Publié le 15 Mar 2024 - 12:23
ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

L’électorat de la diaspora au cœur de la bataille

 

La campagne électorale présidentielle sénégalaise en cours s'étend aux quatre coins du monde. La diaspora, qui a plus de 350 000 électeurs, selon la dernière mise à jour du fichier électoral, s'est engagée dans le processus démocratique. Le scrutin de 2019 avait été remporté par le candidat Macky Sall avec 52 % des suffrages exprimés.

 

La diaspora sénégalaise, forte de plusieurs milliers de membres répartis principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Afrique, joue un rôle de plus en plus crucial dans le paysage politique sénégalais. De Paris à Catalogne, en passant par Casablanca, les militants de l'opposition comme ceux du régime se mobilisent pour élire leur candidat respectif au soir du 24 mars 2024.

Face à ce contexte préélectoral très tendu au Sénégal, les communautés sénégalaises dispersées à travers l'Europe se mobilisent timidement pour exprimer leur voix et influencer le destin de leur nation d'origine.

Pour ce militant du parti dissous Pastef établi dans la commune de Lérida en Catalogne depuis 2006, il y a peu de manifestations politiques en Espagne. Toutefois, il reconnait qu’il y a des campagnes ou caravanes organisées dans certaines grandes villes. ‘’À Zaragoza (Saragosse), nous avons organisé un grand meeting le samedi 9 mars 2024. Cette rencontre a mobilisé des centaines de personnes’’, renseigne Moustapha Guèye.

Cette ville située à 320 km de la capitale (Madrid) a vu défiler des hommes et des femmes arpentant les rues. Sur les vidéos, on voit une procession vibrante de conviction et de détermination. Des militants marchent d'un pas résolu, vêtus d'habits aux couleurs éclatantes, reflétant les nuances de leur engagement politique. Leurs voix, mêlées, s'élèvent en chants de liberté, en slogans : ‘’Sonko moy Diomaye’’ (Sonko est Diomaye).

C’est le même constat en France, selon Tagouth Mané, expert en communication stratégique qui vit à Menton (Nice) sur la Côte d’Azur, près de la frontière italienne. ‘’Il n’y a pas vraiment de manifestations politiques ici, parce que les gens sont préoccupés par leurs activités professionnelles. La campagne se passe plutôt dans les grandes villes, à Paris et à Lyon. En Italie, il y a des matchs de football ou des thés débats organisés les week-ends. On ne sent pas vraiment la ferveur d’une campagne électorale. Les partis politiques sont absents de l’espace public’’, éclaire-t-il.

Pour le coordinateur de l’ex-Pastef en Espagne, Fodé Mané, cette passivité s’explique par un choix stratégique. La plupart des activités sont virtuelles et des visites de proximité. ‘’Nous avons sillonné beaucoup de villes avec le député Guy Marius Sagna au cours des derniers mois : débats, conférences, collectes de fonds. Nous sommes plus focalisés sur la campagne de proximité virtuelle’’.

Malgré son importance croissante, la diaspora sénégalaise est confrontée à plusieurs défis, notamment en ce qui concerne l'accès au vote. De nombreux membres de la communauté déplorent les obstacles bureaucratiques et logistiques qui entravent leur capacité à participer pleinement au processus électoral, comme le souligne Fodé Mané. ‘’Il y a 39 000 électeurs en Espagne. Mais jusqu’à présent, la distribution des cartes d’électeur ne s’est pas encore faite. Le consulat n’a pas encore déployé d'équipes ni créé de commissions itinérantes. Il y a 6 000 nouveaux inscrits qui n’ont pas encore reçu leurs cartes d’électeur. La distribution se fait qu’à Madrid, alors qu’il est jour J -10 du scrutin’’, déplore-t-il.

Au cours du dernier scrutin présidentiel dans le vieux continent, seules la Belgique et la France ont été gagnées par la coalition BBY, alors que l’Espagne, Italie et la Grande-Bretagne étaient tombées dans l’escarcelle de l’opposition.  Reste à savoir si la donne va changer ou se confirmer le 24 mars prochain.

BBY et l’ex-Pastef dominent la scène internationale. Les autres formations politiques peinent à avoir un ancrage, confie M. Mané. ‘’À part BBY et le parti dissous Pastef, il n’y a aucune formation politique active sur le terrain. Nous croisons rarement les militants de BBY, ils sont là, mais pas très présents sur le terrain’’.  

À quelques kilomètres des frontières ibériques, le rythme de la campagne est le même. Au Maroc, il n’y a presque pas d’activités politiques. Aussi bien ceux du régime comme ceux de l’opposition privilégient les visites de proximité à Casablanca comme à Rabat ou dans la première ville touristique Marrakech. Pour Ndèye Fatou Ndiaye, chargée de clientèle à Meknès et résidant à Fez depuis 2011, le début du ramadan pourrait expliquer cette léthargie. ‘’Il n’y a pas engouement pour cette année, contrairement à 2019. Le jeûne et peut-être le report et les différentes tensions liées au scrutin ont calmé les ardeurs des militants’’.

Pour rappel, le parti d’Ousmane Sonko, pour sa première participation, avait gagné l’élection présidentielle au royaume chérifien.

IBK avait battu campagne en Côte d’Ivoire, Gabon, Congo…

Bien avant que la date du scrutin soit fixée, les candidats à la présidentielle avaient déjà commencé à courtiser les voix des Sénégalais de l'étranger. Khalifa Sall, Pape Djibril Fall, Déthié Fall, Guy Marius Sagna, Abdourahmane Diouf ont fait des tournées en Europe et aux Etats-Unis.

Contrairement aux autres acteurs politiques comme feu Ibrahima Boubacar Keita du Mali qui s’était déplacé en pleine campagne en Côte d’Ivoire, au Gabon et au Congo pour convaincre l’électorat.

La diaspora sénégalaise est très présente dans le paysage politico-médiatique.

En effet, les fonds envoyés par les membres de la diaspora constituent une part importante de l'économie nationale et leur engagement politique peut influencer les résultats électoraux.

L’engagement passionné de certains Sénégalais dans la campagne électorale présidentielle de 2024 témoigne de leur attachement profond à leur patrie et de leur volonté de contribuer au développement et au progrès du Sénégal.

Amadou Camara Gueye

Section: 
VOITURE DES DÉPUTÉS À 54 MILLIONS F CFA : La fracture morale
VISITE DE SONKO À PÉKIN : Une diplomatie économique au service de la souveraineté
LIBÉRATION DES DÉTENUS, HAUTE COUR DE JUSTICE, LIBERTÉ DE LA PRESSE : Ces mesures fortes attendues par l'opposition républicaine
FIN DIALOGUE NATIONAL : Mi-figue mi-raisin
SITUATION PARTI SOCIALISTE : Les responsables de Dakar appellent à la réunification
JET PRIVÉ DU PM : Entre fantasmes et réalité
DIALOGUE NATIONAL AU SÉNÉGAL : Incertitudes autour du statut du chef de l’opposition
POURSUITE DES TRAVAUX DU PORT DE NDAYANE : Plus de 480 milliards F CFA  investis  en 2025
POUR LA LIBÉRATION DE MANSOUR FAYE : La Cojer départementale de Ndar  se mobilise
MANQUE D’EAU À NDIOSMONE-PALMARIN : Les populations marchent contre la Se’o
MACKY SALL DANS LA COURSE POUR L'ONU : Ambition personnelle ou défi diplomatique africain ?
APR ET GSB PRENNENT LE CONTRE-PIED DU POUVOIR : Le dialogue parallèle des opposants
SÉNÉGAL BINU BOKK : La nouvelle voie politique de Barthélemy Dias
SYSTÈME POLITIQUE : Le dialogue de la réconciliation 
FICHIER ÉLECTORAL : Les limites de l'inscription automatique 
Dialogue national/ PDS
DIALOGUE NATIONAL DU 28 MAI PROCHAIN : Taxawu Sénégal y sera, Gueum Sa Bopp encore indécis
GOUVERNANCE ET TRANSPARENCE PUBLIQUE : Le Forum civil exige plus d’inclusion et de redevabilité de l’État
KAYES SOUS LE FEU : L’alarmante recrudescence des attaques terroristes à la frontière du Sénégal
Pass-Pass et le dialogue