L'APR revient à la charge

L'Alliance pour la République (APR) a présenté un "contre-rapport", en réponse au document intitulé ‘’Audit du rapport sur la situation des finances publiques : gestion de 2019 au 31 mars 2024’’ publié le 12 février 2025 par la Chambre des affaires budgétaires et financières (CABF) de la Cour des comptes (CC).
La polémique autour du rapport de la Cour des comptes refait surface. Le gong a retenti, place au deuxième round. Cette fois-ci, les ‘’apéristes’’, suite à une "instruction" de leur leader, l’ex-président Macky Sall, regagnent le ring avec toute l'armada nécessaire pour se défendre.
En effet, Amadou Mame Diop, Aissata Tall Sall, Sidiki Kaba, ainsi que des alliés comme Samba Sy et Alioune Ndoye, étaient présents pour défendre "l'honneur du chef".
D’emblée, Pape Malick Ndour, porte-parole du parti, s'attaque aux manquements qu'il a relevés dans le travail de la Cour des comptes, notamment sur la forme. “Le prétendu rapport a été élaboré et adopté par la seule CABF et non dans le cadre de l’Assemblée de toutes les Chambres réunies, conformément à l’article 19 de la loi organique sur la Cour des comptes, qui stipule que la cour siège en Assemblée des Chambres réunies pour adopter le texte du rapport public général annuel, le rapport sur le projet de loi de règlement et la déclaration générale de conformité, entre autres”.
Monsieur Ndour précise également que des informations crédibles confirment une procédure d’audit viciée et tendancieuse, tant au niveau de l’Inspection générale des finances que de la CC, dans le seul but de jeter le discrédit sur la gestion de 2019 à 2024. Il affirme qu’au sein même de la CC, “un malaise s’est installé sur les conditions d’élaboration du prétendu rapport, qui violent les dispositions légales et vont dans le sens d’une grossière manipulation”.
Proposition d'une commission d'enquête parlementaire
Cependant, cette situation est loin d’être irréversible. L’APR propose la création d’une commission d’enquête parlementaire pour éclairer davantage la lanterne des Sénégalais et de leurs partenaires.
Selon l’APR, “cette enquête minutieuse devra particulièrement s’intéresser aux phases suivantes : la commande, la désignation des membres de la commission et des rapporteurs, la formulation des termes de référence, la validation du pré-rapport ainsi que la non-observation des principes de confidentialité et du contradictoire”.
Saisine du FMI par l'APR
Concernant le FMI, l'ancien ministre de la Jeunesse, Pape Malick Ndour, rassure le pouvoir actuel. Selon lui, cette démarche ne visait pas à nuire à l'État avec l'institution internationale. “Notre saisine du FMI n’avait nullement pour but de salir le gouvernement en place, mais visait plutôt à apporter des réponses rigoureuses, chiffrées et argumentées face à des accusations infondées. Notre objectif, en tant que républicains et patriotes, est de veiller à ce que le Sénégal ne soit pas pénalisé ni placé sous ajustement structurel sur la base de déclarations irresponsables des tenants du pouvoir".
Néanmoins, d'après l’’’apériste’’, interpeller le FMI a été bénéfique pour le parti. La première force de l'opposition se vante d'avoir attiré l'attention du Fonds monétaire international. “Les réponses claires, précises et étayées fournies par notre parti, ainsi que le sérieux de notre démarche auprès du FMI ont permis de démontrer que les accusations portées relevaient d’une simple manœuvre politicienne. Le sérieux de notre démarche a d’ailleurs été reconnu par le FMI, qui nous a répondu par courrier en date du 28 mars, accusant réception de notre correspondance et acceptant le principe d’une rencontre à fixer ultérieurement”.
Cependant, Pape Malick Ndour fustige les “pressions exercées actuellement contre le FMI” afin qu’il renonce à ses engagements envers les anciens dirigeants de l’État, une façon de faire qui “renseigne à suffisance sur l'état d'esprit” du pouvoir actuel.
Une justice instrumentalisée, selon l'APR
Enfin, le parti de Macky Sall est persuadé que le Pastef a perdu des plumes auprès de l'opinion avec la polémique autour du rapport. Pape Malick Ndour explique que cet état de fait pousse le gouvernement à se barricader derrière la justice. “Face à l’absence d’adhésion populaire aux conclusions du rapport controversé, le pouvoir semble désormais s’orienter vers une instrumentalisation de la justice. En témoigne un projet aussi fantaisiste que son porteur, visant à engager une procédure de mise en accusation du président Macky Sall, sur laquelle le parti reviendra ultérieurement”.
Le porte-parole du jour demeure convaincu que vouloir à tout prix salir l'ancien régime risque de produire un effet boomerang. “Cette tentative d’instrumentalisation du rapport de la Cour des comptes ne vise pas seulement à s’acharner contre le régime précédent. Elle porte également atteinte à la crédibilité de l’État, en s’en prenant injustement à ses serviteurs, les fonctionnaires, qui restent pourtant les garants de la continuité républicaine, au-delà des alternances politiques. Peine perdue, car nous ferons face et nous vaincrons”, déclare-t-il.
Dans la même veine, la nouvelle opposition appréhende ce climat inquiétant pour les anciens ministres du régime précédent. À ce propos, l'APR souhaite que la Cour des comptes monte au créneau pour donner sa version des faits. “Nous avons pris note de la saisine de la Division des investigations criminelles (Dic) par le Pool financier. À ce titre, nous interpellons la Cour des comptes afin qu’elle éclaire l’opinion publique sur la portée réelle et le contenu du référé transmis au ministère de la Justice, pour éviter toute tentative de manipulation ou de récupération politique des faits prétendument incriminés”.