Publié le 12 Mar 2025 - 14:05
INSULTEURS DE LA DIASPORA  

Des députés de Pastef demandent des conventions pour leur rapatriement

 

Profitant du passage de la ministre chargée des Affaires étrangères hier à l'Assemblée nationale, certains députés de Pastef ont demandé la peau des “insulteurs” de la diaspora. 

 

Les députés de Pastef veulent en finir avec les insultes contre leurs leaders. Parmi leurs cibles, il y a particulièrement les Sénégalais établis dans la diaspora et qui, de plus en plus, profèrent des insanités contre des dignitaires du régime actuel. Un nom a surtout plané dans l'enceinte de l'hémicycle. Il s'agit de Mollah Morgan, fervent défenseur de Pastef, devenu “ennemi” de beaucoup de militants. Sans le nommer, la députée Coumba Ndiaye accuse et invite les autorités à prendre leurs responsabilités.

“Il y a des Sénégalais qui passent leur temps à insulter nos responsables. Je pense que ce genre de convention doit être élargi pour prendre en charge le cas de ces insulteurs. Certains se réclamaient de Pastef, mais je pense qu'aujourd'hui, tout le monde sait qu'ils ne font pas partie de Pastef. Comme l'a toujours dit Ousmane Sonko, il n'y a pas d'insulteurs à Pastef. L'histoire lui a donné raison. Quelqu'un qui insulte la ministre de la Famille, quelqu'un qui insulte le ministre Abass Fall, notre président (de l'Assemblée nationale), il ne fait pas partie de nous”, lâche la députée de Pastef. 

Coumba Ndiaye est loin d'être seule à vouloir la peau de certains insulteurs tapis dans la diaspora. Saye Cissé a aussi formulé la même demande pour mettre un terme aux agissements des insulteurs. “C'est inacceptable de regarder ces gens continuer d'insulter nos responsables, des personnalités qui incarnent nos institutions”, s'est-elle exclamée. Elle interpelle la ministre des Affaires étrangères. “Je voudrais bien savoir ce que vous êtes prêts à faire pour les sanctionner ou les faire rapatrier au pays”.

A l'instar de Coumba Ndiaye, elle a plaidé pour une levée des obstacles qui protègent les insulteurs de la diaspora. 

En attendant la prise en charge de ces insulteurs, le régime continue de traquer ceux basés au Sénégal. Plusieurs de ses détracteurs, dont des soutiens de l'APR, ont déjà fait l'objet de poursuites devant la justice. L'un des derniers en date est l'activiste Ardo Gningue placé sous mandat de dépôt hier. Il sera jugé en flagrant délit demain. 

Si certains saluent une application rigoureuse de la loi qui réprouve ce genre de pratique, d'autres ne manquent pas à rappeler au parti au pouvoir son histoire, en tant que défenseurs de ceux-là qui passent leur temps à insulter sur la toile et dont certains n'épargnaient même pas les guides religieux.

Pour rappel, parmi les centaines de prisonniers sous l'ancien régime, beaucoup étaient poursuivis pour des faits presque similaires, avant de bénéficier de la loi d'amnistie. Ces détracteurs se demandent comment le régime, qui a décidé d'indemniser des insulteurs présumés, peut-il aujourd'hui s'ériger en censeur contre les insultes ? C'est le principal grief. 

CARTES DE SEJOUR, MAURITANIE, VISAS 

Les députés exigent la réciprocité

Les cartes de séjour et la situation des Sénégalais de la Mauritanie ont été au coeur des échanges, hier, à l'Assemblée nationale. Ils ont été nombreux, les députés, à s'insurger contre le traitement dégradant de ces compatriotes. “Ils sont parfois cueillis sur leur lieu de travail, dans la rue, envoyés en prison, avant d'être expulsés manu militari et jetés à la frontière. Certains sans un rond alors qu'ils doivent rentrer dans des contrées éloignées. Je pense que l'Etat doit agir et assister ces compatriotes”, se désole la députée Sonko. 

De l'avis des députés, il est temps que le Sénégal rende effective la politique de réciprocité pour appliquer aux pays partenaires les mêmes mesures qu'ils font subir aux Sénégalais. C'est le point de vue de Guy Marius Sagna. “C'est vrai, la Mauritanie est un Etat souverain et elle peut imposer les conditions qu'elle veut. Ma question c'est de savoir si nous demandons la carte de séjour aux ressortissants de la Mauritanie ou pas ? Si ce n'est pas le cas, il faut que la Mauritanie arrête. Si elle n'arrête pas parce que c'est un Etat souverain qui a le pouvoir de définir sa politique, on doit aussi leur exiger la même chose”, fulmine le chantre de la France Dégage.

Selon lui, c'est bien de privilégier la paix dans nos rapports avec les différents pays. Mais cela ne doit pas se faire au mépris de nos intérêts. 

Pour sa part, le député Tahirou Sarr, qui a le mérite d'être un des députés qui avaient commencé à poser ce débat, alors même qu'il n'y avait pas ces vagues de rapatriements, a saisi l'occasion pour interpeller la ministre. Et ne se focalise pas sur la Mauritanie. “Est-ce que c'est normal que des milliers de Gabonais vivent au Sénégal gratuitement, alors que les Sénégalais doivent payer des cartes de séjour au Gabon ? Est-ce normal que des milliers de Mauritaniens vivent au Sénégal gratuitement, alors que des Sénégalais doivent payer la carte de séjour en Mauritanie ? Est-ce normal que les Sénégalais paient la carte de séjour au Maroc, alors que des milliers de Marocains vivent ici gratuitement ? Est-ce normal que des milliers de Camerounais vivent au Sénégal gratuitement, alors que nous n'avons pas ce droit au Cameroun ? J'aurais pu en citer d'autres exemples”, plaide-t-il exigeant de l'Etat la révision de sa politique en la matière. 

Par ailleurs, la question des visas et du séjour des Sénégalais au Cap-Vert a aussi fait l'objet d'interpellations. Pour le Cap-Vert, Guy Marius Sagna a apostrophé la ministre sur une éventuelle obligation faite aux Sénégalais d'avoir 1 000 euros pour avoir le droit d'y séjourner. 

CARTES DE SEJOUR, VISAS, CAP-VERT

La ministre sans solutions 

Réagissant aux interpellations, la ministre a regretté la violation des droits des personnes expulsées, tout en assurant que des dispositions sont en train d'être prises pour prendre en charge cette problématique. Elle ajoute : “La Mauritanie s'est engagée à transmettre à notre gouvernement les modalités d'obtention des titres de séjour et de la carte de résidence pour nos compatriotes avant la fin du mois de mars. Je travaille avec mon homologue mauritanien sur la question.”

 A ceux qui évoquent l'application de la réciprocité à tous les pays, elle a fait savoir que des discussions sont en cours avec le ministère de l'Intérieur qui est compétent dans ce domaine. “Depuis janvier 2025, nous avons des discussions avec nos collègues du ministère de l'Intérieur pour revoir nos textes et les adapter aux réalités”, a-t-elle informé, soulignant l'obligation pour la partie mauritanienne de respecter les droits des personnes à expulser. 

Si elle a été très laconique sur la question, elle est largement revenue sur les visas. “Pour le visa, l'objectif de la suppression était de favoriser le tourisme. Je pense qu'il est temps de l'évaluer pour voir quels sont les avantages et inconvénients, voir si cela a favorisé le développement du terrorisme ou pas. Je ne pense pas qu'il y ait un rapport particulier entre l'institution du visa et le développement de ce secteur. Des pays qui ont le visa ne sont pas moins développés sur ce plan. Nous y travaillons”. 

MOR AMAR

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