âgée de 25 ans, Noëlle Charline Épembia affirme avoir percé beaucoup de parties de son corps. "J’ai percé mon nombril, mon nez ainsi que le cartilage de mon oreille", partage-t-elle. D’après la jeune étudiante de Sacré-Cœur 3, les trois premiers piercings qu’elle avait faits au niveau des oreilles s’étaient bien déroulés, sans grand souci. Celui du cartilage, par exemple, dit-elle, était moins douloureux et plus facile à guérir. Mais,  soutient-elle, son piercing du nez avait pris environ une année pour se cicatriser. Malheureusement, regrette Noëlle, son piercing au nombril n’a pas tenu et est tombé en emportant un bout de sa peau. Pour les oreilles et le nez, elle dit avoir payé entre 5 000 et 15 F CFA au perceur. Son choix n’est pas guidé que par la mode. Les piercings ‘’habillent le corps d’une femme en particulier son visage’’, argue-t-elle.  Embouchant la même trompette, Fatou Thiombane, une jeune femme de 28 ans, porte aussi beaucoup de piercings sur le corps. "Le fait de percer mon corps et y mettre des bijoux me donne du plaisir. J’ai percé ma langue, mon nez, etc. C’est trop stylé et j’aime bien", raconte cette résidente des Parcelles-Assainies.

À en croire Mlle Thiombane, le piercing à la langue est plus douloureux. "Lorsque je me suis fait percer la langue, pendant presque deux semaines, je ne pouvais pas manger des aliments solides. Ma langue était enflée et j’avais du mal à avaler", a-t-elle narré.

Toutefois, il faut rappeler qu’il n’y a aucune loi réglementaire interdisant les tatouages et les piercings au Sénégal, bien qu’ils présentent des risques graves.

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PR. BOUBACAR AHY DIATTA, DERMATOLOGUE

"Le produit utilisé pour faire le tatouage pénètre dans le sang et peut provoquer le cancer"

Le phénomène des tatouages et des piercings prend de plus en plus d'ampleur au Sénégal, plus précisément dans la capitale et sa banlieue. Les gens se font tatouer et percer beaucoup de parties du corps. Dans cette interview accordée à "EnQuête", le professeur Boubacar Ahy Diatta, ancien interne des hôpitaux, dermatologue-allergologue et professeur titulaire des universités à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, soutient que le produit utilisé pour le tatouage pénètre dans le sang et peut provoquer le cancer. Concernant le piercing, il indique que le fait de percer certaines parties du corps peut entraîner un risque grave  vital, en cas d’infection et un risque fonctionnel avec la cicatrisation exagérée (chéloïde).

Quels sont les risques du tatouage ?

Les risques du tatouage sont essentiellement les eczémas de contact allergiques au colorant (le paraphénylènediamine ou PPD), les infections cutanées, la survenue rare de cancer cutané et la survenue de granulome cutanée.

En effet, le dernier risque cité se manifeste par l'apparition des boutons qui grattent à l’endroit où se trouve le tatouage. Le produit du tatouage va pénétrer dans le sang entier et peut provoquer le cancer. C’est un pigment qui se dépose sur le tissu cutané conférant ainsi la coloration pigmentaire du tatouage. En fonction de la composition de l’encre du tatouage, on peut s’attendre à des effets indésirables systémiques, puisqu’il n’a pas une législation stricte quant à son utilisation. Par contre, dans la composition, il peut avoir des excipients qui diffusent par voie sanguine exceptionnellement.

Le tatouage peut donc bel et bien constituer une lésion précancéreuse. Mais il y a plusieurs facteurs qui agissent en synergie avec ce facteur favorisant tels que la prédisposition génétique et le rayonnement ultraviolet.

 Quels conseils donneriez-vous à ceux qui s'adonnent à cette pratique ?

Quand on chasse le naturel, il revient au galop. La peau est un organe comme le cœur, le foie ou le rein. Du coup, ces cellules qui sont agressées à longueur de journée subissent des réparations physiologiques qui aboutissent à la mort cellulaire programmée qu’on appelle l’apoptose. Dès que ce processus est perdu, les possibilités de cancer deviennent inéluctables et, par conséquent, les personnes concernées s’exposent aux complications qui sont attendues dans de telles pratiques esthétiques. Les patients peuvent se rapprocher de leur dermatologue en cas de lésion inhabituelle sur le site du tatouage et ils doivent savoir qu’il y a des possibilités actuellement d’enlever les tatouages avec le laser, s’ils changent d’avis.

Des lasers sont utilisés pour enlever les tatouages. Est-ce qu'ils peuvent faire disparaître entièrement l'encre et les cicatrices ?

Oui, les lasers pigmentaires peuvent enlever les tatouages. Aujourd'hui, il y a eu beaucoup de progrès en dermatologie interventionnelle. Les personnes désirant enlever leurs tatouages peuvent suivre un traitement qui se fait par des séances allant de 100 à 150 euros par séance. Le nombre de séances n'est pas délimité, ça dépend du tatouage. Une évaluation sera faite après chaque séance.

D'ailleurs, aujourd'hui, beaucoup de patients, mais adultes consultent des dermatologues pour pouvoir effacer complètement leurs tatouages ou pour pouvoir changer de modèle.

 On voit également des personnes qui font du piercing dans beaucoup de parties de leur corps (nombrils, nez, langue, etc.). Cela a-t-il des conséquences ?

Les conséquences du piercing existent. Ce sont les infections de la peau, les chéloïdes cicatricielles et les allergies cutanées aux métaux. Tous les piercings de la tête sont risqués, sans exception, quel que soit le siège. Car s'il y a des infections, elles peuvent atteindre facilement le système nerveux central. La localisation du piercing au visage, ombilicale et génitale peut entraîner un risque grave  vital en cas d’infection et un risque fonctionnel avec la cicatrisation exagérée (chéloïde).

Que prévoit le droit contre les gens qui s'adonnent à de telles pratiques ?

 Il n'y a pas une restriction stricte, puisque c’est à visée esthétique chez des adultes majeurs et vaccinés. La sensibilisation et la prévention sur les risques sanitaires demeurent la conduite pratique. Il est possible de prendre des mesures législatives si les garants du droit pensent que c’est opportun d’abroger une loi qui pourrait réglementer le cadre juridique de la mise en œuvre.

TATOUAGES ET PIERCINGS

Ce qu’en disent l'islam et le christianisme

Est-ce que ces personnes qui se tatouent ou font des piercings savent ce que disent les deux religions pratiquées au Sénégal sur la question ? En tout cas, l'islam est strict : il interdit formellement ces pratiques. De son côté, l'Église bannit les tatouages et les piercings, s'ils sont faits pour se faire voir ou honorer d'autres dieux. Par contre, elle les bénit s'ils sont faits pour montrer son appartenance religieuse ou vivre sa foi, ses dévotions, ses convictions, etc.

La population sénégalaise compte 95 % de musulmans et 5 % de chrétiens. Ce qui veut dire que les dix-huit millions de Sénégalais sont des croyants. Cependant, malgré cela, certains Sénégalais se font tatouer le corps et font des piercings, qui sont des pratiques pourtant interdites par l'islam et le christianisme.

Selon Oustaz Alioune Sall, l'islam interdit le tatouage et le piercing ainsi que toute modification faite sur le corps. "Le Prophète a dit : 'Que la bénédiction d'Allah ne soit pas sur un homme ou une femme qui change la façon dont Dieu l'a créé.' L'islam veut que la personne reste naturelle, telle que Dieu l'a créé. L'islam interdit formellement les piercings du nez, du nombril, de la langue, aux lèvres et autres", a clarifié le prêcheur.

En effet, le phénomène du tatouage et du piercing prend de plus en plus de l'ampleur. On peut même dire que c'est la mode.  Oustaz Alioune Sall invite les jeunes à copier ou à imiter les bonnes pratiques et les bonnes personnes. "Quelqu'un qui a une idole, un modèle ou une référence ne doit pas imiter ou copier de mauvaises pratiques. Un musulman, sa référence doit être le Prophète Mouhamed (Saw). Quelles que soient les mutations sociales, il y a des choses qu'un bon musulman ne doit pas faire", a conseillé Oustaz Alioune Sall.

Même s'il y a des réserves, le christianisme interdit aussi les tatouages et les piercings. D'après abbé Jean-Marie Preira, il n'y a pas de loi formelle qui interdit le tatouage ou le piercing.

Cependant, soutient l'homme religieux, ‘’si on part de la Bible, qui est le dépôt de notre foi, la parole de Dieu, la Bible, dans son contexte, surtout dans l'Ancien Testament, considérait  les piercings et les tatouages comme des marques de perversion ou des fantaisies immorales". L'homme religieux de rappeler : "Nous pouvons lire dans le Lévitique chapitre 19, verset 28 : Dieu fait un commandement au peuple israélien en leur disant : ‘Vous n'imprimerez point de figure sur vous.’ Nous comprenons bien, en partant de ce verset biblique, du livre de Lévitique, que nous tous, qui sommes tentés de nous faire des tatouages, ce message nous est adressé, car notre corps est le temple de Dieu et le Saint-Esprit y habite".

En effet, explique-t-il, "Saint-Paul nous rappelle à quel point notre corps est sain et que nous ne  devons pas le rendre impur. Nous chrétiens, nous sommes invités tous à garder notre corps comme Dieu nous l'a attribué. Car il ne nous juge pas en fonction de notre apparence, mais plutôt par la beauté de notre cœur".

"Si le tatouage ou le piercing sert à se faire voir, honorer d'autres dieux, cet aspect est interdit"

Dans la même veine, l'homme d'Église a précisé que dans l'ancien temps, il y a des personnes qui se faisaient tatouer le corps pour rendre honneur ou en mémoire des morts. "Retenons aussi qu'il y a des catholiques pratiquants qui ont certains aspects importants de la vie, qu'ils veulent souligner en se tatouant de façon permanente et ces tatouages sont souvent liés à leur foi, parfois de façon aussi explicite. Nous voyons parfois un petit chapelet ou une petite croix  tatouée au niveau de la main, de l'avant-bras ou bien une représentation de la Vierge Marie.

Ces tatouages ne sont pas choisis arbitrairement, mais ont généralement une signification personnelle, mais aussi spirituelle, profonde pour la personne qui les reçoit", explique-t-il. À en croire abbé Jean-Marie Preira, les tatouages peuvent avoir de multiples significations. "Pour certains, dit-il, ils aident à vivre leur foi ; pour d'autres, ils  aident à se souvenir ou à mieux vivre leur croyance, leurs dévotions. Ces tatouages peuvent également aider à partager avec les autres sa foi, sa croyance, ses convictions", précise-t-il.

"Si on se fait tatouer pour honorer  Dieu, nos croyances, pour vivre nos convictions, cet aspect n'est pas interdit. Mais retenons bien que le corps est sacré, nous sommes faits à l'image et à la ressemblance de Dieu, étant donné aussi que ce corps est un lieu où réside une personne, une entité, une puissance de Saint-Esprit, nous devons veiller à bien traiter ce corps", lance-t-il. Aujourd'hui, regrette l'homme d'Église, les tatouages et les piercings sont largement utilisés pour exprimer sa personnalité. Par effet de mode  et le désir de mettre en valeur son corps, déplore-t-il, le phénomène prend de plus en plus de l'ampleur au Sénégal. "Si le tatouage ou le piercing sert à se faire voir, honorer d'autres dieux ou entités sataniques, cet aspect est interdit", fait-il savoir.

FATIMA ZAHRA DIALLO

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